Plus de 846 000 électeurs gabonais sont attendus ce samedi 12 avril 2025 pour choisir leur prochain président. Une élection qui rime avec plusieurs grandes premières. Depuis 1967, c’est pour la première fois qu’un scrutin présidentiel va se tenir sans un bulletin « Bongo ». Par ailleurs, militaires et magistrats ont désormais la possibilité de prétendre au fauteuil présidentiel à condition d’être mis en disponibilité.
Une série de premières pour un scrutin qui doit ouvrir un nouveau chapitre politique
Ce scrutin du samedi 12 Avril inaugure «plusieurs grandes premières ».
S’il est particulier à travers l’exclusion, pour la première fois, de la « dynastie Bongo » au pouvoir depuis 56 ans, il ouvre également la page d’un changement majeur qui permet aux magistrats et militaires de désormais prétendre à l’investiture suprême à condition d’être mis en disponibilité.
En effet, le texte adopté dans la nuit du 20 au 21 janvier 2025, mouture du code électoral des assises d’avril 2024, permet, dans ses dispositions, aux militaires et aux magistrats de candidater à l’élection présidentielle. Il est vrai que cette disposition prend le contre-pied de l’article 25 de la « Charte sur la démocratie », les élections et la gouvernance de l’Union Africaine. Celui-ci interdit à toute autorité issue d’un coup d’état de «participer aux élections organisée pour la restitution de l’ordre démocratique, d’occuper des postes, des responsabilités, dans les institutions politiques de leur État ».
Dans l’optique de contourner ce verrou, le pays étant sous le coup d’une suspension des instances de l’organisation panafricaine depuis août 2023, le nouveau code électoral dispose que les militaires et magistrats désireux de faire acte de candidature doivent au préalable prendre une mise en disponibilité avant cette échéance. Une révision qui s’est matérialisée par la candidature officielle du général Oligui Nguema à la course présidentielle qui va se dérouler ce samedi 12 avril.
En outre, c’est aussi, pour la première fois depuis 1993 date, de la tenue de la première élection multi-partite, qu’une présidentielle va se tenir sans un candidat du Parti démocratique gabonais ( PDG), l’ex- parti au pouvoir.
Implosé de l’intérieur suite au coup d’État militaire, le PDG s’est vidé de ses membres les plus influents. Certains ayant fait le choix de prendre leurs distances en créant leur propre mouvement politique ou en rejoignant tout simplement le bateau du président de la transition, etd’autres ayant été emprisonnés.
De fait, le parti politique autre fois hégémonique, a connu une chute de popularité, la majorité des gabonais l’associant aux échecs du règne des Bongo. « Il n’y a personne pour incarner l’opposition »
Candidat au scrutin de samedi prochain, Alain Claude Bille-By-Nze affirme que l’élection à dores et déjà été «verrouillée» par le régime en place pour « donner » la victoire au président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema.
Mais pour Bergès Mietté, Professeure à l’Université International de Libreville, le problème est ailleurs. Pour elle, «il n’y a personne pour vraiment incarner l’opposition ». D’après la spécialiste en science politique, « cette élection devrait être très peu disputée », ajoutant qu’il [Brice Clotaire Oligui Nguema] « bénéficie d’un statut de héros national depuis son coup d’état ».
Cette projection est défendue par les fidèles du président de la transition qui aiment rappeler qu’il a donné l’assurance, au sujet des élections, marquant la fin de la transition, qu’elles seraient «libres et transparentes » lors de son message de vœux à la nation gabonaise. Depuis plus d’une semaine, les 8 candidats retenus pour le scrutin présidentiel se déploient pour convaincre les électeurs.
Ce pays dont la population est estimée à 2,3 millions de personnes, pourtant riche en ressources naturelles, est en proie à des problèmes d’inégalités sociales. Selon la Banque mondiale, environ un tiers de la population du Gabon vit sous le seuil de pauvreté.