Le mardi 24 septembre, Elias d’Imzalène a été placé en garde à vue pour avoir appelé à « mener l’intifada dans Paris » lors d’une manifestation pro-palestinienne le 8 septembre dernier. (Source : Marianne)
La députée de « La France insoumise » (LFI), Ersilia Soudais, s’est rapidement rendue au commissariat parisien où le prédicateur islamiste Elias d’Imzalène, était retenu. Selon l’élue, si le fiché S, dont les liens avec le fondamentalisme islamique sont avérés, est visé, c’est en raison de sa religion, « parce qu’il est musulman ».
Que cherche à faire Ersilia Soudais ? Depuis son élection en juin 2022, cette question revient régulièrement, et la députée « insoumise » de Seine-et-Marne s’est encore une fois fait remarquer pour des positions des plus… controversées. Dans une vidéo publiée sur ses réseaux sociaux le mardi soir 24 septembre, qui a provoqué plus de réactions que de partages, l’élue du mouvement d’extrême gauche de Jean-Luc Mélenchon explique avoir exercé son « droit de visite » dans un commissariat parisien, où Elias d’Imzalène, également connu sous le nom d’El-Yes Zarely, a été placé en garde à vue plus tôt dans la soirée.
Le 8 septembre dernier, lors d’une manifestation parisienne organisée par le collectif « Urgence Palestine » dont il est l’animateur, le militant islamiste fiché S avait appelé à « l’intifada » – mot arabe que l’on peut traduire littéralement par « soulèvement » et qui est généralement utilisé pour exprimer une révolte contre un ennemi étranger, notamment dans le cadre du conflit israélo-palestinien. « Est-ce qu’on est prêts à mener l’intifada dans Paris ? Dans nos banlieues ? Dans nos quartiers ? », a ainsi lancé l’orateur au micro d’une tribune installée Place de la Nation.
« La voie de la libération… démarre de Paris », avait poursuivi Elias d’Imzalène devant une foule gonflée à bloc. Et d’ajouter : « Bientôt, Jérusalem sera libérée et nous pourrons prier au masjid al-Aqsa [N.D.L.R., une mosquée à Jérusalem]. » Dès le lendemain de cette intervention qui n’avait pas tardé à susciter la polémique, le ministère de l’Intérieur avait annoncé sa volonté de signaler au parquet de Paris ces propos pouvant être perçus comme un appel à l’insurrection.
Une enquête a été ouverte pour « provocation publique à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes en raison de leur origine, nation, race ou religion déterminée », provocation « à commettre des atteintes volontaires à la vie ou l’intégrité physique de la personne aggravée par l’origine ou la religion » et provocation « à commettre des crimes ou délits portant atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation », a précisé le parquet de Paris au journal « Le Point », ce mardi 24 septembre.
AU CŒUR DE L’ISLAM POLITIQUE
Si le militant Elias d’Imzalène est particulièrement présent dans les manifestations pro-palestiniennes de ces derniers mois, ce n’est pas la première fois qu’il se retrouve sous le feu des projecteurs. Fiché S, il tisse sa toile dans la galaxie de l’islam politique en France depuis des années. Il est le fondateur du site communautaire « Islam et Info », qui recense les actes anti-musulmans et se présente sur sa page Facebook, suivie par 525 000 personnes, comme « L’Info par le Musulman, pour le Musulman ».
Un temps proche des réseaux soraliens, Elias d’Imzalène a également fondé le collectif « Perspectives musulmanes » à la suite du vote de la loi confortant les principes de la République, dite « loi séparatisme », qu’il perçoit comme une loi anti-musulmans. C’est via cette association qu’il organise en août 2022 aux côtés des Indigènes de la République d’Houria Bouteldja – notamment connue pour son ouvrage Les Blancs les Juifs et nous – un rassemblement en soutien à l’imam marocain Hassan Iquioussen alors sous le coup d’une mesure d’expulsion.
