Condamnée à cinq ans d’inéligibilité dans l’affaire des assistants parlementaires des eurodéputés FN, Marine Le Pen ne compte pas se laisser faire. La cheffe de file du Rassemblement National a annoncé, ce mardi 1er avril, qu’elle saisirait la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) et le Conseil constitutionnel français, dénonçant une décision qu’elle juge être une « atteinte gravissime à la démocratie et au processus électoral ».
Une riposte politique après un « coup de tonnerre judiciaire »
L’annonce de l’inéligibilité de Marine Le Pen a provoqué un séisme dans la sphère politique, rendant très incertaine la candidature de celle-ci à la présidentielle de 2027. Mais loin de se laisser abattre, la triple candidate à l’Élysée affiche une posture combative. « Le système a sorti la bombe nucléaire, et s’il utilise une arme aussi puissante contre nous, c’est évidemment parce que nous sommes sur le point de gagner des élections», a-t-elle déclaré lors d’une réunion du groupe RN, exceptionnellement ouverte à la presse.
Si elle a interjeté appel, Marine Le Pen se réjouit de l’accélération du calendrier judiciaire : la Cour d’appel de Paris devrait statuer d’ici l’été 2026, soit moins d’un an avant la présidentielle. Elle y voit un signe de malaise suscité par ce jugement : « C’est une très bonne nouvelle, dans laquelle je veux voir le trouble qu’a créé le jugement. »
Un combat juridique sur plusieurs fronts
Dans sa contre-attaque, Marine Le Pen entend épuiser tous les recours possibles. Elle va ainsi saisir la CEDH, estimant qu’un référé est possible, car « la décision prise crée un préjudice irréparable ».
En parallèle, elle déposera une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) devant le Conseil constitutionnel, désormais présidé par Richard Ferrand, ex-proche d’Emmanuel Macron. L’objectif : contester la compatibilité entre une décision d’inéligibilité avec exécution provisoire et la liberté des électeurs, garantie par la Constitution de 1958. « Il faut désormais que la QPC que nous préparons soit validée et transférée au Conseil constitutionnel », insiste la députée du Pas-de-Calais, qui « n’ose imaginer que ça ne sera pas le cas ».
Alors que son parti a souvent critiqué ces instances judiciaires, les accusant d’ingérence dans la vie politique, Marine Le Pen justifie aujourd’hui sa démarche : « Ce n’est pas parce que je peux avoir un désaccord avec le Conseil constitutionnel (…) que, comme justiciable, je me priverais du droit de pouvoir faire respecter l’état de droit. »
Une mobilisation politique en préparation
En parallèle de la bataille judiciaire, le RN veut mobiliser ses sympathisants. Un « meeting de soutien » est prévu dimanche à Paris, dans le cadre d’une « mobilisation populaire et pacifique » en réponse à la condamnation de Marine Le Pen. Le parti réfléchit également à inviter certains de ses alliés européens pour renforcer cette démonstration de soutien.
Alors que l’échéance de 2027 se rapproche, cette affaire judiciaire pourrait redéfinir le paysage politique français, transformant Marine Le Pen en figure de combat contre ce qu’elle décrit comme un «acharnement du système ».
Didier Maréchal