Samedi 26 octobre 2024, au Pan Piper, Paris a rendu un hommage émouvant à Nilda Fernández, disparu en 2019. La salle, pleine à craquer, a vécu une soirée comme l’artiste l’aurait aimé : sincère, drôle et pleine d’humanité.
N.B. : à la fin de cet article, retrouvez un album photos du NildaFest.
La soirée d’hommage à Nilda Fernandez qui s’est déroulé au Pan Piper (11e arrondissement de Paris – France) ce samedi 26 octobre 2024, ouvert par un chaleureux apero, a débuté avec la projection de « Les 25 heures non-stop. Songe d’une nuit d’hiver », un documentaire inédit réalisé par sa femme, Olga. Le film, composé d’images d’archives et de moments volés, revient sur un pari fou de Nilda : un festival-marathon de 24 heures, une sorte de rêve éveillé où artistes et public ne feraient plus qu’un. Olga décrit cette vision comme un « songe » et avoue : « Il l’a fait parce qu’il ne savait pas que c’était impossible » – une phrase de l’écrivain Mark Twain qui pourrait résumer la vie même de Nilda. La projection, vibrante d’authenticité, plonge alors la salle dans l’univers unique de l’artiste, entre passion, humour et intensité.
En guise de transition entre la partie « ciné-documentaire » et celle musicale, Maria Fernandez (fille de Nilda), et Eddie Alonso, son professeur de danse, ont ajouté une touche dansée en exécutant leur chorégraphie, respectivement sur « La Segnorita Del Abanico », texte de Federico García Lorca, accompagnés de la musique de Nilda Fernández, et « Bolero », de Ravel, inspirée de la chorégraphie de Maurice Béjart (de ce que nous a fait savoir notre rédacteur en chef, lui-même grand admirateur de Nilda, et également présent à cet événement-hommage).
Animée par Franck Inizan, la suite du spectacle s’est révélée être un véritable feu d’artifice. Des artistes de tous horizons se sont succédé sur scène, offrant chacun leur version touchante de l’œuvre de Nilda. Parmi eux, on retrouvait Patrizia Poli, Luis Rigou, Dominique Dimey, Nina Morato, Manon Dejacques, Maria Fernandez et bien d’autres. Manon Dejacques a interprété merveilleusement « Madrid Madrid », Nina Morato a revisité « Mes yeux dans ton regard » avec son énergie décalée caractéristique, tandis que Marc Fichel a chanté « Le Sud », un titre qu’il avait partagé avec Nilda lors d’un concert dans la salle parisienne bien connue « Divan du monde ». Vaslo a, quant à lui, livré une interprétation pleine d’émotion de « Nos fiançailles ».
La scène s’est enrichie des prestations du bassiste Gilles Coquard et des accordéonistes Marcel Loeffler et Alejandro Barcelona, ajoutant à la beauté de l’hommage. Entre les morceaux, lectures, témoignages, danses, éclats de rire et souvenirs intimes ont ponctué la soirée. Parmi eux, la mère de la chanteuse Manon, qui est grande productrice d’artistes et ancienne épouse du tout premier agent de Nilda, a livré un récit émouvant, soulignant l’impact profond que Nilda a eu sur les artistes et sur tous ceux qui l’ont côtoyé. Quelques artistes qui n’ont pas eu la chance de connaître Nilda de son vivant ont tout de même souhaité participer à cette soirée hommage, comme, par exemple, l’artiste russo-française, Katia Rybakova, elle-même fille d’une barde russe, et qui a, entre autres, à son actif le livre-cd pour enfants du collectif « Les lutins de la chanson », dont la présence permet de rappeler que Nilda Fernandez avait également la Russie dans le coeur et que ce pays le lui avait bien rendu par une notoriété réelle.
Dans cette ambiance électrique, le Pan Piper a battu au rythme des souvenirs et de la voix de Nilda, qui semble plus que jamais traverser le temps. Le public, suspendu aux mots et aux mélodies, a partagé dans une communion rare, mêlant nostalgie et émerveillement.
Le chanteur interprète est désormais immortalisé dans le 18e arrondissement de Paris, où une place porte son nom, comme cela a été annoncé en préambule à la série d’hommages qui se sont succédé.
Quelques lignes sur la vie et l’œuvre de Nilda Fernández…
Né Daniel Fernández à Barcelone le 27 octobre 1951, Nilda a grandi dans une famille andalouse ayant émigré en France alors qu’il n’avait que six ans. Ce double ancrage culturel a imprégné toute sa carrière, marquant ses chansons d’une authenticité rare. Il débute dans les années 80 sous son nom de naissance, mais choisit bientôt le prénom « Nilda » pour incarner un nouvel élan artistique. Avec son album éponyme de 1991, il est propulsé sur le devant de la scène grâce à des titres inoubliables comme « Nos fiançailles » et « Mes yeux dans ton regard », des chansons au ton intime et à la voix singulière qui lui valent une Victoire de la musique et le grand prix de l’Académie Charles-Cros.
Nilda Fernández n’a jamais laissé de frontières limiter son art. De l’Argentine, où il collabore avec Mercedes Sosa, à la Russie où il devient une figure emblématique grâce au chanteur Boris Moïsseïev, il a sillonné les mondes et les genres. En 1998, il réalise l’un de ses projets les plus singuliers en mettant en musique les poèmes de Federico García Lorca dans « Castelar 704 », entouré de musiciens de renom comme Tomatito et Mino Cinelu. Il explore également les classiques de la chanson française dans « Mes hommages » (1999), un album où il reprend des grands noms tels que Léo Ferré, Barbara et Michel Polnareff.
Artiste touche-à-tout, Nilda a aussi pris la plume pour raconter ses voyages et réflexions, comme dans « Ça repart pour un soliloque » (1995) et « Les Chants du monde » (2007). Il prête sa voix au théâtre et participe en 2009 à l’opéra-rock « Anne de Bretagne », incarnant le roi Ferdinand d’Aragon, prouvant une fois de plus son amour pour la scène.
Clara Höser
Photographies : Christian Estevez
N.B. : cliquer sur les photos pour les visualiser en format « plein écran ».















