Sciences : découverte majeure – deux livres perdus d’Apollonius de Perge retrouvés en traduction arabe

Une trouvaille exceptionnelle vient de révéler le rôle crucial des savants arabes médiévaux dans la transmission des savoirs antiques. La traduction arabe de deux livres disparus du mathématicien grec Apollonius de Perge a été mise au jour dans la bibliothèque de l’université néerlandaise de Leyde, après être restée inaperçue pendant quatre siècles.

Une œuvre clé des mathématiques redécouverte

Apollonius de Perge (~262-190 av. J.-C.), surnommé le « Grand Géomètre », est célèbre pour ses travaux en géométrie, notamment sur les coniques (ellipses, paraboles et hyperboles). Son œuvre phare, Coniques, a largement influencé le développement des mathématiques modernes. Toutefois, jusqu’à présent, les livres V et VII étaient considérés comme perdus en Occident.

Cette découverte est annoncée dans Prophets, Poets and Scholars, un nouvel ouvrage publié à l’occasion de l’inauguration de la Bibliothèque du Moyen-Orient à Leyde. Le manuscrit en question, rédigé en arabe, témoigne de la transmission des savoirs grecs à la civilisation islamique médiévale.

Un trésor oublié dans la collection de Jacob Golius

Le texte a été rapporté à l’université de Leyde par l’orientaliste et mathématicien néerlandais Jacob Golius (1596-1667). Spécialiste du monde arabe, il avait collecté près de 200 manuscrits lors de ses voyages au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.

Selon Jan Pieter Hogendijk, mathématicien et historien des sciences, cette traduction est fascinante non seulement pour son contenu scientifique, mais aussi pour sa calligraphie soignée et ses illustrations en couleur. Il souligne que ces documents témoignent de la rigueur intellectuelle et du savoir-faire des scribes et savants de l’époque.

Une transmission méconnue des mathématiques grecques

La découverte de ces textes relance les recherches sur l’influence du monde arabo-musulman dans la préservation et l’enrichissement du savoir antique. Durant l’âge d’or islamique (VIIIe-XIIIe siècles), des penseurs comme Al-Kindi, Al-Fârâbî ou Alhazen ont traduit et approfondi de nombreux écrits grecs, contribuant à leur conservation et à leur diffusion.

Malgré la richesse des collections occidentales, nombre de manuscrits restent sous-exploités faute de spécialistes maîtrisant l’arabe, le persan ou le turc. Les experts plaident pour une collaboration accrue entre chercheurs et pour des efforts de numérisation afin de rendre ces trésors accessibles au plus grand nombre.

L’intérêt pour ces documents connaît néanmoins un regain, comme le prouve un récent atelier organisé à l’université de Sharjah. Celui-ci a permis d’approfondir la compréhension du système abjad, utilisé par les savants musulmans en conjonction avec le système sexagésimal encore employé aujourd’hui. Autant d’efforts qui pourraient révéler de nouvelles perspectives sur l’impact fondamental des érudits du monde islamique dans l’histoire des sciences.

Clara Höser

Laisser un commentaire