Les Kiribati discutent avec la Chine d’un accord sur l’exploration minière des fonds marins

Une nouvelle étape dans le rapprochement sino-kiribatien.

Les Kiribati, petit État insulaire du Pacifique peuplé de 130 000 habitants, ont annoncé le 17 mars 2025 qu’ils envisageaient une « potentielle collaboration » avec la Chine pour l’exploration de leurs fonds marins riches en minéraux. L’annonce fait suite à des discussions entre le gouvernement kiribatien et l’ambassadeur chinois Zhou Limin, après l’échec d’un accord précédent avec la société canadienne The Metals Company.

Dans un communiqué, le gouvernement a salué une « opportunité intéressante » en vue d’une exploration durable de ses ressources sous-marines, sans pour autant détailler les conditions de cette possible entente.

Des ressources précieuses… et contestées

Les fonds marins du Pacifique renferment des nodules polymétalliques, de petits agrégats contenant des métaux stratégiques comme le manganèse, le cobalt, le cuivre et le nickel – essentiels à la fabrication de batteries électriques et à la transition énergétique. Les Kiribati détiennent des droits d’exploration sur une zone de 75 000 km² en eaux profondes.

Mais cette industrie émergente reste très controversée : les experts environnementaux redoutent des dommages irréversibles sur les écosystèmes marins, souvent mal connus, en raison du manque de données scientifiques et des impacts potentiels de l’extraction sous-marine.

Pékin renforce son ancrage dans le Pacifique

Cette initiative s’inscrit dans une stratégie plus large de la Chine, qui cherche à renforcer son influence diplomatique, économique et militaire dans le Pacifique, souvent au détriment des partenaires historiques de la région, comme les États-Unis, l’Australie ou la Nouvelle-Zélande.

Déjà en février dernier, Pékin a conclu un accord de coopération minière avec les îles Cook, voisines des Kiribati, pour une durée de cinq ans. Ces rapprochements successifs s’inscrivent dans la continuité du revirement diplomatique des Kiribati en 2019, lorsqu’ils ont rompu leurs liens avec Taïwan pour se tourner vers la Chine.

Une opposition locale qui s’inquiète

La perspective d’un accord avec la Chine suscite de vives critiques dans l’opposition kiribatienne. Pour Tessie Lambourne, cheffe de l’opposition :

« La Chine semble chercher à accéder à notre espace maritime pour son propre intérêt. Je dis toujours que notre gouvernement se plie en quatre pour plaire à la Chine. »

Cette déclaration met en lumière les tensions croissantes entre souveraineté nationale, enjeux environnementaux et appétits géopolitiques, dans un contexte où les petits États insulaires du Pacifique deviennent des points stratégiques majeurs.

Une industrie aux risques encore mal connus

Malgré les promesses de retombées économiques, l’extraction minière en haute mer est encore expérimentale. De nombreuses organisations scientifiques et ONG réclament un moratoire mondial, tant que l’impact écologique de ces opérations n’est pas mieux compris. Pour les Kiribati, l’enjeu est de taille : comment bénéficier de leurs ressources naturelles sans compromettre leur biodiversité marine fragile ?

L’éventuel partenariat entre les Kiribati et la Chine pour exploiter les fonds marins pourrait bien redistribuer les cartes économiques et stratégiques dans le Pacifique. Mais il pose aussi la question cruciale de l’équilibre entre développement, souveraineté et protection de l’environnement, dans un contexte mondial de plus en plus polarisé.

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