19 novembre : « Journée internationale de l’homme » – une « célébration » discrète mais nécessaire

Créée en 1999, la Journée internationale de l’homme, célébrée chaque 19 novembre, vise à reconnaître les défis spécifiques auxquels les hommes font face, tout en mettant en lumière leurs contributions positives à la société. Entre la volonté de promouvoir l’égalité et les débats sur sa légitimité, la célébration reste méconnue et parfois controversée.

Depuis 1999, le 19 novembre marque la « Journée internationale de l’homme » (JIH), un événement encore méconnu dans la majeure partie des pays du monde. Lancée par Jerome Teelucksingh, un historien de Trinité-et-Tobago (Caraïbes), cette journée poursuit des objectifs multiples : améliorer la santé mentale et physique des hommes, promouvoir des modèles masculins positifs, encourager l’égalité des sexes et remettre en question les stéréotypes de genre.

Pourquoi une Journée internationale de l’homme ?

La Journée internationale de l’homme rappelle naturellement la Journée internationale des droits des femmes, célébrée chaque 8 mars. Son but principal est d’ouvrir un dialogue sur des problématiques spécifiques aux hommes. Bien que certains estiment qu’un tel événement est inutile dans des sociétés patriarcales, les promoteurs de la JIH avancent plusieurs raisons justifiant son existence.

La santé masculine en priorité
Les hommes sont souvent moins enclins à chercher une aide médicale ou psychologique, ce qui a des répercussions directes sur leur santé. Des thèmes comme la prévention du suicide, les maladies cardiaques ou encore la lutte contre les addictions sont régulièrement abordés lors des célébrations. En 2024, par exemple, des conférences et des campagnes de sensibilisation ont mis en avant la nécessité de briser les tabous autour de la santé mentale des hommes.

Promouvoir des modèles masculins positifs
Dans une société où les représentations des hommes oscillent souvent entre le stéréotype du « macho » ou du « père absent », la JIH offre une opportunité de valoriser des hommes engagés dans des rôles bienveillants et responsables, que ce soit dans la sphère familiale ou professionnelle.

Des évènements dans le monde entier

Chaque année, de nombreux pays organisent des événements pour souligner les objectifs de cette journée. Parmi les activités fréquentes :

  • Conférences et débats sur des sujets comme la santé mentale, la parentalité et les modèles masculins.
  • Ateliers communautaires, visant à célébrer des figures masculines inspirantes.
  • Campagnes de communication pour déconstruire les stéréotypes liés à la masculinité.

En Australie, par exemple, des groupes de soutien se sont formés pour aider les pères à mieux gérer la coparentalité et à surmonter les défis de la séparation. En Inde, les célébrations se concentrent sur la lutte contre la violence domestique, dont les hommes sont, en réalité, majoritairement les hommes qui sont victimes selon les études non orientées par le biais idéologique, avec, au dernier rapport international de 2019, 53% des victimes de violences domestiques étant les hommes (du fait, particulièrement, des « atteintes à la dignité et à la violence psychologique). Ces initiatives montrent qu’il est possible d’aborder les défis masculins sans pour autant nuire à la cause de l’égalité des genres.

Une journée controversée

Si la JIH peut être une occasion de repenser la masculinité dans un cadre moderne, certains peuvent la critiquer pour des raisons idéologiques.

Des revendications mal perçues
Une partie des militants de la JIH se concentre sur les inégalités perçues qui désavantageraient les hommes, comme la réussite scolaire des filles ou les disparités en matière de garde d’enfants. Ces revendications sont parfois interprétées comme un rejet des avancées féministes.

Une appropriation par les mouvements « masculinistes« 
Dans certains pays, des groupes conservateurs ou « réactionnaires », tels que les Dads4Kids en Australie, utilisent la JIH pour défendre des positions opposées au mariage homosexuel ou à l’égalité des genres.

Un manque de reconnaissance officielle
Contrairement au 8 mars, largement reconnu par l’ONU, le 19 novembre reste méconnu et peu médiatisé. Une étude « Harris Interactive » de 2020 a révélé que 81 % des hommes en France ignoraient l’existence de cette journée. Ce déficit de visibilité limite son impact, même si des entreprises comme « Gillette » ont tenté d’utiliser cette date pour questionner les stéréotypes de genre à travers des campagnes publicitaires.

Un appel à l’union plutôt qu’à la division

Pour certains observateurs, la « Journée internationale de l’homme » pourrait évoluer en une Journée de l’égalité des genres, rassemblant hommes et femmes dans une démarche commune. L’objectif serait de dépasser les oppositions et de travailler ensemble pour déconstruire les préoccupations liées au genre.

Comme le souligne Julien Gravelle dans son ouvrage « Nos renoncements : réflexion sur la masculinité et la violence« , « il y a quelque chose à défaire dans la manière dont nous sommes éduqués depuis des siècles. Ce travail ne concerne pas seulement les hommes, mais toute la société. »

Vers une masculinité plus « inclusive » ?

Au-delà des controverses, la Journée internationale de l’homme offre une opportunité de réflexion. Les questions soulevées, allant de la santé mentale à la masculinité toxique, méritent l’attention. Cependant, pour avoir un véritable impact, cette célébration devra s’affranchir des appropriations idéologiques et proposer des actions concrètes en faveur de l’égalité et du bien-être.

Clara Höser

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