Alors que le plus important tournoi de rugby sur le contient européen qu’est le tournoi des 6 nations, se déroule ces semaines-ci, la Géorgie, en est l’éternelle oubliée . L’occasion de mettre en lumière cette équipe nationale.
Depuis des années, la Géorgie frappe à la porte du Tournoi des 6 Nations, mais celle-ci reste obstinément fermée. Malgré une domination sans partage du « Rugby Europe Championship » (REC), sorte de Deuxième Division du Tournoi des 6 nations, les « Lelos » n’ont toujours aucune perspective d’intégrer la compétition reine du rugby européen. Une situation qui interroge, d’autant plus que les performances de la sélection géorgienne ne cessent d’impressionner.
Une domination sans partage
Depuis 2008, la Géorgie a remporté 15 des 17 éditions du REC, écrasant systématiquement ses adversaires. En 2025, elle est encore qualifiée pour les demi-finales et occupe la 11e place au classement mondial, devant le Pays de Galles. Pourtant, elle reste exclue du Tournoi des 6 Nations, une compétition privée, réservée aux mêmes six nations depuis l’intégration de l’Italie en 2000.
Dernier exemple en date de cette suprématie, la victoire historique des Lelos contre la Suisse ce samedi à Tbilissi. Pour leur première apparition dans la compétition, les Helvètes ont subi un véritable calvaire, s’inclinant sur le score fleuve de 110-0. La Géorgie a inscrit seize essais, dominant son adversaire de bout en bout, sans jamais être inquiétée.
Des joueurs de haut niveau en quête de reconnaissance
Cette victoire a été marquée par la performance de plusieurs internationaux évoluant en France. Irakli Apstiauri (Lyon) s’est offert un triplé, tandis que Gela Aprasidze (Usap) a inscrit un doublé. D’autres joueurs comme Davit Niniashvili (Lyon), Ilia Spanderashvili (Valence-Romans) et Mikheil Alania (Aurillac) ont également brillé, confirmant que le rugby géorgien possède un vivier de talents largement à la hauteur du niveau international.
Côté suisse, l’apprentissage a été brutal. Malgré la présence de quelques joueurs expérimentés comme Jessy Jegerlehner (Biarritz Olympique), les Helvètes n’ont jamais pu rivaliser avec l’intensité géorgienne.
Pourquoi la Géorgie est-elle toujours écartée ?
La question revient avec insistance à chaque victoire éclatante des Lelos : pourquoi ne pas leur donner une chance dans le Tournoi des 6 Nations ?
Plusieurs sélectionneurs étrangers ayant dirigé la Géorgie ont plaidé leur cause après avoir mesuré le potentiel de cette équipe. Pourtant, aucun changement ne semble à l’ordre du jour. Contrairement au système de montée/descente du rugby européen des clubs, le Tournoi des 6 Nations reste une compétition fermée, sans promotion possible.
L’argument souvent avancé en faveur du maintien du statu quo est celui du marché et de l’audience télévisuelle. Les grandes nations du rugby européen génèrent des revenus importants, et l’arrivée de la Géorgie pourrait ne pas être aussi rentable qu’un match entre équipes historiques. Mais sportivement, les Lelos méritent au moins une chance de prouver leur valeur à un niveau supérieur.
Un espoir pour l’avenir ?
Alors que l’Italie, membre du Tournoi depuis 2000, enchaîne les défaites et semble stagner, certains plaident pour un système de barrage entre la dernière nation du Tournoi et le vainqueur du REC. Une solution qui permettrait à la Géorgie de gagner sa place sur le terrain, plutôt que d’attendre une invitation qui ne vient jamais.
En attendant, les Lelos continuent de dominer leur championnat, d’écraser la concurrence et de prouver qu’ils ont le niveau. Mais pour combien de temps encore devront-ils patienter avant d’être enfin pris au sérieux ?
Kevin Negalo