Le Danemark met fin à l’utilisation de tests psychologiques jugés inadaptés pour évaluer les compétences parentales des Groenlandais. Cette décision intervient dans un contexte de tensions croissantes entre Copenhague et son ancienne colonie, alors que les revendications indépendantistes du Groenland se renforcent.
Entre le Danemark et le Groenland, les relations restent souvent tendues. Utilisés par les municipalités danoises dans les cas de placement d’enfants, les test de « compétences parentales » déterminaient si un enfant devait être retiré à ses parents.
Sous la pression des indépendantistes groenlandais, renforcés par les ambitions affichées de Donald Trump pour le territoire, le gouvernement danois a annoncé, le 17 janvier, l’abandon de ces évaluations pour les parents d’origine groenlandaise. Les défenseurs des droits de l’homme dénonçaient ces tests comme étant « culturellement inadaptés » et discriminatoires, car ils étaient conduits en danois, une langue souvent secondaire pour les Groenlandais, et reposaient sur des critères occidentaux éloignés de leur culture.
Un cas marquant d’arbitraire
L’affaire Keira Alexandra Kronvold avait particulièrement ému l’opinion publique en novembre 2024. Après avoir accouché d’une fille en bonne santé à l’hôpital de Thisted, au Danemark, cette femme d’origine groenlandaise s’était vu retirer son nourrisson seulement deux heures après l’accouchement. Motif invoqué : un test la jugeant « insuffisamment civilisée ». L’enfant avait alors été confié à une famille d’accueil danoise.
Ces pratiques, critiquées dès 2022 par l’Institut danois des droits de l’homme, mettaient en lumière les biais culturels de ces évaluations, accusées de sous-estimer les capacités des parents groenlandais et de contribuer à des placements injustifiés.
Un geste tardif face à la montée des tensions
L’abandon de ces tests intervient dans un contexte politique délicat. Le Premier ministre groenlandais, Múte Egede, s’est montré cinglant lors d’un récent débat télévisé. « Le Groenland en a assez de devoir remercier Copenhague pour avoir été de bons maîtres coloniaux », a-t-il déclaré, ajoutant que le Danemark aurait pu éviter ce débat en se comportant mieux envers ses anciens sujets.
Ce climat tendu coïncide avec l’intérêt stratégique accru des États-Unis pour le Groenland. Donald Trump a récemment confirmé son ambition d’acquérir le territoire, qualifiant cette acquisition de « nécessité absolue ».
Si la fin des tests a été saluée par les défenseurs des droits humains, elle semble arriver trop tard pour calmer les revendications indépendantistes.
Clara Höser