Guerre Russie-Ukraine : les Etats-Unis d’Amérique attisent la tension en autorisant Kiev à utiliser des missiles à longue portée en Russie

Washington a permis à l’Ukraine de cibler le territoire russe à l’aide de missiles longue portée fournis par les États-Unis d’Amérique, selon un responsable états-unien. Ce revirement stratégique intervient à quelques semaines de l’entrée en fonction de Donald Trump – qui souhaite mettre fin au conflit-, tandis que la Chine a lancé, ce lundi, un appel à l’“apaisement”.

L’autorisation donnée à Kiev par Joe Biden pour utiliser des missiles états-uniens à longue portée sur le territoire russe, est de nature à « jeter de l’huile sur le feu » dans le conflit en Ukraine, a déclaré, ce lundi 18 novembre, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Une autorisation de Washington à Kiev d’utiliser des missiles états-uniens à longue portée pour frapper la Russie « ne changera rien » à la conduite par Moscou de ses combats avec l’Ukraine, a prévenu, toujours ce lundi, un député russe. « Cela ne changera en rien le cours de l’opération, absolument en rien. Nous continuerons à remplir nos missions comme nous l’avons toujours fait », a déclaré à l’agence publique russe « Ria Novosti », Andreï Kartapolov, président de la commission défense de la chambre basse du parlement russe. « Ce facteur sera bien sûr pris en compte, mais les objectifs fixés par » Vladimir Putin en Ukraine « seront atteints », a-t-il poursuivi.

Les États-Unis d’Amérique ont donné leur feu vert à l’utilisation de missiles longue portée, avait déclaré dimanche à l’AFP un responsable, sous couvert d’anonymat. Le président du parti démocrate, Joe Biden, répond ainsi à une demande de longue date de Kiev, peu avant de quitter la Maison Blanche pour céder la place au républicain Donald Trump, critique envers l’aide états-unienne à l’Ukraine.

La Chine a réagi, ce lundi 18 novembre, en appelant à un cessez-le-feu rapide et à une solution politique. “Il est urgent d’encourager un apaisement de la situation aussi vite que possible”, a déclaré Lin Jian, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, lors d’une conférence de presse.

De son côté, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accueilli avec prudence cette annonce, se limitant à souligner que “ces armements parleront d’eux-mêmes.” Rappelant dans son discours du soir l’importance des capacités de longue portée de son armée, Volodymyr Zelensky a déclaré : “Aujourd’hui, de nombreux médias rapportent que nous avons reçu l’autorisation de prendre des mesures appropriées. Mais les frappes ne se font pas avec des mots. Ces choses-là ne s’annoncent pas. Les missiles parleront d’eux-mêmes.”

Ces missiles, capables de frapper à plusieurs centaines de kilomètres, permettraient à l’Ukraine de viser des infrastructures logistiques de l’armée russe ainsi que des bases aériennes utilisées par ses bombardiers. Selon le « New York Times », les missiles ATACMS fournis par les États-Unis d’Amérique seraient d’abord déployés dans la région frontalière russe de Koursk, où des soldats nord-coréens ont été envoyés en renfort des troupes russes.

La décision de Washington d’autoriser l’Ukraine à utiliser ces missiles intervient en réponse à ce déploiement nord-coréen, selon des responsables états-uniens anonymes.

Réactions internationales

Jusqu’à présent, plusieurs pays, notamment les États-Unis d’Amérique, avaient hésité à franchir ce cap, craignant une escalade avec Moscou. Vladimir Putin avait d’ailleurs averti qu’une telle décision équivaudrait à une déclaration de guerre de l’Otan à la Russie.

Cependant, cette décision pourrait inciter d’autres alliés à suivre. La Pologne, fidèle soutien de l’Ukraine, a salué cette initiative. “Face à l’entrée en guerre des troupes nord-coréennes et aux attaques massives de missiles russes, le président Biden a répondu avec un langage que Putin comprend”, a déclaré le ministre polonais des Affaires étrangères, Radoslaw Sikorski.

En revanche, le chancelier allemand Olaf Scholz reste opposé à la fourniture de missiles longue portée « Taurus », malgré les demandes insistantes de Kiev.

Implications stratégiques

Selon John Hardy, chercheur à la « Foundation for Defense of Democracies », autoriser l’Ukraine à cibler des sites prioritaires en Russie pourrait renforcer sa position dans d’éventuelles négociations, tout en incitant Moscou à accepter un moratoire sur les frappes contre les infrastructures énergétiques ukrainiennes.

Enjeux politiques aux États-Unis d’Amérique

L’annonce états-unienne coïncide avec l’une des plus importantes attaques russes contre l’Ukraine ces derniers mois. Elle intervient également alors que Joe Biden, sur le départ, tente d’accélérer l’aide militaire à Kiev.

Le président élu, Donald Trump, qui doit entrer en fonction le 20 janvier 2025, a vivement critiqué les milliards de dollars dépensés pour soutenir l’Ukraine. Il a même promis de mettre fin à la guerre “en un jour”, sans toutefois expliquer comment.

Cette incertitude inquiète Kiev, qui redoute un affaiblissement du soutien états-unien ou un accord de paix impliquant des concessions territoriales à la Russie. En réponse, Biden s’efforce de renforcer les mécanismes de soutien européen et de garantir que l’Otan prenne le relais de la coordination de l’aide militaire.

Financement

Il reste environ 9,2 milliards de dollars de l’enveloppe votée par le Congrès au printemps, dont 7,1 milliards proviennent des stocks d’armements états-uniens et 2,1 milliards seront utilisés pour financer de nouveaux contrats d’achat, selon le Pentagone.

Didier Maréchal

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