Aujourd’hui, vendredi 13 décembre 2024, Emmanuel Macron a nommé François Bayrou, soutien de longue date en 2017, au poste de Premier ministre. Président du MoDem et maire de Pau, François Bayrou, qui a également été candidat à l’élection présidentielle à trois reprises, se retrouve aujourd’hui face à un défi de taille. Il devra naviguer dans un contexte politique complexe qui mettra ses convictions à l’épreuve.

Après plusieurs jours d’hésitations et de négociations, l’Élysée a annoncé la nomination de François Bayrou comme successeur de Michel Barnier. Sa mission : constituer un gouvernement stable dans une période particulièrement délicate.

Cette annonce survient neuf jours après la censure de Michel Barnier, renversé par un vote des députés à l’Assemblée nationale le 4 décembre dernier. Le président Macron, qui avait fixé un délai de 48 heures pour choisir son nouveau Premier ministre, n’a pas respecté cette échéance et a donc mis plus de temps que prévu pour trancher.

Le nouveau chef du gouvernement se voit désormais confronté à une tâche ardue : la préparation du budget de l’État et de la sécurité sociale pour 2025. Si une loi spéciale permet de maintenir les crédits budgétaires pour les prochaines semaines, François Bayrou devra rapidement proposer de nouvelles lois de finances pour garantir le financement des services publics.

L’un des principaux défis pour Bayrou sera de rassembler une majorité de députés afin d’éviter l’utilisation de l’article 49.3 de la Constitution. Cet article permet d’adopter un texte sans vote, mais il engage la responsabilité du gouvernement. Une telle procédure permet aux oppositions de déposer une motion de censure, et si elle est adoptée, le Premier ministre serait renversé.

François Bayrou, une figure de proue du MoDem et fidèle allié d’Emmanuel Macron, a désormais la lourde tâche de succéder à Michel Barnier et de former rapidement un gouvernement. Son défi principal sera d’éviter que son gouvernement ne subisse le même sort que celui de son prédécesseur, renversé par une motion de censure. La question reste : parviendra-t-il à réunir les conditions nécessaires pour tenir son poste ? Quelles alliances sera-t-il en mesure de nouer, et sur quel programme ? Sa nomination, certes significative, soulève plus de questions que de réponses. Pour François Bayrou, le plus difficile reste à venir.

Les derniers jours ont été particulièrement tumultueux pour Emmanuel Macron, qui a dû multiplier les consultations pour tenter de résoudre la crise politique. Le président a ainsi rencontré séparément les socialistes, les écologistes, les communistes et les représentants du « socle commun », avant d’organiser une réunion décisive le 10 décembre. Cette rencontre visait à discuter d’un accord de non-censure minimal, voire d’une coalition gouvernementale.

Toutefois, ces discussions n’ont pas permis de parvenir à un consensus. Chaque parti est reparti avec le sentiment d’avoir été celui qui tendait la main, tandis que nombreux ont refusé toute alliance avec leurs adversaires politiques.

L’été dernier, Emmanuel Macron avait mis 51 jours pour nommer un nouveau Premier ministre, mais Michel Barnier n’a pas réussi à maintenir son poste jusqu’à l’hiver. La nomination de François Bayrou marque donc un tournant dans la gestion de la crise, mais l’avenir du gouvernement reste incertain.

Didier Maréchal