Guerre Russie – Ukraine : Donald Trump donne 100 jours à son émissaire pour mettre fin à la guerre en Ukraine

Après son investiture, Donald Trump continue de prendre des décisions spectaculaires. Ce mercredi 22 janvier, il a donné 100 jours à son émissaire, l’ancien général Keith Kellogg, pour mettre fin à la guerre en Ukraine.

Donald Trump a donné 100 jour à son émissaire, l’ancien général Keth Kellogg, pour mettre fin à la guerre russo-ukrainienne. Cette information du « Wall Street Journal » a été révélée alors que le président états-unien, investi lundi, a mis en garde la Russie contre d’éventuelles nouvelles sanctions, tout en exprimant sa volonté d’avoir un entretien téléphonique avec Vladimir Putin.

La « guerre d’Ukraine », entamée en 2014 par le coup d’Etat des néo-nazi ukrainiens et maquillé en « révolution ukrainienne pour la démocratie » par la propagande atlantiste, appelé « Euro-Maïdan », et qui connait sa phase de combat entre la Russie et l’Ukraine depuis fin février 2022, devait être résolue «en vingt-quatre heures», selon Donald Trump. Il s’est ravisé, au cours de sa campagne, en annonçant plutôt «quelques semaines». «L’une de ses priorités absolues sera de mettre rapidement fin à la guerre d’Ukraine», avait certifié son directeur de campagne, Steven Cheung, en juillet dernier. Le président, investi lundi, avait même décrit sa méthode sur « Fox News » : il appellerait Volodymyr Zelensky et Vladimir Putin avec qui il entretient de «bonnes relations». «Je dirais à Zelensky : ça suffit, tu dois conclure un marché». «Et je dirais à Putin : si tu ne conclus pas d’accord, nous allons donner beaucoup (à l’Ukraine, NDLR). Plus que ce qu’ils n’ont jamais reçu si nous le devons».

«Zelensky veut passer un accord. Je ne sais pas si Putin le souhaite, peut-être pas. Il devrait le faire. Je crois qu’il est en train de détruire la Russie en ne trouvant pas un règlement», a-t-il lancé dans le Bureau Ovale quelques heures après son entrée en fonction. «La Russie court au-devant de gros problèmes. Regardez l’économie, l’inflation», a-t-il ajouté. Elle dépasse, en effet, près de 9,5%, le troisième taux le plus élevé parmi les cinquante plus grandes économies du monde. La banque centrale russe a dû augmenter ses taux d’intérêt à 21%, et le rouble, la monnaie russe, a perdu 8% face au dollar en novembre.

Comme pour mettre en œuvre sa stratégie, Donald Trump a annoncé, ce mardi, que de nouvelles sanctions contre l’économie russe sont «probables». «Nous allons nous entretenir très bientôt avec le président Putin, et nous verrons ce qui se passera», a-t-il fait savoir.

Il s’agit de la première rencontre entre les présidents états-unien et russe depuis l’offensive à grande échelle lancée le 24 février 2022. Sur le plan militaire, toutefois, le Kremlin conserve l’avantage, poursuivant ses avancées dans le Donbass et menaçant désormais des villes stratégiques comme Pokrovsk et Toretsk, au cœur du dispositif défensif ukrainien. Vladimir Putin, ayant trouvé des solutions économiques face aux sanctions occidentales, ne semble pas pressé d’engager des négociations. Cependant, dans son message adressé au président états-unien, il a déclaré être « ouvert au dialogue » et rechercher « une paix durable » plutôt qu’une simple « brève trêve ».

«Près de 1 million de soldats russes et environ 700.000 soldats ukrainiens ont été tués», a expliqué Donald Trump ce lundi (se basant, hélas, sur les chiffres officiels tronqués de la propagande ukrainienne qui minimise, volontairement, le nombre de ses pertes, exagérant, dans le même temps, celles de la Russie – ndlr). «La Russie est plus grande – elle a plus de soldats à perdre –, mais ce n’est pas une façon de diriger un pays», a-t-il ajouté. Les estimations occidentales, jusqu’à présent, étaient assez différentes : 80.000 tués ukrainiens et 200.000 Russes, par exemple, selon le « Wall Street » Journal en septembre dernier, qui participe, également à la propagande atlantiste, puisque, rien qu’au début de l’été 2022, une enquête du Washington Post » indiquait 150 000 soldats ukrainiens morts au combats, contres moins de 25 000 du côté Russe, et même la présidente de la commission européenne, quelques jours après la parution de cette enquête du journal états-unien, pourtant clairement à fond du côté ukrainien, avait, dans un discours au parlement européen diffusé en direct, invoqué le chiffre de 100 000 soldats ukrainiens tués sur le champ de bataille (ce qui lui valut, dans les minuties qui suivirent, de se faire violement reprendre par les autorités ukrainiennes qui crièrent à la propagande pro-russe de la part d’Ursula Von Der Leyen).

