Gaza : Pourquoi les pays arabes rejettent-ils la proposition de Donald Trump de déplacer les civils ?

Le président états-unien a suggéré le déplacement des Gazaouis en Égypte et en Jordanie, de manière « temporaire ou à long terme ». Une idée massivement rejetée par les pays arabes, qui y voient une menace pour la stabilité régionale et un risque de répétition de la « Nakba » de 1948.

Un projet controversé
« Ils pourraient vivre dans des zones beaucoup plus sûres et peut-être plus confortables. » C’est ainsi que Donald Trump a justifié, lundi 27 janvier, son projet de relocalisation des civils gazaouis hors de la bande de Gaza. Deux jours plus tôt, il avait déjà évoqué l’idée d’un transfert de population vers l’Égypte et la Jordanie. « On parle d’environ 1,5 million de personnes et on fait tout simplement le ménage là-dedans », avait-il déclaré, comparant l’enclave palestinienne à un « site de démolition ».

Une violation du droit international
Cette proposition, présentée comme une mesure humanitaire, s’oppose au droit international. « Les civils ont le droit de ne pas être expulsés de chez eux », rappelle Human Rights Watch. L’ONG dénonce des déplacements forcés systématiques, qui constituent un crime contre l’humanité. Depuis le début de la guerre, 1,9 million de Gazaouis ont déjà été contraints de fuir, selon l’ONU.

La crainte d’une nouvelle « Nakba »
Les Palestiniens redoutent que ce déplacement temporaire devienne définitif, à l’image de la « Nakba » de 1948, lorsque 800 000 d’entre eux avaient été expulsés lors de la création d’Israël. Quant à l’extrême droite israélienne, elle voit dans cette idée une opportunité de recoloniser Gaza.

Le refus catégorique des pays arabes
La Jordanie et l’Égypte ont vivement réagi. Amman a réaffirmé que « la Jordanie est pour les Jordaniens et la Palestine pour les Palestiniens ». Le Caire, de son côté, craint une menace pour sa stabilité et refuse d’accueillir des camps de réfugiés qui deviendraient permanents. En 2024 déjà, l’Égypte avait refusé d’ouvrir sa frontière à un exode massif des Gazaouis.

Des pressions américaines à venir ?
Si les déclarations de Donald Trump suscitent une levée de boucliers, elles pourraient s’accompagner de pressions diplomatiques. L’Égypte, recevant une aide militaire américaine, pourrait être ciblée par Washington. Toutefois, les analystes estiment que ces efforts pourraient rester vains, tant l’opposition arabe est forte.

Face à cette perspective, les Gazaouis retournent massivement vers le nord du territoire, déterminés à rester sur leur terre, même en ruines.

Clara Höser

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