Négociations en Arabie saoudite : ce que discutent les États-Unis d’Amérique avec l’Ukraine et la Russie

Les représentants des États-Unis, de la Russie et de l’Ukraine ont entamé des discussions en Arabie saoudite les 24 et 25 mars. Ces négociations, qualifiées de « difficiles » par le Kremlin, interviennent alors que Washington cherche à progresser vers une solution diplomatique à la guerre en Ukraine. Plusieurs sujets clés sont au cœur des débats : un cessez-le-feu en mer Noire, la question des infrastructures énergétiques, l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, les sanctions contre la Russie et l’exploitation des ressources naturelles ukrainiennes.

Un cessez-le-feu en mer Noire et le retour de l’accord céréalier

L’un des objectifs immédiats des États-Unis est d’obtenir un cessez-le-feu en mer Noire afin de sécuriser la navigation et permettre un retour à l’accord céréalier. Cet accord, qui a fonctionné entre juillet 2022 et juillet 2023, permettait à l’Ukraine d’exporter ses céréales malgré la présence de la flotte russe. La Russie s’en était retirée, accusant les Occidentaux de ne pas respecter leurs engagements sur l’allègement des sanctions touchant ses exportations agricoles et d’engrais.

Moscou semble ouvert à une reprise de l’accord, mais veut des garanties sur la levée des restrictions économiques. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a confirmé que « tous les aspects relatifs à sa remise en œuvre sont à l’agenda des discussions ».

Pause dans les attaques contre les infrastructures énergétiques

La semaine dernière, Donald Trump et Vladimir Poutine ont convenu d’une trêve de 30 jours concernant les attaques visant les infrastructures énergétiques en Ukraine et en Russie. Mais cet accord a déjà été mis à mal par des frappes réciproques. Moscou accuse Kiev d’avoir bombardé un dépôt pétrolier dans le sud de la Russie, tandis que l’Ukraine affirme que la Russie a attaqué des hôpitaux, des logements et des infrastructures ferroviaires.

Kiev a annoncé vouloir établir une liste des installations concernées par le cessez-le-feu, comprenant non seulement des infrastructures énergétiques mais aussi des ports et voies ferrées. Toutefois, une telle mesure pourrait avantager la Russie, qui ne subirait plus d’attaques sur ses infrastructures pétrolières essentielles à son effort de guerre.

Par ailleurs, Donald Trump a suggéré que les États-Unis prennent part à l’exploitation et au contrôle des infrastructures énergétiques ukrainiennes, y compris la centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus grande d’Europe, actuellement sous occupation russe. Volodymyr Zelensky s’est dit ouvert à une modernisation de la centrale par les États-Unis en cas de restitution, tout en précisant que sa remise en service nécessiterait deux ans et demi de travaux et d’importants investissements.

L’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, point de blocage majeur

Moscou exige un engagement formel de l’Ukraine à renoncer à son adhésion à l’OTAN, une demande que Kiev rejette fermement, rappelant que cette ambition est inscrite dans sa Constitution.

Les positions au sein même des États-Unis sont floues sur ce sujet. John Coale, envoyé spécial de Donald Trump pour l’Ukraine, a déclaré en février que l’adhésion de Kiev restait une option, contredisant le secrétaire à la Défense états-unien Pete Hegseth, qui jugeait cette hypothèse irréaliste. Donald Trump, de son côté, estime que la Russie “n’autoriserait” jamais une entrée de l’Ukraine dans l’Alliance atlantique.

Face à ces blocages, certains pays européens, notamment la France et le Royaume-Uni, ont évoqué la création d’une force de dissuasion composée de troupes étrangères pour garantir la sécurité de l’Ukraine, une option immédiatement rejetée par Moscou.

Sanctions et élections en Ukraine

Le Kremlin réclame la levée des sanctions occidentales et l’organisation d’une élection présidentielle en Ukraine, qui n’a pas eu lieu depuis 2019 en raison de la guerre. L’Ukraine considère que la situation ne permet pas d’organiser un scrutin et rejette toute ingérence russe dans son calendrier électoral.

L’administration Trump envisage un possible assouplissement des sanctions en cas d’accord de paix, mais Donald Trump a également évoqué la possibilité d’imposer de nouvelles sanctions économiques massives contre Moscou pour accélérer les négociations.

Les territoires occupés par la Russie

Moscou exige la reconnaissance par les États-Unis de sa souveraineté sur quatre régions ukrainiennes occupées – Louhansk, Donetsk, Zaporijjia et Kherson, en plus de la Crimée annexée en 2014.

L’Ukraine, consciente des difficultés à reprendre militairement ces territoires, espère une restitution par la voie diplomatique à long terme. Mais elle exclut toute reconnaissance officielle de l’occupation russe.

Les ressources naturelles ukrainiennes en jeu

Enfin, Washington et Kiev discutent d’un partenariat économique sur l’exploitation des ressources naturelles ukrainiennes, notamment les terres rares, essentielles aux industries électroniques et technologiques.

Ces discussions ont été temporairement suspendues après une altercation verbale entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky à la Maison-Blanche, le 28 février. Toutefois, Trump a affirmé le 21 mars qu’un accord serait signé prochainement.

Les infrastructures gazières ukrainiennes sont également au centre des négociations. L’Ukraine pourrait devenir un hub de stockage et de distribution de gaz naturel liquéfié (GNL) états-unien vers l’Europe, en remplacement du gaz russe.

Vers une avancée diplomatique ?

Ces négociations à Riyad constituent une tentative des États-Unis d’ouvrir un dialogue direct entre Kiev et Moscou. Mais les positions restent éloignées, notamment sur les questions territoriales et sécuritaires.

Si un accord sur le cessez-le-feu en mer Noire et l’exportation des céréales semble possible, la question de l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN et du contrôle de ses infrastructures stratégiques pourrait être un point de rupture.

L’issue de ces discussions pourrait redéfinir les relations entre les grandes puissances et le futur de la guerre en Ukraine.

Laisser un commentaire