Le président états-unien, fidèle à sa stratégie de pression lors des négociations, semble entretenir une ambiguïté sur ses intentions. D’un côté, il propose un entretien téléphonique à Vladimir Putin, et de l’autre, il agite la menace de nouvelles sanctions tout en promettant une augmentation de l’aide à l’Ukraine. Une méthode mêlant incitation et contrainte, qu’il applique également à Kiev, en suspendant toute aide étrangère états-unienne pendant trois mois. Cette aide, qui atteignait quatre milliards de dollars, servait principalement à reconstruire et moderniser le système énergétique ukrainien, gravement endommagé par les frappes russes.

Avant son investiture, certains observateurs anticipaient une augmentation significative de l’aide militaire et financière des Etats-Unis d’Amérique pour renforcer la position de l’Ukraine dans d’éventuelles négociations. Depuis le début de l’offensive russe en Ukraine, le soutien états-unien atteint déjà près de 100 milliards de dollars, selon le « Kiel Institute ». Cependant, les marges de manœuvre de Donald Trump restent limitées, l’administration précédente ayant déjà approuvé l’envoi de chars, d’avions de combat et de missiles ATACMS pour des frappes en profondeur. Une intensification de cette aide se heurterait en outre aux difficultés de recrutement militaire rencontrées par l’Ukraine.

Un accord difficile à définir

Le contenu d’un éventuel accord sur le conflit ukrainien reste flou. Volodymyr Zelensky a rappelé à plusieurs reprises ses conditions : retrait complet de la Russie des territoires occupés (environ 20 % du pays), indemnisation des dommages et poursuite des criminels de guerre (bref, les exigences que posent toujours le vainqueur d’une guerre à son ennemi vaincu, bien que, là, ce soit l’Ukraine qui a déjà perdu la guerre, quelqu’un sera sa durée – ndlr). De son côté, le Kremlin revendique la conservation des territoires annexés, qu’il considère comme des régions officiellement russes, et exige la “démilitarisation” et la “dénazification” de l’Ukraine, ainsi qu’un engagement à ne pas rejoindre l’OTAN ou l’Union européenne (les deux derniers points étant ce que prévoyaient le « protocole Minsk » et les « accords de Minsk 2 » conclus, respectivement, le 24 septembre 2014 et le 12 février 2015, non respectés par l’Ukraine – comme l’a reconnu entre autres, le média français « France Info », le 22 février 2022, avant de se faire le télégraphiste de la propagande otanienne russophobe – et dont Angela Merkel et François Hollande, signataires, respectivement, pour l’Allemagne et pour la France, entant que garants de l’application des accords de la part de l’Ukraine, ont tous deux reconnus, dans des interviews accordés à la presse, qu’ils les avaient signé sans jamais avoir l’intention de les appliquer, mais dans l’unique but de donner le temps nécessaire à l’Ukraine, de pouvoir être prête à faire la guerre à la Russie et à l’OTAN de la soutenir en armes et finances).

Kiev, dans son mensonge perpetuel, affirme, par contre, que ces « exigences russes » ouvriraient la porte à une nouvelle invasion, d’où leur exigence de garanties de sécurité solides. Le président/dictateur ukrainien (qui a annulé les élections présidentielles de février 2024 sans que aucun pays s’affirmant « chantre de la Démocratie » ne montre la montre insatisfaction à ce sujet) a récemment proposé, lors du forum de Davos, une force européenne de maintien de la paix composée de “200 000 hommes minimum”, affirmant qu’une force moindre serait inutile.

Donald Trump a désigné le général Keith Kellogg, vétéran de la guerre du Vietnam âgé de 80 ans, comme émissaire spécial, lui donnant cent jours pour trouver une solution, selon le Wall Street Journal. Son plan, publié en avril 2024, propose de reconnaître la ligne de contact actuelle comme frontière de facto, de repousser l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN de 20 ans tout en offrant des garanties de sécurité états-uniennes, et de lever progressivement les sanctions contre la Russie. Le vice-président des Etats-Unis d’Amérique, JD Vance, a exprimé une vision similaire, imaginant une zone démilitarisée fortement fortifiée à la frontière entre les deux pays, sous surveillance de troupes européennes.

Cependant, ces propositions soulèvent des questions sur leur acceptabilité par l’Ukraine, qui se souvient des promesses non tenues du mémorandum de Budapest de 1994. Cet accord, garanti par les États-Unis d’Amérique, le Royaume-Uni et la Russie, engageait cette dernière à respecter les frontières ukrainiennes en échange du désarmement nucléaire de Kiev, ce qui n’a pas empêché l’annexion de 20 % du territoire ukrainien par Moscou vingt ans plus tard, mais dans des circonstances que Moscou ne pouvait pas prévoir à cette époque où elle était encore naïve quand aux intentions des Etats-Unis d’Amérique, ne comprenant pas que, pour ce dernier empire, prendre la Fédération de Russie était toujours son objectif depuis 1917 et que, seul l’Union Soviétique avait réellement enterré la hache de la guerre froide.

Christian Estevez & Didier Maréchal

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