Le groupe « Technicolor, » acteur majeur des effets visuels et de l’animation, traverse une crise financière sans précédent. Malgré de récents succès comme « La Nuit d’Orion », les difficultés s’accumulent, mettant en péril ses studios « Mikros Animation » et « The Mill ». Entre restructurations, licenciements et menace de faillite, retour sur la chute de ce groupe phare.
Le studio d’animation Mikros Animation, qui avait collaboré sur La Nuit d’Orion, film sorti en février 2024, se retrouve aujourd’hui en pleine tourmente. Le groupe Technicolor, qui emploie environ 10 000 salariés dans le monde, a annoncé à ses employés états-uniens, vendredi 21 février, qu’il allait probablement cesser certaines de ses activités aux États-Unis. Cette annonce marque un tournant critique pour l’entreprise, dont les filiales spécialisées dans l’animation et les effets spéciaux, The Mill et Mikros Animation, sont en grande difficulté.
« Malgré des efforts considérables – restructuration, discussions avec des investisseurs et recherche d’acquéreurs –, nous n’avons pas trouvé de solution viable pour l’avenir », a écrit Caroline Parot, directrice générale du groupe, dans un courriel interne qui a fuité.
Une crise qui s’étend au niveau international
La situation est tout aussi préoccupante en France, où le siège du groupe à Paris est menacé. Une procédure de redressement judiciaire a été engagée auprès du tribunal de commerce. Au Royaume-Uni, la branche locale de Technicolor a été déclarée en faillite, entraînant le licenciement de 440 salariés.
Les causes de cette crise sont multiples. D’abord, un marché de l’animation fragilisé par la pandémie de Covid-19, suivi d’une longue grève des scénaristes et des comédiens à Hollywood, qui a ralenti de nombreux projets. Ensuite, un modèle économique reposant sur des marges réduites et des contrats qui ne reflètent pas toujours le volume de travail nécessaire. Pourtant, la filiale MPC, appartenant à The Mill et basée à Londres, a travaillé sur plusieurs blockbusters récents comme Top Gun : Maverick, Napoléon, Mufasa : Le Roi Lion et Dune. Mais la structure même du groupe, répartie entre les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni, la France et l’Inde, montre ses limites face aux défis actuels.
Une histoire industrielle mouvementée
Ce nouvel épisode de crise est la suite d’une longue série de revers pour Technicolor. L’entreprise avait été rachetée en 2001 par Thomson Multimédia sous la direction de Thierry Breton, avant d’adopter définitivement le nom de sa filiale en 2010. Mais les difficultés financières n’ont cessé de s’aggraver, aboutissant à une scission en 2022 : d’un côté Vantiva, dédié aux stratégies haut débit, de l’autre Technicolor, axé sur la postproduction pour le cinéma, les séries et la publicité.
L’intelligence artificielle, un défi de taille
À ces difficultés économiques s’ajoute un bouleversement technologique : l’essor de l’intelligence artificielle. Dans un secteur fortement concurrentiel, les innovations de l’intelligence artificielle risquent d’accélérer encore la précarisation des studios d’animation et des sociétés d’effets visuels.
Ainsi, la chute de Technicolor reflète une transformation profonde de l’industrie du divertissement. Entre crise financière et révolution numérique, l’avenir des studios comme Mikros Animation et The Mill semble plus incertain que jamais.
Clara Höser