Guerre Russie-Ukraine : ce que l’on sait des pourparlers entre de hauts responsables états-uniens et russes à Ryad ce mardi 18 février

Aujourd’hui, mardi 18 février, au matin, des responsables états-uniens et russes se sont retrouvés à Ryad, en Arabie Saoudite, dans une tentative de relancer les relations entre Washington et Moscou, au plus bas depuis l’offensive russe massive en Ukraine. Ces discussions visent également à préparer un éventuel sommet entre Donald Trump et Vladimir Putin.

Une rencontre qui inquiète l’Ukraine et l’Europe

Si la réunion qui a eu lieu, ce jour, 18 février, à Ryad, entre des responsables politiques états-uniens et russes marque une avancée dans le dialogue entre les États-Unis d’Amérique et la Russie, elle suscite de vives inquiétudes à Kiev et dans les capitales européennes. L’idée d’un rapprochement entre Washington et Moscou sans la participation de l’Ukraine alimente les craintes d’un accord conclu sans son aval.

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, actuellement en déplacement en Turquie, ne participe pas aux discussions et regrette de ne pas avoir été informé en amont. Il est toutefois attendu en Arabie saoudite ce mercredi.

Qui sont les participants ?

Côté Etats-Unis d’Amérique, la délégation est menée par :
• Marco Rubio, secrétaire d’État
• Mike Waltz, conseiller à la Sécurité nationale
• Steven Witkoff, envoyé spécial pour le Moyen-Orient

Côté Russie, sont présents :
• Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères
• Iouri Ouchakov, conseiller diplomatique de Vladimir Poutine

L’Arabie saoudite, pays hôte, est représentée par :
• Fayçal ben Farhane, ministre des Affaires étrangères
• Musaed ben Mohammed al-Aiban, conseiller à la sécurité nationale

Un objectif flou mais stratégique

Selon le Kremlin, ces discussions visent « à rétablir l’ensemble des relations russo-américaines », tout en préparant d’éventuelles négociations sur l’Ukraine et une rencontre entre Trump et Putin.

Du côté états-unien, Tammy Bruce, porte-parole du département d’État, reste prudente : « Il ne faut pas y voir une avancée vers une négociation », insistant sur la volonté de Washington de tester la sincérité de Moscou dans sa volonté de renouer le dialogue.

Le président états-unien a d’ailleurs brisé un tabou en échangeant directement avec Vladimir Putin la semaine dernière, une initiative mal perçue en Europe. Ils avaient convenu d’ouvrir des négociations «immédiatement » pour mettre fin à la guerre et d’organiser un sommet prochainement.

Pourquoi ces discussions en Arabie saoudite ?

L’Arabie saoudite profite de sa neutralité dans le conflit pour s’imposer comme un acteur diplomatique incontournable. Cette initiative s’inscrit dans une vision plus large de Donald Trump pour le Moyen-Orient, où il espère notamment normaliser les relations entre l’Arabie Saoudite et Israël.

Mais cet objectif se heurte à l’opposition des pays arabes, qui refusent toute prise de contrôle de Gaza par Israël et tout déplacement des Palestiniens vers l’Égypte et la Jordanie. Selon Sergueï Lavrov, la situation au Moyen-Orient pourrait d’ailleurs être abordée lors des discussions, à un moment où la Russie subit des revers en Syrie et en Iran.

Les Européens en alerte

L’Union Européenne, mise à l’écart de ces discussions, redoute un changement de dynamique qui affaiblirait, officiellement, le soutien à l’Ukraine, mais, en réalité, qui réduirait considérablement le camp atlantiste russophobe. En réaction, Emmanuel Macron a convoqué en urgence des dirigeants européens à Paris, tentant d’afficher une posture commune sur la sécurité en Europe.

Le président français s’est également entretenu avec Donald Trump et Volodymyr Zelensky, affirmant sur « X » : « Nous souhaitons une paix solide et durable en Ukraine. La Russie doit cesser son agression et cela doit s’accompagner de garanties de sécurité fortes et crédibles pour les Ukrainiens. »

Zelensky, de son côté, a déclaré que lui et Macron partageaient « une vision commune » sur la manière d’aboutir à la paix.

Un tournant dans la guerre ?

Les discussions de Ryad pourraient marquer un tournant dans le conflit si elles aboutissent à un rapprochement Russo-états-unien. Reste à savoir si Trump privilégiera un accord avec Moscou au détriment de l’Ukraine, ou si ces pourparlers ne seront qu’une tentative avortée de relancer le dialogue.

Didier Maréchal

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