L’euro recule lourdement face au dollar et à la livre sterling, sous l’effet des turbulences politiques en France et des incertitudes économiques en zone euro. L’usage de l’article 49.3 par Michel Barnier pour faire passer le budget de la Sécurité sociale a entraîné une motion de censure, accentuant la pression sur la monnaie unique.

L’euro continue de fléchir sur les marchés financiers. À 15h50 GMT lundi, la monnaie européenne reculait de 1 % face au dollar (à 1,0470 dollar) et de 0,16 % par rapport à la livre sterling (82,91 pence pour un euro). Cette chute reflète la crainte d’une déstabilisation politique en France, où le Premier ministre, Michel Barnier, a engagé sa responsabilité pour adopter sans vote le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS).

L’opposition, menée par « La France insoumise » (LFI) et le « Rassemblement national » (RN), a immédiatement déposé des motions de censure, plongeant le gouvernement dans l’incertitude. La présidente du RN, Marine Le Pen, a confirmé que ses députés soutiendront toutes les motions déposées, y compris celle de la gauche.

En amont de cette crise, Michel Barnier avait tenté de concilier les exigences du RN en renonçant à dérembourser certains médicaments en 2025, mais il a fait face à leur opposition sur la désindexation des retraites. Si le gouvernement venait à s’effondrer, cela pourrait entraîner des mesures d’austérité conséquentes, augmentant les craintes sur la croissance économique, selon Kathleen Brooks, analyste chez XTB.

D’autres facteurs pèsent sur l’euro, notamment le déficit public français, qui dépasse 6 % du PIB, et les perspectives de baisses de taux par la Banque centrale européenne en 2024. Parallèlement, le dollar bénéficie de déclarations protectionnistes du président élu Donald Trump, qui a menacé d’imposer des droits de douane « à 100 % » sur les pays des BRICS, accélérant ainsi la hausse du billet vert.

L’instabilité politique française et les tensions commerciales internationales renforcent la pression sur les marchés. Si une nouvelle élection donne le pouvoir au RN, les analystes doutent de leur capacité à réduire le déficit public. Pendant ce temps, la perspective de créations monétaires alternatives au dollar alimente l’incertitude mondiale, confirmant que l’équilibre économique global reste fragile.

Clara Höser