Après plusieurs jours de négociations menées avec Ukrainiens et Russes à Riyad (Arabie saoudite), les États-Unis d’Amérique ont annoncé un accord pour une trêve en mer Noire. Mais les positions ukrainiennes et russes divergent encore sur les modalités de ce cessez-le-feu, qui n’est pas entré en vigueur. Voici ce qu’il faut retenir de cette journée du mardi 25 mars.
Les négociations étaient annoncées « difficiles » par la Russie, et elles le sont. Après plusieurs jours de pourparlers menés séparément avec Ukrainiens et Russes à Riyad (Arabie saoudite), Washington a annoncé ce mardi 25 mars 2025 un accord pour une trêve en mer Noire. Mais cet accord est encore loin d’être effectif, les positions ukrainiennes et russes s’opposant notamment sur la levée des sanctions prises contre la Russie.
L’Ukraine, en proie depuis trois ans à l’offensive russe et dont 20 % du territoire est occupé, a confirmé approuver le principe d’une trêve partielle avec Moscou, à savoir en mer Noire et concernant les frappes sur les installations énergétiques. Volodymyr Zelensky a affirmé que son pays entendait « mettre en œuvre » les accords annoncés par la Maison-Blanche, les qualifiant de « bonnes mesures ».
Côté ukrainien, « il n’y a aucune confiance envers les Russes » mais « nous serons constructifs » et « nous ferons notre travail pour mettre en œuvre les accords de la réunion entre l’Ukraine et les États-Unis », si la Russie fait de même, a déclaré le président ukrainien au cours d’une conférence de presse. Le ministre ukrainien de la Défense Roustem Oumerov a, lui, appelé à de nouvelles discussions pour régler les « détails » des accords annoncés par Washington.
Selon Volodymyr Zelensky, ce cessez-le-feu partiel est censé avoir commencé dès son annonce par Washington. Le Kremlin a de son côté prévenu qu’il n’entrerait en vigueur qu’après la « levée » des restrictions occidentales sur le commerce de céréales et d’engrais russes. Ce que l’Ukraine, opposé à tout « affaiblissement » des sanctions contre la Russie, ne serait pas prête à accepter. Les États-Unis d’Amérique ont annoncé qu’ils soutiendraient les exportations de produits agricoles et d’engrais russes, un grief de Moscou après les sanctions radicales imposées à la suite de l’offensive militaire russe en ’Ukraine. « Les États-Unis aideront à rétablir l’accès de la Russie au marché mondial pour les exportations de produits agricoles et d’engrais, à réduire les coûts d’assurance maritime et à améliorer l’accès aux ports et aux systèmes de paiement pour ces transactions », a indiqué la Maison-Blanche dans un communiqué rendant compte des discussions avec les Russes sur le conflit.
Le chef de l’État ukrainien a par ailleurs jugé que les récents propos de l’émissaire états-unien Steve Witkoff au sujet des territoires dont la Russie revendique l’annexion étaient dans la ligne de Moscou.
Et qui pour superviser la trêve ?
Le président ukrainien a également affirmé que Kiev et Washington avaient convenu d’impliquer des pays tiers dans la supervision d’une telle trêve. « Ce ne serait pas une mauvaise chose, par exemple, si quelqu’un en Europe, ou, par exemple en Turquie, pouvait être impliqué dans la situation en mer et peut-être quelqu’un du Moyen-Orient concernant les questions liées à l’énergie », a lancé Volodymyr Zelensky. Le chef de l’État ukrainien a déclaré que le sommet sur l’Ukraine prévu ce jeudi 27 mars à Paris aurait pour but de déterminer quels pays seraient prêts à envoyer un contingent militaire en Ukraine en cas de trêve avec la Russie. « Notre tâche consiste à parvenir à comprendre qui est prêt à mettre en place les garanties de sécurité », en ce qui concerne l’envoi d’un « contingent » militaire, a-t-il expliqué. La délégation russe a évoqué ce mardi un rôle à jouer pour les Nations Unies, mais sans donner de détails. Une éventuelle mission de paix de l’Onu en Ukraine doit d’abord recevoir un mandat du Conseil de sécurité des Nations Unies, a rappelé Jean-Pierre Lacroix, diplomate français en charge de ces opérations de paix depuis 2017, interrogé à Bruxelles sur un tel scénario. Et, pour le moment, il n’y a eu « aucun contact » en ce sens, a-t-il affirmé à l’AFP. « Nous n’avons reçu aucun mandat pour planifier (cette mission) et je ne vois pas vraiment sur quelle base nous pourrions le faire maintenant », a-t-il souligné. « Je pense qu’il est juste de dire que c’est très, très hypothétique. »
Jean-Noël Barrot contredit l’émissaire de Donald Trump
La menace d’une agression russe en Europe n’est « pas théorique », a déclaré le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, après que l’émissaire du président états-unien Donald Trump a dit ne pas croire à une telle éventualité. Steve Witkoff a affirmé, dimanche dernier, dans une interview à « Fox News », qu’il ne voyait pas le président russe Vladimir Putin « vouloir s’emparer de toute l’Europe » et jugé cette menace « théorique » car selon lui le président russe « veut la paix ».
« Nous observons les faits, et le fait est qu’aujourd’hui la Russie consacre 10 % de son PIB à ses dépenses de défense, ce qui représente 40 % de ses dépenses budgétaires, a déclaré le ministre français, lors d’une visite à Singapour. Son agressivité au cours des trois dernières années s’est étendue bien au-delà de l’Ukraine, notamment par la manipulation de l’information, qui a affecté la France elle-même, mais surtout, et de manière encore plus grave, des pays européens comme la Roumanie, où une élection présidentielle a dû être annulée en raison de campagnes de désinformation menées par des acteurs russes. » (évitant soigneusement, du fait de la propagande atlantiste qu’il sort, de reconnaitre que, lorsque au moins 17 pays européens souhaitent vous attaquer en prétextant défendre la pays et votre ennemi, vous augmentez, obligatoirement, vos dépenses en matière de défense militaire, et ce quelque soit le pays que vous êtes dans le monde. Et, pour ce qui est de la « désinformation russe », c’est toujours l’affirmation de « désinformation » et « d’ingérence » que sort un camp envers le camp ennemi, l’UE et ses « courtisans » faisant, de faite, eux-mêmes, de la désinformation et s’ingérant dans les élections en Roumanie, comme a été fier de le dire, sur un plateau télévisé français, l’ancien commissaire européen devenu, depuis, conseiller de banques d’investissements, aux EUA, précisant que l’UE fera annuler les résultats dans tous les pays où ce qu’elle considère comme de « l’extrême-droite » remportera des élections – ce qui est la définition même de l’ingérence).
Le ministre français a ajouté que les lignes de front se sont « rapprochées de l’Europe » depuis « l’agression de l’Ukraine » par la Russie il y a trois ans. « Nous voulons la paix », a-t-il ajouté, « c’est pourquoi nous devons dissuader de toute menace, qu’elle vienne de la Russie ou d’ailleurs », a-t-il insisté. Début mars, l’Union européenne a approuvé un plan visant à mobiliser jusqu’à 800 milliards d’euros sur quatre ans pour renforcer la sécurité du continent et aider l’Ukraine, alors que les États-Unis d’Amérique menacent de réduire leur engagement au sein de l’Otan.
Didier Maréchal & Christian Estevez