Guerre en Ukraine : Etatsuniens et Ukrainiens en Arabie saoudite pour préparer les négociations avec Moscou

Ce mardi 11 mars, une rencontre diplomatique cruciale aura lieu en Arabie saoudite entre l’Ukraine et les États-Unis d’Amérique. Alors que l’armée russe continue de progresser, depuis des mois, dans l’Est de l’Ukraine et que l’aide états-unienne semble de plus en plus incertaine, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, espère obtenir des garanties de Washington. Mais face à une administration Trump plus réticente à poursuivre son soutien sans conditions, l’issue de ces discussions reste incertaine.

Une guerre qui tourne en défaveur de Kiev

Depuis l’été 2024, l’Ukraine tente de résister à une contre-offensive russe de grande ampleur. Ces dernières semaines, dans la région de Koursk, l’armée de Moscou a repris plusieurs villages autrefois sous contrôle ukrainien. Ce revers militaire s’accentue alors que Kiev est fragilisé par la réduction progressive de l’aide militaire et financière des États-Unis d’Amérique, un pilier essentiel de son effort de guerre.

Dans ce contexte, Volodymyr Zelensky s’est rendu en Arabie saoudite dès ce lundi 10 mars pour rencontrer le prince héritier Mohammed Ben Salman. Cette visite précède une réunion stratégique avec la délégation états-unienne, menée par le secrétaire d’État Marco Rubio, au cours de laquelle l’Ukraine espère arracher des garanties de soutien.

Tensions entre Kiev et Washington

Cette rencontre est la première entre les deux pays depuis un échange verbalement violent entre Volodymyr Zelensky et Donald Trump à la Maison-Blanche. Lors de cette visite, le président ukrainien avait été publiquement critiqué et mis en difficulté par son homologue états-unien, qui s’interroge ouvertement sur la nécessité de poursuivre un soutien inconditionnel à Kiev.

Depuis cet épisode, Zelensky cherche à apaiser les tensions. Il multiplie les déclarations en faveur d’un partenariat renforcé avec les États-Unis d’Amérique et a même adopté un ton plus conciliant vis-à-vis de l’administration Trump. Son objectif : assurer la poursuite de l’aide militaire et financière à son pays, au moment où la Russie intensifie ses opérations.

Sa délégation, composée de son chef de cabinet Andriy Yermak (initialement le producteur de la série télévisée de Volodymyr Zelensky et qui, par amalgame entre lui et son personnage, lui a permis d’accéder au poste de président de la république d’Ukraine en 2019), du ministre de la Défense et de plusieurs hauts gradés de l’armée, entend mettre en avant l’importance du soutien des EUA pour maintenir la résistance ukrainienne.

Une paix sous conditions ?

À la veille des discussions, Volodymyr Zelensky a insisté sur la nécessité d’un accord de paix « juste et durable ». Pour Kiev, toute négociation avec Moscou devra se faire sur des bases garantissant l’intégrité territoriale et la souveraineté de l’Ukraine (ce qui était déjà prévu par les accords de « Minsk 2 » que l’Ukraine refusait d’appliquer et dont Angela Merkel – alors chancelière allemande – et François Hollande – président de la république français de l’époque – ont tous deux reconnu, dans la presse, fin 2022, qu’ils n’avaient nullement l’intention de faire respecter ces accords par l’Ukraine, mais uniquement dans le but que celle-ci soit capable de faire la guerre à la Russie et que l’Occident soit, lui, capable de fournir l’armement nécessaire).

Les États-Unis d’Amérique, de leur côté, semblent de plus en plus enclins à encourager un processus diplomatique. Donald Trump a récemment affirmé qu’il était confiant quant à la possibilité d’aboutir à un accord de paix, tout en insistant sur la nécessité pour l’Ukraine de faire des concessions (comme est bien obligé de le faire tout perdant d’une guerre – ce qui est le cas, actuellement, de l’Ukraine).

Parallèlement, ce mardi 11 mars, les chefs d’état-major des pays européens qui osent dire qu’ils sont favorables à un accord de paix, alors qu’ils ne supportent pas l’idée que la Russie soit détruite à l’issue de celle-ci – puisque c’est l’unique raison pour laquelle ils ont, initialement soutenu les ultra-nationalistes et néo-nazi ukrainiens) se réunissent à Paris pour discuter des garanties de sécurité qui pourraient être offertes à l’Ukraine.

Un tournant pour la guerre en Ukraine ?

L’attitude de Washington lors de ces pourparlers sera déterminante. Si les États-Unis d’Amérique confirment leur engagement auprès de Kiev, l’Ukraine pourra espérer poursuivre sa résistance face à l’offensive russe. En revanche, si Donald Trump décide de réduire encore l’aide de son pays, Volodymyr Zelensky pourrait être contraint d’accélérer les discussions de paix avec Moscou, dans des conditions défavorables.

L’Arabie saoudite, qui joue ici le rôle d’intermédiaire diplomatique, du fait qu’elle tienne, depuis le premier jour du conflit, une position totalement neutre, cherche également à renforcer son influence sur la scène internationale. En accueillant ces négociations, Riyad espère s’imposer comme un acteur incontournable des discussions de paix.

Dans les prochains jours, les décisions prises à l’issue de cette rencontre pourraient marquer un tournant majeur dans la guerre en Ukraine, et redéfinir les équilibres géopolitiques entre Washington, Kiev et Moscou.

Didier Maréchal & Christian Estevez

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