Avancée dans l’affaire des « mains rouges » peintes sur le Mémorial de la Shoah, à Paris, avec la mise sous les verrous, ce 7 novembre, des trois bulgares identifiés comme exécutants de la détérioration.
Paris, le 7 novembre 2024 – Trois hommes de nationalité bulgare sont désormais écroués en France, soupçonnés d’avoir vandalisé le Mémorial de la Shoah à Paris (France) dans la nuit du 13 au 14 mai 2024. Les suspects auraient peint 35 « mains rouges » sur le « Mur des Justes », une section extérieure du mémorial dédiée aux personnes ayant sauvé des Juifs pendant la Deuxième Guerre mondiale. Ce symbole des « mains rouges » pourrait être lié au lynchage de soldats israéliens en 2000 à Ramallah, un acte qui a provoqué une onde de choc et de réprobation en France.
Extradition et inculpation des suspects
Le parquet de Paris a confirmé que les trois suspects ont été identifiés à l’aide des images de vidéosurveillance, de l’analyse de leurs communications téléphoniques, et des réservations d’hôtel et de vols. Le premier suspect, Nikolay Ivanov, a été remis à la France par les autorités croates et incarcéré dès août. Les deux autres suspects, Georgi Filipov et Kiril Milushev, ont été extradés respectivement les 18 et 22 octobre par la Bulgarie.
Georgi Filipov, né en 1989, a exprimé ses regrets dans une courte déclaration devant le juge d’instruction, reconnaissant les faits et affirmant qu’il avait agi sous l’influence de l’alcool, sans motif religieux. Quant à Kiril Milushev, son avocate, Me Camille di Tella, a souligné la sensibilité politique du dossier, estimant que ces « simples tags, bien qu’apposés sur un lieu symbolique, n’auraient normalement pas dû mener à une détention provisoire ».
Un acte aux motivations floues
Les autorités bulgares ont indiqué que les suspects étaient liés à des cercles d’extrême droite en Bulgarie, une piste qui demeure sous investigation mais qui n’a pas encore fourni de preuves concluantes sur les motivations exactes de l’acte. Selon des sources proches du dossier, une éventuelle ingérence étrangère a été évoquée, mais rien ne vient encore étayer cette hypothèse. Pour l’heure, le mobile reste incertain, même si les autorités ne négligent aucune piste dans ce dossier qualifié de « très sensible ».
Le Mémorial de la Shoah : un lieu chargé de mémoire
Inauguré en 2005 dans le quartier du Marais (historiquement le quartier juif de Paris) – ndlr), le Mémorial de la Shoah est le plus grand centre d’archives en Europe dédié à la mémoire de la Shoah. Le « Mur des Justes », sur lequel ont été peints les tags, honore les 3 900 personnes ayant risqué leur vie pour sauver des Juifs. Cet acte de vandalisme antisémite a particulièrement choqué l’opinion publique en France, un pays déjà confronté à une augmentation significative des actes antisémites ces dernières années. Le Mémorial, par un communiqué, s’est dit profondément choqué par cet acte, rappelant l’importance de lutter contre l’oubli et la haine.
L’incarcération de ces trois suspects marque une étape importante dans l’enquête, qui devra désormais faire toute la lumière sur cet acte de vandalisme. Le contexte géopolitique actuel et la montée des extrêmes en Europe interrogent et appellent une vigilance renouvelée face à la résurgence de l’antisémitisme.
Clara Höser