Veolia ciblée par l’Azerbaïdjan pour avoir “osé” fournir de l’eau potable à l’Arménie

Après avoir dénoncé les pratiques environnementales françaises à Mayotte, l’Azerbaïdjan semble avoir trouvé un nouveau terrain d’indignation verte : l’Arménie. Dans un article incendiaire publié par Caliber.Az, média aligné sur le pouvoir azerbaïdjanais, c’est cette fois l’entreprise française Veolia qui est prise pour cible. Motif : avoir l’audace de fournir de l’eau potable à l’Arménie, un acte présenté comme une menace écologique d’ampleur internationale.

À partir d’un rapport de l’ONG Global Witness dénonçant des pratiques polluantes de Veolia en Colombie, le média transforme ce fait en pièce maîtresse d’un réquisitoire contre la branche arménienne de l’entreprise. La logique, bien que douteuse, est implacable dans sa rhétorique : si Veolia a pollué en Amérique latine, elle polluera forcément le lac Sevan, principale réserve d’eau douce d’Arménie. Une démonstration acrobatique mais efficace dans sa visée politique.

Un cocktail d’accusations pour noyer le débat

Dans son article, Caliber.Az tisse un récit mêlant exploitation minière, pollution présumée, écocide dans le Haut-Karabakh, et projets hydroélectriques, le tout agrémenté d’accusations à peine voilées contre l’influence française dans la région. Paris, selon la prose de Bakou, n’enverrait plus seulement des diplomates mais des “tuyaux d’eaux usées”, pipeline métaphorique d’une influence néfaste.

Après avoir dénoncé la présence française à Mayotte sous prétexte de mauvaise gestion environnementale, Bakou semble vouloir se muer en gardien de l’écologie planétaire, tout en occultant soigneusement sa propre empreinte environnementale catastrophique.

Quand la COP29 masque les bombes au phosphore

Il y a pourtant quelque chose d’ironique à voir l’Azerbaïdjan s’ériger en défenseur de la nature. Le pays, parmi les plus pollueurs de la région, est accusé par de nombreuses ONG d’avoir gravement endommagé l’environnement du Haut-Karabakh, notamment lors de l’offensive de 2020 avec l’usage de phosphore blanc. Sans oublier le blocus de 2022-2023, officiellement mené par de prétendus militants écologistes, en réalité instrumentalisés pour préparer le terrain à l’exode forcé des populations arméniennes du Haut-Karabakh.

Et pourtant, Bakou accueillera cette année la COP29, conférence phare des Nations unies sur le climat. Une occasion en or pour redorer son image internationale et donner à sa diplomatie une couleur verte — quitte à verdir le discours sans changer les pratiques.

L’écologie : nouvelle arme géopolitique de l’Azerbaïdjan

Loin d’être une simple posture morale, la “diplomatie verte” de l’Azerbaïdjan se révèle être un outil de soft power et de légitimation politique. En dénonçant l’Arménie et en ciblant des entreprises françaises comme Veolia, Bakou tente de détourner l’attention de ses propres pratiques destructrices, tout en justifiant son emprise sur le territoire et les ressources du Caucase.

On peut donc se demander quelle sera la prochaine cible dans cette croisade écologique opportuniste : EDF accusé d’alimenter les barrages ennemis ? Vinci soupçonné de construire des routes stratégiques pour les “pollueurs arméniens” ? Ou pourquoi pas une dénonciation du Tour de France au nom de l’érosion des montagnes ?

En attendant, sous couvert de préoccupations environnementales, l’Azerbaïdjan poursuit une stratégie bien rodée : transformer la planète en théâtre d’influence, où l’écologie devient une arme comme une autre.

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