Vers une reconnaissance de l’État de Palestine par la France – Israël parle, à juste titre, d’une « récompense pour le terrorisme ».

« En juin» prochain, la France pourrait reconnaître l’État de Palestine, a déclaré, ce mercredi 9 avril, Emmanuel Macron, sur « France 5 », une chaîne de télévision française. Une reconnaissance que salue, aujourd’hui, jeudi 10 avril, l’ancienne déléguée générale de Palestine, Leila Shahid mais qui serait « une récompense pour le terrorisme » et « irresponsable » ont estimé le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar et l’ambassadeur de l’état israélien à Paris, Joshua Zarka

Emmanuel Macron a annoncé, ce mercredi 9 avril au soir, que la France pourrait reconnaître un État palestinien en « juin » prochain, à l’occasion d’une conférence qu’elle va présider avec l’Arabie saoudite à New-York (États-Unis d’Amérique). Cette rencontre doit aussi aboutir à la reconnaissance d’Israël par un certain nombre de pays, a souligné le chef de l’État français. « On doit aller vers une reconnaissance et donc dans les prochains mois on ira», a confié M. Macron dans une interview à l’émission « C’est à vous », diffusée sur « France 5 » quelques temps après son retour de l’Égypte.

« Je le ferai parce que je pense qu’à un moment donné ce sera juste et parce je veux aussi participer à une dynamique collective, qui doit permettre aussi à tous ceux qui défendent la Palestine de reconnaître à leur tour Israël, ce que plusieurs d’entre eux ne font pas » a-t-il poursuivi.

« Le président Macron bouge »

« il était grandement temps », réagit, ce jeudi 10 avril, sur « franceinfo », Leila Shahid, déléguée générale de Palestine en France de 1994 à 2005, puis ambassadrice de la Palestine auprès de l’Union Européenne de 2006 à 2015. « Le président Macron bouge, parce que tout le monde réalise que monsieur Trump a perdu la tête », estime Leila Shahid. « Depuis 1996, quand j’étais délégué générale de Palestine, on parle de reconnaître au niveau de l’ Union Européenne l’État de Palestine. C’est d’ailleurs dans les accords d’Oslo, on disait ‘’ au moment opportun’’. Quand est-ce qu’il est opportun quand il y a 50 000 morts ? » s’interroge-t-elle (faisant un raccourci puisque parmi les 50 000 morts déclarés par le mouvement terroriste Hamas, plus de 20 000 sont des membres de cette organisation terroriste islamiste). «Macron a été très bien inspiré d’avoir fait cette déclaration ‘’à partir du Caire » avec le président égyptien Sissi.

Leila Shahid a dénoncé par ailleurs « les mensonges et les fake news des israéliens » qui « sont devenus classiques ». Selon elle, «c’est n’importe quoi de dire que ce sont les Palestiniens ont toujours refusé la reconnaissance de leur État », rappelant que « ce sont les palestiniens qui ont proposé en premier lieu en 1988 la reconnaissance à Oslo. Cene sont pas les israéliens », précise-t-elle (sauf que, une fois encore, elle ment sur l’Histoire puisque Yasser Arafat, après avoir accepté l’accord de création d’un Etat palestien de la part d’Israël, en 2000, qui prévoyait la Cisjordanie comme Etat palestien officiel, il a refusé les accords en question, comme l’a encore rappelé, il y a quelques mois, l’ancien président États-uniens, Bill Clinton, qui était le médiateur, au nom de son pays, de ces accords).

Pour elle la tragédie de Gaza est « telle qu’il faut bouger. Même le président Macron disait ‘’ en temps voulu, on reconnaîtra’’. Maintenant, il ne dit plus ‘’ en temps voulu’’. Il reconnaît que la situation est tellement grave qu’elle va s’étendre dans toute la région » met-elle en garde.

« Une récompense pour le terrorisme »

Mercredi soir, sur son compte « X », en réaction à l’annonce de M. Macron, le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar a estimé qu’« une reconnaissance unilatérale d’un État palestinien fictif, par n’importe quel pays, dans la réalité que nous connaissons tous, sera une récompense pour le terrorisme et un coup de pouce pour le Hamas ». « Ce genre d’actions n’apportera pas la paix, la sécurité et la stabilité dans notre monde, mais l’inverse : elles ne feront que les éloigner davantage » a-t-il prévenu, à juste titre.

« Parler de la création d’un État palestinien, aujourd’hui, quand la guerre continue, est totalement irresponsable », a réagi sur « francinfo » Joshua Zarka, ambassadeur d’Israël en France. Pour le diplomate israélien, c’est « trop tôt». « Parler d’un État palestinien aujourd’hui avant d’avoir créé des conditions qui pourraient mener à la paix, fait exactement l’inverse » assure-t-il.

Près de 150 pays reconnaissent l’État palestinien. En mai 2024, l’Irlande, la Norvège et l’Espagne ont emboîté le pas, suivis par la Slovénie en juin. La solution à deux États reste toutefois rejetée par le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou (ce qui, dans les circonstances actuelles, est logique, mais qui, de sa part, risque fort s’apparenter à un refus « en tout temps », ce qui, par contre, dans un tel cas, ne serait nullement légitime).

Christian Estevez/ Salomon Albert Ntap

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