Dans sa prise de parole pour défendre le prédicateur islamiste, le militant n’hésite pas à faire une comparaison entre la politique menée par le gouvernement et la France de Vichy : « S’il y a un véritable « grand remplacement », c’est celui des résistants par les collaborateurs. » Il considère notamment que la France mène « une politique d’apartheid, de ségrégation ethno-confessionnelle ». Selon l’écrivain laïque Naëm Bestandji, Elias d’Imzalène « appelle carrément les musulmans à faire sécession avec la République ».
Ce dernier s’oppose par ailleurs régulièrement aux lois relatives à la laïcité en France, telle que celle de 2004 instaurant l’interdiction du port de signes religieux ostentatoires à l’école, qualifiée « de loi islamophobe » et d’« attaque sur la visibilité des musulmans ». Dans le livre La Communauté des journalistes du Monde Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin, consacré au communautarisme à Trappes, on apprend aussi que, « lors d’une perquisition chez lui, la police a trouvé un exemplaire de Mein Kampf, le livre programme d’Adolf Hitler ».
« NOTRE FRÈRE DE LUTTE »
Qu’importe ? « Je tiens à lui expliquer tout mon soutien », a pourtant martelé l’insoumise Ersilia Soudais juste après sa visite à Elias d’Imzalène – celui-ci est par ailleurs toujours retenu dans un commissariat du 17e arrondissement. Et d’affirmer, visiblement très remontée, qu’elle « ne supporte pas le deux poids deux mesures » dont celui-ci ferait l’objet. C’est alors que commence une justification d’une malhonnêteté déconcertante. Le terme « intifada » aurait « été utilisé par d’autres personnes qui n’ont pas été inquiétées », selon l’élue de la République.
« Mais lui, parce qu’il est musulman, tout de suite il est, comment dire… suspecté (…) d’être un terroriste », tente de développer Ersilia Soudais. Avant de résumer, finalement convaincue par son syllogisme aux relents racistes : « Disons les choses clairement ». « À mon sens ce sont des soutiens du génocide israélien qui devraient être à l’heure actuelle en garde à vue », conclut la députée.
Sa publication est accompagnée d’une note explicative – jamais bon signe quant à la véracité d’un propos publié sur X – détaillant : « Il est bon de préciser pour quels propos Elias d’Imzalène a été arrêté. Il a déclaré vouloir « mener une intifada dans Paris », et est donc accusé d’appeler à la violence sur le territoire français. » Pas de quoi temporiser l’équipe d’Ersilia Soudais. Et pour cause : son nouveau « conseiller politique », l’ancien Gilet jaune Ritchy Thibault, est allé jusqu’à écrire sur X à son tour : « Soutien total à notre frère de lutte ».
Et de remercier sa députée d’être « toujours être là pour soutenir les camarades victimes de la répression ». Tant pis si le pedigree du « frère de lutte » en question est accessible en deux ou trois clics sur Internet… Avec des amis pareils, pas besoins d’ennemis ! Le jeune collaborateur embauché par le mouvement de Jean-Luc Mélenchon a réitéré son soutien ce mercredi 25 septembre en déclarant faire « le choix de l’intifada ».
La France insoumise défendrait-elle un appel à « mener l’intifada dans Paris » prononcé par celui que l’essayiste Naëm Bestandji, spécialiste de l’islam politique, qualifie de « néosalafiste » ? Pour l’heure, la députée élue en juin 2022 dans la 7e circonscription de Seine-et-Marne n’a reçu aucun soutien de collègues de son groupe parlementaire. Reste que nombre d’entre eux et notamment Thomas Portes, Louis Boyard et Rima Hassan, n’ont pas eu de mal à s’afficher aux côtés d’Elias d’Imzalène lors des rassemblements pour Gaza de ces derniers mois… Ou encore en participant à la « marche contre l’islamophobie » du 10 novembre 2019… manifestation qu’il coorganisait.