Ce samedi 30 novembre avait lieu la deuxième édition de « L’art en scène », au théâtre « Le République, à Paris (France), L’occasion de découvrir de jeunes talents français de divers arts comme la danse, la chanson, l’humour, sous le parrainage de l’artiste multidisciplinaire de grande renommée qu’est Smaïn.
30 novembre 2024, place de la République, à Paris (France). Il est 21h30 et, devant le théâtre « Le République » les spectateurs venus pour assister (et soutenir, pour une partie d’entre eux) les jeunes talents qui vont occuper la scène, pendant deux heures, de la deuxième édition de « L’art en scène » patientent devant des portes qui tardent à décider de s’ouvrir. Bien que ce soit l’heure prévu du début de la représentation, ils leur faudra encore attendre un peu à cause d’un « souci technique ». Affrontant les pics que leur envoie le temps très froid, leur courage sera pleinement récompensé par la chaleur réconfortante que leur procurera le spectacle qui dépassera les attentes de beaucoup… et l’horaire de tous…

Après avoir été accueillis par les organisateurs, Oirda Aïdouni et Cissé Dipocko présentant et expliquant ce qu’est « L’Art en scène », place au deux présentateurs de la soirée : Lion Scott, très connu comme animateur radio et de nombreux événements de la culture Hip-Hop/Rap, dont « Urban peace », au stade de France, et Eric Toussaint, qui se destine, quant à lui, à une carrière dans le cinéma. et à la montée sur la scène du parrain de cette deuxième édition, à savoir le (très) célèbre artiste français, Smaïn, qui se fit connaître de la France entière par ses sketchs à la devenue légendaire émission télévisée « Le petit théâtre de Bouvard », où il se produisait souvent avec « Les inconnus », avant de devenir acteur de cinéma et qui, comme il l’explique lui-même, pour qui ne le connaît pas, est « Le père de Jamel Debbouze et la mère de Bouder ».

C’est la jeune Eva qui ouvre le défilé de jeunes artistes. Un début en douceur, non seulement parce qu’elle est seule sur scène au piano, mais aussi par le choix de la mélodie et, enfin, parce que l’interprétation manque d’un « petit quelque chose », très probablement dû à un trop plein de tract car Eva, lorsqu’elle clôturera le spectacle par un autre morceau au piano, fera preuve d’une très bon niveau de maîtrise de son instrument. D’ailleurs, d’instrument, Eva en joue un autre (au moins pour cette soirée) et elle le montrera à deux autre reprises au sein d’un quatuor à cordes de trois violons et d’un violoncelle, avec trois autres jeunes musiciens – dont le seul garçon comme violoncelliste -, pour deux pièces classiques (dont, la seconde fois, un opus du compositeur autrichien Joseph Haydn) – passant après le deuxième rappeur lors de la première partie du spectacle -, qui furent de bonne tenue et qui font que, tout ce que nous regrettons, le concernant, c’est de ne pas pouvoir vous en donner les noms dans ce présent article. Et, pour en revenir à Eva, un conseil de professionnel bienveillant est de changer de coiffure, sans forcément les couper, mais faire de sorte que l’on puisse bien voir son visage qui est trop occulté par sa chevelure généreuse.


Suivant l’ouverture d’Eva, c’est un duo composé de Constantin au piano et de Jade à l’interprétation, qui se présente sur la scène du « République ». Il ne faut que quelques instants pour constater la virtuosité du pianiste (que nous reverrons, lui aussi, plus tard, muni d’un violon, non seulement lors de sa deuxième prestation avec Jade, mais également dans un duo « multi-instrumental »). Jade, elle, dans cette prestation de type un peu Jazz et beaucoup cabaret, ne chante pas, étant, cette fois, « actrice-récitante ». Cela offre l’opportunité d’un genre d’art de la scène supplémentaire à la soirée mais, toute l’élégance et même la bonne dose de sensualité de la jeune femme ne contrebalanceront pas, ici, hélas, le choix de l’anglais plutôt que du français, réduisant assez grandement l’intérêt car, bien que nous soyons à Paris, ce n’est pas pour autant que le public est capable de comprendre ce qui se dit. D’ailleurs nous avons ressenti un flottement dans l’implication du public à cause de ce choix de l’anglais, puisque, lors des quelques moments où chantait Jade, l’audience s’animait à nouveau, étant normalement conditionné, depuis presque soixante-dix ans, à consommer cette langue lorsqu’elle est chantée. Il était d’autant plus dommage que Jade ne chante pas lors de ce premier passage que, la seconde fois, elle a pu montrer qu’elle chante franchement bien et que sa voix est fort agréable à écouter, rendant, ainsi, la seconde interprétation du duo bien meilleur.

Arrive, ensuite, le premier des trois rappeurs de la soirée ayant pour nom de scène « Skovrann » interpétant « Luc ». Texte intéressant, « flow » prometteur. Skovrann est aussi celui que nous avons préféré des trois interprètes de rap. Préférence pleinement confirmé après son second passage, puisque, passant pénultième de cette soirée, nous avons pu avoir un avis complet sur les deux autres rappeurs et que le second titre de Skovrann valait son premier. Il faut dire que celui-ci propose un rap dans la veine de celui que nous aimons depuis la fin de notre adolescence, lorsque nous découvrions, à l’époque, Mc Solaar et, dans une mesure un peu moindre, I AM.

