La tension commerciale entre Washington et Pékin repart de plus belle. Après l’annonce par Donald Trump d’une nouvelle salve de droits de douane sur les produits importés aux États-Unis d’Amérique, la Chine a réagi ce vendredi 4 avril, avec fermeté. À partir du 10 avril, Pékin appliquera une taxe de 34 % sur tous les biens états-uniens. Et pour marquer le coup, elle a saisi dans la foulée l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Une riposte immédiate de Pékin
Le ministère chinois des Finances a annoncé un droit de douane supplémentaire de 34 % sur les produits états-uniens, en plus des taxes déjà en vigueur. En parallèle, Pékin a imposé des restrictions à l’exportation sur sept métaux rares, comme le gadolinium et l’yttrium, essentiels dans l’électronique et le secteur médical.
Dans un communiqué, la Chine dénonce une décision « unilatérale, grave et infondée » de la part des États-Unis d’Amérique, et espère que le mécanisme de l’OMC pourra jouer son rôle de médiateur.
Trump persiste et signe
Sur son réseau « Truth Social », Donald Trump a ironisé sur la réponse chinoise, affirmant que Pékin « paniquait ». Pour lui, cette guerre commerciale est un mal nécessaire : « L’économie était malade… elle va en sortir plus forte », a-t-il déclaré.
L’administration Trump a en effet décidé d’instaurer un droit de douane généralisé d’au moins 10 % sur toutes les importations, à partir du 5 avril, avec des hausses spécifiques à partir du 9 avril pour les pays considérés comme « hostiles » sur le plan commercial : Chine (54 % au total), Vietnam (46 %), Cambodge (49 %), Bangladesh (37 %), etc.
Bourses mondiales en chute libre
Les marchés ont réagi violemment. À Wall Street, les indices ont plongé :
•Nasdaq : -5,97 %
•S&P 500 : -4,84 %
Les plus touchés ? Les secteurs très dépendants de l’Asie : Apple (-9,25 %), Gap (-20,38 %), etc.
En Europe, la panique a gagné :
•Francfort : -5,08 %
•Paris : -4,26 %
•Londres : -3,90 %
•Milan : -7,57 %
•Madrid : -6,02 %
Même chose en Asie : Tokyo (-2,75 %), Sydney (-2,44 %), Séoul (-0,86 %). La Bourse de Shanghai était fermée pour jour férié.
L’industrie en alerte, l’Europe en réaction
L’impact ne se limite pas aux marchés : Stellantis a déjà annoncé la suspension de la production dans certaines de ses usines au Canada et au Mexique, à cause des nouvelles taxes sur l’automobile.
Face à cette crise, Emmanuel Macron a appelé à une réponse collective de l’Europe, évoquant une suspension temporaire des investissements en direction des États-Unis d’Amérique. La cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, a estimé qu’il fallait chercher à supprimer les droits de douane, pas les multiplier.
Vers un choc mondial ?
Le Fonds monétaire international (FMI) alerte : ces nouvelles tensions commerciales pourraient faire chuter le commerce mondial d’environ 1 % cette année. Pour Ngozi Okonjo-Iweala, directrice générale de l’OMC, cette situation est la plus critique depuis des décennies.
L’escalade entre les États-Unis d’Amérique et la Chine marque un retour à un protectionnisme agressif, avec des conséquences directes sur l’économie mondiale. Pour l’instant, ni Washington ni Pékin ne montrent de signes d’apaisement. Une chose est sûre : la guerre commerciale est bel et bien relancée.
Didier Maréchal