Maurice : Manifestation pour la fermeture de la base américano-britannique de Diego Garcia,menacée de bombardement par l’Iran

Le 4 avril 2024, une vingtaine d’organisations civiles ont manifesté dans les rues de Port-Louis, capitale de Maurice, pour demander la fermeture de la base militaire américano-britannique de Diego Garcia. Cette mobilisation a eu lieu dans un contexte de tensions croissantes entre les États-Unis et l’Iran, la République islamique ayant exprimé des menaces de bombardement contre cette base stratégique située dans l’archipel des Chagos, au cœur de l’océan Indien.

Les manifestants ont scandé des slogans tels que « Fermez la base de Diego Garcia » et « Rendez-nous les Chagos », soulignant la revendication de la souveraineté de Maurice sur l’archipel. Ils dénoncent non seulement la présence militaire étrangère dans cette zone, mais aussi les risques qu’elle représente pour la paix régionale, notamment dans l’éventualité d’un conflit armé entre les États-Unis et l’Iran. À travers cette marche, ils appellent également à un océan Indien démilitarisé.

Un territoire en guerre malgré lui

Parmi les figures de proue de la manifestation, Henri Marimootoo, ancien journaliste et membre du Mouvement contre la guerre, a souligné que l’île des Chagos, et plus spécifiquement Diego Garcia, était devenue un terrain de guerre malgré elle. « Lors de la Seconde Guerre mondiale, il n’y avait pas de grandes batailles dans l’océan Indien. Mais aujourd’hui, la guerre est à nos portes. La guerre est menée à partir de notre territoire, de Diego Garcia », a-t-il déclaré. Son propos fait écho à une inquiétude grandissante sur l’utilisation de l’archipel comme base pour des opérations militaires dans le Moyen-Orient.

Alain Ah-Vee, membre du mouvement Lalit et organisateur de la marche, a ajouté que les forces américaines se préparaient à des attaques militaires en positionnant des bombardiers B2 et d’autres équipements militaires sur Diego Garcia, ce qui renforce les craintes d’une implication directe de la base dans les conflits au Moyen-Orient.

L’océan Indien, une zone de paix

Pour de nombreux jeunes Mauriciens présents lors de la manifestation, l’océan Indien doit rester une zone de paix. Shama, 28 ans, a expliqué : « On est là aujourd’hui, parce que le message est clair. On ne veut pas de base militaire dans l’océan Indien. L’océan Indien est une zone de paix. » Sheem, 31 ans, a ajouté : « On ne veut pas de guerre dans nos eaux. On ne veut pas qu’il y ait du sang sur nos mains également. » Leur engagement traduit un rejet massif de l’idée que leur région soit utilisée comme une plateforme pour des actions militaires internationales.

Tania, une autre participante, a également exprimé son soutien, soulignant l’importance de faire entendre la voix de la population mauricienne contre la présence de bases militaires étrangères. « On doit prendre position et faire entendre notre voix », a-t-elle déclaré.

Un contexte diplomatique tendu

Cette manifestation intervient dans un contexte diplomatique particulièrement sensible. En début avril, le gouvernement britannique a suggéré que Donald Trump, ancien président des États-Unis, aurait donné son accord pour la rétrocession des Chagos à Maurice, à l’exception de la base militaire de Diego Garcia. Cette déclaration a ravivé les tensions autour de la souveraineté de l’archipel, occupé depuis les années 1960 par les forces américaines et britanniques.

Les appels à la fermeture de Diego Garcia et à la restitution des Chagos à Maurice ne cessent de croître, alimentés par des préoccupations géopolitiques et un désir de voir l’océan Indien reconnu comme une région de paix, loin des conflits militaires. Cette mobilisation civile mauricienne témoigne d’une volonté ferme de reprendre le contrôle d’un territoire historique et stratégique tout en préservant la stabilité de la région.

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