C’est alors qu’arriva sur scène Lenny, l’un des deux « artistes » que nous n’avons pas du tout apprécié (au point que vous constater la mise de guillemets au qualificatif d’artiste). Avec Lenny et sa « Pop US » – comme il est indiqué sur la liste qui nous a été fournie après la représentation – c’est même le grand creux de la vague que nous avons connu. Texte très pauvre d’une chanson d’amourette à deux balles, servi sur une « musique » pas plus riche, il faut, en plus, que Lenny soit très approximatif, autant dans sa gestuelle que dans son positionnement sur les planches ! Lenny a donc encore énormément de boulot qui l’attend et reste à espérer qu’il ne perdra pas celui-ci à écouter ses groupies qui ne cessent de glousser pour rien (car, le plus triste est que c’est lui qui a suscité le plus de ferveur dans le public). Et, entendant déjà, d’ici, les « âmes bien pensantes » s’indigner de l’avis que nous donnons, nous rappelons que, d’une part, nous ne leur interdisons pas d’aimer ce que fait Lenny mais que, puisque, justement, « chacun ses goûts », nous indiquons les nôtres, sinon, à quoi sert un critique artistique, si c’est pour acquiescer dans le sens des troupeaux de « bénis-oui-oui » de la « bienveillance moderne » , et que, d’autre part, nous avons vu, en plusieurs décennies passer assez de chanteur des mêmes genre et style – dont un certain nombre avait plus de talent – et qu’aucun de tous ceux-là n’a fait de carrière d’un autre niveau que celui du protagoniste de la célèbre chanson de Charles Aznavour « Je m’voyais déjà ».

Vinrent ensuite Adèle et Charlotte, un duo de danseuses du cours de danse, non pas de claquettes, à proprement parlé – comme ce qui fut indiqué -, mais de Cieli (à prononcer « kéy-li »), danse traditionnelle irlandaise du XVIIIe siècle ayant des similitudes avec la gigue, également d’origine irlandaise, et que les immigrants irlandais à New York fusionnèrent avec le « shuffle » des esclaves noir pour donner naissance au « buck and wing »… Qui fut, lui, l’ancêtre desdites claquettes, et qui fut particulièrement popularisé en France par Jean-Jacques Goldman avec sa chanson « Et on y peut rien », l’un des titres de son septième denier album studio, en 2001, « Chansons pour les pieds ». Mais, pour en revenir à la prestation de Charlotte et Adèle, c’est sur le titre « Smooth criminal » de Michael Jackson qu’elles ont réalisé leur première chorégraphie, ce qui est déjà agir en professionnelles puisque sachant s’assurer, de fait, l’adhésion du public sans avoir besoin d’avoir un véritable bon niveau de danse (le leur étant tout de même d’un bon niveau). D’ailleurs, le numéro est « honnête » mais loin d’être transcendant, proposant une exécution de bien meilleure qualité lors de leur passage dans la seconde partie du spectacle. Mais, étant, depuis notre enfance, un grand amateur de danses de ce type (nos gènes nous faisant vibrer jusqu’à l’âme pour le « zapateado » du flamenco), nous sommes très exigeant sur la qualité de prestations de ces danses, et il se peut que nous soyons un peu trop dur sur le niveau de ces deux danseuses. Reste que, de ce que nous avons pu voir, nous ne sommes pas sûr qu’il reste une grande marge de progression, à moins d’un « état de grâce » soudain, un de ces jours.

S’ensuivit le premier numéro d’humour avec Claire, proposant, visiblement, l’incipit de son spectacle de « stand up ». Contrairement à l’autre jeune humoriste qui se produisait un peu plus tard, Claire serait à classer dans l’« humour sérieux ». Elle a, bien sûr, quelques sorties à but strictement comique dans cette première prestation, mais, particulièrement son second passage dans lequel elle a proposé l’un de ses poèmes, qui constituent une grande part de son spectacle, montre qu’il y a un univers plus proche de celui des premières années d’une Blanche Gardin, mais allant plus encore vers la sensibilité à fleur de peau d’une écorchée vive qui sort ses textes comme des cris de douleur et d’appels au secours. Cet humour très « particulier » dérange, inévitablement, certaines personnes et il n’est donc pas surprenant qu’un spectateur en particulier, ai été ouvertement désagréable et hostile à son égard. Pour nous, l’univers de Claire est particulièrement intéressant et elle fait partie des jeunes talents de cette soirée que nous nous sommes promis de suivre de plus près.

