Des restes humains ont été retrouvés dans un ranch abandonné à Teuchitlan, à environ cinquante kilomètres à l’ouest de Guadalajara, dans l’État de Jalisco. Cette découverte a été faite à proximité de présumés fours crématoires clandestins, qui auraient pu être utilisés par un cartel pour faire disparaître les corps de victimes de disparitions forcées.
Le parquet régional a confirmé l’existence de « restes osseux calcinés » sur le site, ainsi que la présence de centaines de vêtements et plus de 200 paires de chaussures. Ces effets personnels pourraient avoir appartenu à des personnes portées disparues et exécutées par leurs ravisseurs.
Un lieu utilisé comme centre d’entraînement par un cartel
Ce sinistre site a été découvert par un collectif de recherche de disparus, accompagné par un correspondant photo de l’AFP à Guadalajara. D’après les premières investigations, le ranch aurait également servi de centre d’entraînement pour un cartel.
Le procureur général de Jalisco, Salvador González de los Santos, a déclaré mardi soir que « quatre zones avec de présumés restes humains ont été localisées ». Une semaine auparavant, les autorités avaient déjà confirmé la présence de ces ossements calcinés, sans pouvoir encore en déterminer le nombre exact.
La présidente mexicaine Claudia Sheinbaum a réagi en déclarant que «les images sont évidemment douloureuses » et qu’il était crucial de « savoir ce qui s’est réellement passé là-bas ». Face à l’ampleur de l’affaire, le gouverneur de Jalisco, Pablo Lemus, a annoncé que le parquet général de la République prendrait en charge l’enquête.
Des arrestations et des accusations de négligence
Le procureur général de la République, Alejandro Gertz, a dénoncé mercredi l’inaction des autorités locales face à une telle situation :« Il n’est pas croyable qu’une situation de cette nature n’ait pas été connue par les autorités locales de cette localité et de l’État du Jalisco. »
En réponse, le gouverneur Pablo Lemus a assuré que « personne ne se lave les mains » et a affirmé la coopération entre les autorités locales et fédérales pour garantir la sécurité des habitants.
Ce ranch avait déjà fait l’objet d’une opération policière en septembre dernier, au cours de laquelle dix personnes armées avaient été arrêtées et deux otages libérés. Les autorités de Jalisco affirment que le site avait été sécurisé depuis cette intervention et qu’aucune activité criminelle n’y avait été signalée depuis. Cependant, face à la récente découverte des fours crématoires clandestins, le procureur général de Jalisco a admis que les inspections précédentes n’étaient « pas suffisantes » et a annoncé l’ouverture d’une enquête pour déterminer s’il y a eu négligence.
Jalisco, l’épicentre des disparitions forcées
L’État de Jalisco est particulièrement touché par la crise des disparitions au Mexique, avec environ 15 000 cas sur un total national de 110 000, selon la Commission nationale de recherche. Il s’agit également du fief du Cartel Jalisco Nueva Generación (CJNG), l’un des groupes criminels les plus puissants d’Amérique latine.
Ce cartel, réputé pour sa violence extrême, figure parmi les huit organisations terroristes désignées par les États-Unis d’Amérique sous la présidence de Donald Trump.
Le phénomène des disparitions ne se limite pas à Jalisco. Au Tamaulipas, le deuxième État le plus touché des Etats-Unis du Mexique avec 13 000 disparus, un collectif a récemment signalé la découverte d’un autre site contenant de possibles restes humains et des effets personnels appartenant à des victimes.
La situation met en lumière l’ampleur de la crise des disparitions forcées aux Etats-Unis du Mexique et le rôle central joué par les cartels dans ces violences. Reste à savoir si cette nouvelle enquête permettra de faire émerger la vérité et d’apporter une réponse judiciaire aux familles des disparus.
Didier Maréchal