Lors du procès des viols de Mazan, où 51 accusés sont jugés pour des faits d’une gravité extrême, le ministère public a requis des peines allant de 4 à 20 ans de réclusion criminelle. Le verdict est attendu au plus tard le 20 décembre prochain.
Le procès des viols de Mazan, jugé devant la cour criminelle du Vaucluse, à Avignon, touche à une phase décisive. Des peines de 4 à 20 ans de prison ont été demandées contre les 51 accusés, d’âges, d’origines et de milieux différents. Parmi eux, Dominique Pelicot est décrit comme le «chef d’orchestre » de ces crimes sexuels perpétrés sur son épouse, Gisèle Pelicot, pendant près d’une décennie.
Des réquisitions lourdes et exemplaires
Dominique Pelicot, principal accusé, encourt la peine maximale de 20 ans de réclusion criminelle. Selon le parquet, il droguait son épouse aux anxiolytiques pour la livrer à des inconnus, recrutés sur Internet, afin qu’ils abusent d’elle à son domicile conjugal. Parmi les « sbires », les réquisitions oscillent entre 10 et 18 ans pour la majorité des faits de viols aggravés. La peine la moins lourde (4 ans) concerne Joseph C., 69 ans, poursuivi pour atteinte sexuelle et non pour viol. Un autre accusé, Jean-Pierre M., jugé pour des faits similaires sur son épouse, encourt quant à lui 17 ans.
Ces réquisitions, portées par Laure Chabaud et Jean-François Mayet, dépassent la moyenne des condamnations pour viol en France, fixée à 11,1 ans de réclusion en 2022 selon le ministère de la Justice.
Justice pour la victime
Dans un réquisitoire solennel, l’avocate générale Laure Chabaud a réfuté les justifications avancées par certains accusés, qui ont affirmé ne pas avoir eu « l’intention de violer ». Elle a rappelé que de telles affirmations, qualifiées de « formules magiques », ne sauraient effacer leur responsabilité pénale. « Vous signifierez que le viol ordinaire ou accidentel n’existe pas », a ajouté Mme Chabaud. « Ce procès est une pierre à l’édifice que d’autres continueront à construire », a-t-elle conclu. Elle espère désormais que le verdict permettra d’offrir une forme de justice à la victime, ainsi qu’une prise de conscience collective.
En attente du verdict
Après les réquisitions, les plaidoiries des avocats des accusés s’ouvrent. Béatrice Zavarro, avocate de Dominique Pelicot, a été la première à plaider ce mercredi 27 novembre après-midi. Les autres avocats interviendront jusqu’au 13 décembre, selon un calendrier prévisionnel. Le verdict, très attendu, sera rendu au plus tard le 20 décembre. Il marquera, sans nul doute, un tournant dans l’histoire judiciaire française et le combat contre les violences sexuelles.
Clara Höser