Avec l’arrivé du chanteur Antho (pas celui de Toulouse qui fait du rap) nous atteignons le plus haut niveau de qualité du fait d’une voix extraordinaire, déjà très bien placée, et qui est vraiment bien faite pour le style de musique soul et de ses variantes dans le R&N, Hip Hop et même jazzy, qui sont, justement, les genres musicaux qu’Antho a mis à l’honneur en interprétant, d’abord, un titre du groupe Jamiroquaï (et oui, Jamaïque, à l’instar de Sade, est un groupe, et le chanteur est Jay Kay), puis de la chanteuse britannique Jorja Smith. Il est évident que nous reparlerons, à l’avenir, d’Antho, dans un prochain article, car il est notre coup de cœur artistique N°1 de cette soirée où étaient pourtant présents plusieurs autres jeunes de talent de, déjà, très bon niveau. Tout ce que nous attendons, à présent, de plus, d’Antho, c’est un répertoire personnel – et avec quelques titres en français, tant qu’à faire.

Revint alors la musique rap en la personne de Neja. Autant dire que ce fut, pour nous, une redescente sur terre violente que d’entendre un rap de petite variété qui, de fait, est très mal digéré par nos oreilles. Pour ce qui est de ses qualités de rappeur, étant donné que c’est un rap que nous ne goûtons pas du tout, il est inutile d’en dire plus ici, tant sur son premier que son second passage, car nous finirions exclusivement dans la subjectivité. Un bon point, tout de même, à noter : la prestation scénique de Neja est de bon niveau et, étant un rap qui plait à un certain nombre, cela rend ses passages sur la scène du « République », tout à fait acceptable.

Arriva le deuxième moment d’humour avec le encore bien jeune mais déjà bien rôdé Elia et son sketch « Manque de confiance ». Elia, tant pour ce passage que pour le suivant, durant la seconde partie de la soirée, c’est la tchatche, de la gouaille dans le sens de l’insolence qui n’a pas froid aux yeux, d’être très très à l’aise, avec déjà un bon degré de repartie. Bref, un tout autre genre d’humoriste que celui de Claire sans que l’un ne fasse de l’ombre à l’autre car à l’intention, chacun, d’un public différent, même si celui d’Elia pourrait être qualifié de « plus facile », mais sans la péjorative qui se colle à cette définition.

Pris la suite, NI2S et son numéro de « beatbox » intitulé « You remember that » – « Tu te souviens de cela », en français), sorte de compilation de morceau musicaux très célèbres interprétés exclusivement avec sa bouche (ce que l’on appelle, justement, le « beatbox »). De quoi animer et bien faire bouger le public dans cette salle du « République ». Salle qui s’anima encore plus lors du second passage de NI2S puisque, cette fois, il fut accompagné de Constantin qui avait troqué son piano pour son violon (comme nous l’avions indiqué dans notre paragraphe sur son duo avec Jade), mais toujours avec la même virtuosité et, qui plus est, de l’humour, dans un savoureux mélange de morceaux modernes interprétés par NI2S, toujours en « beatbox » et de musique klezmer (tradition musicale instrumentale des Juifs ashkénazes – Europe Centrale & de l’Est – qui, lorsqu’elle est chantée, l’est en yiddish, langue des juifs d’Europe proche de l’Allemand) particulièrement festive et entraînante.


Ce fut, ensuite, le tour du troisième rappeur de la soirée en la personne de Sekel, proposant un rap plus intéressant à nos yeux (et surtout à nos oreilles) que le précédent, mais auquel nous avons préféré Skovrann, comme indiqué plus haut. Néanmoins, Sekel propose un rap français avec des textes construits et une certaine profondeur, qu’il s’agisse de « Humeur impeccable », lors de ce premier passage, ou de « Entier scène », durant la partie suivante de la soirée.

Pour clore la première partie de ce spectacle de variétés le public fut bien enjaillé par le chanteur Diomède et son morceau d’ Afro/Hip-hop. Beaucoup d’énergie, de cœur et de même de « positivité », chez cet interprète, comme le fait bien comprendre le titre de sa seconde chanson « positive attitude gourmandise », à laquelle nous avons, tout de même préférer la première.

En conclusion, nous pouvons dire que, comme tout à chacun, dans cette salle du « République », ce 30 novembre, nous sommes sorti très satisfait de cette bonne soirée de spectacle de variétés que fut la deuxième (en espérant bien qu’elle ne soit pas la « seconde » – puisque « seconde » s’employant uniquement lorsqu’il n’y a pas de « troisième ») édition de « L’Art en scène » qui nous a permis de découvrir ces jeunes talents franciliens dont nous avons déjà prévu de suivre de bien près certains.

Alors, pour qui n’a pas eu la chance d’assister à l’édition 2024, nous conseillons de guetter les annonces de celle de l’année prochaine afin, assuré que nous sommes que le cru 2025 sera, lui également, aussi agréable à voir et écouter. D’ailleurs, nous espérons bien, nous-même, être présent l’année prochaine, autant pour le plaisir que nous aurons, assurément, et le retour et partage que nous pourrons vous en faire par un nouvel article.
Christian Estevez
Photos : Sean Cackoski
Ci-dessous, album photos de « L’art en scène » – édition 2024
N.B. : Cliquer sur les photos pour les voir individuellement en format « plein écran ».
























































































