L’Ukraine est secouée par un assassinat retentissant en pleine guerre : Demyan Hanul, figure controversée du nationalisme ukrainien, a été abattu au cœur d’Odessa ce vendredi 14 mars. Ancien chef local du mouvement radical « Secteur droit », acteur clé de la révolution du Maïdan, il était connu pour ses positions ultranationalistes et ses actions musclées contre les symboles russes. Son meurtre soulève de nombreuses questions dans un contexte de tensions internes et de guerre prolongée contre la Russie.
Un assassinat ciblé au centre d’Odessa
Selon la police ukrainienne, deux coups de feu ont été tirés sur Demyan Hanul par un homme armé d’une arme à canon court. Les faits se sont produits en plein centre d’Odessa, important port sur la mer Noire. Le tireur a pris la fuite immédiatement après l’attaque. Une équipe spéciale d’enquêteurs a été dépêchée à Odessa, a annoncé Ihor Klymenko, ministre de l’Intérieur ukrainien, devant la Rada (le Parlement ukrainien). Une image du suspect circule sur les réseaux sociaux, et un homme a depuis été arrêté. Selon les autorités, l’arme utilisée pour le crime a été retrouvée dans son appartement.
Une figure du nationalisme ukrainien
Né en 1993, Hanul, 31 ans, affichait une silhouette massive, marquée par la musculation, et arborait de nombreux tatouages. Il s’est fait connaître comme chef du groupe “Secteur droit” à Odessa entre 2014 et 2016, mouvement nationaliste radical. Il a joué un rôle majeur dans les affrontements du 2 mai 2014, opposant nationalistes ukrainiens et militants prorusses. Ce jour-là, 42 personnes avaient trouvé la mort dans l’incendie de la Maison des syndicats, causé par des cocktails Molotov. Cet épisode reste un traumatisme majeur à Odessa, où les tensions ethniques et politiques persistent.
Actions controversées et radicalisation
Après son passage au « Secteur droit », Demyan Hanul a fondé sa propre organisation, « Street Front », spécialisée dans des actions contre les symboles russes et soviétiques à Odessa. Il a dirigé des destructions de statues représentant notamment l’impératrice Catherine II, le poète Pouchkine, ou encore des soldats soviétiques de la Seconde Guerre mondiale. Il était également connu pour perturber des concerts d’artistes russes et s’en prendre aux habitants favorables à la langue russe, selon le média ukrainien Strana.
Des tensions avec l’armée ukrainienne
Bien qu’ardent soutien de la cause ukrainienne, Hanul ne s’était pas engagé dans l’armée, ce que plusieurs médias et combattants lui reprochaient. Selon Strana, il avait été violemment battu par des membres de la Légion étrangère ukrainienne, après avoir collecté des fonds pour fournir un véhicule qu’il n’aurait jamais livré. Il s’est également opposé publiquement à ceux qui critiquaient la mobilisation, notamment un entraîneur de fitness d’Odessa, qui avait dénoncé des violences sexuelles subies par des soldats avant d’être mobilisé de force.
Des menaces et une prime sur sa tête
En juillet 2024, Hanul avait affirmé que des sources russes offraient 10.000 dollars pour toute tentative d’assassinat le visant, rapporte le Kyiv Independent. Cette révélation avait contribué à renforcer son image de cible désignée par Moscou. Son assassinat ravive les spéculations sur un possible règlement de comptes politique ou militaire, dans un pays traversé par les tensions internes en temps de guerre.
Un climat d’instabilité aggravé par la guerre
Le meurtre de Demyan Hanul s’inscrit dans un climat d’instabilité intérieure croissante en Ukraine, où la guerre prolongée contre la Russie exacerbe les divisions politiques, sociales et ethniques. Les milieux ultranationalistes, les vétérans et les groupes paramilitaires sont de plus en plus actifs et parfois incontrôlables. L’assassinat d’une telle figure, adulée par certains, détestée par d’autres, risque d’alimenter de nouvelles tensions à Odessa et bien au-delà.
L’enquête en cours devra déterminer si ce meurtre est le fruit d’un conflit interne, d’une vengeance personnelle, ou d’une action commanditée par des intérêts extérieurs.