Un citoyen du Salvador immigré aux États-Unis d’Amérique a été expulsé « par erreur », à reconnu l’administration Trump qui indique n’avoir « plus aucun pouvoir sur son sort ». Ce père de famille de 29 ans est aujourd’hui détenu dans une prison de haute sécurité salvadorienne, connue pour la dureté de ses conditions, après avoir été renvoyé mi-mars avec 250 migrants Vénézuéliens présumé membres de gangs.
Un père de famille âgé de 29 ans a été expulsé « par erreur » des EUA, où il résidait légalement, et envoyé dans une prison de haute sécurité de son pays d’origine, réputée aux conditions très dures. La Cour Suprême, saisie en urgence par l’administration Trump, avait donné raison à une juge fédérale, qui ordonnait de « faciliter » le retour de ce salvadorien établi aux États-Unis d’Amérique. Mais Washington explique qu’il n’a « plus aucun pouvoir sur son sort » puisqu’il se trouve sur le sol salvadorien.
Dans l’impossibilité de réparer « l’erreur »
L’administration Trump avait reconnu en justice que l’expulsion de Kilmar Ábrego Garcia, résultait d’une « erreur administrative », puisqu’un arrêté d’expulsion à son encontre avait été définitivement annulé par un tribunal fédéral en 2019. Mais elle ( l’administration Trump) a affirmé se retrouver dans l’impossibilité de « réparer cette erreur ».
Kilmar Ábrego Garcia, un immigrant salvadorien vivant dans le Maryland ( Est ) et marié à une états-unienne, a été arrêté le 12 mars dernier par des agents de la police de l’immigration. Il a ensuite fait partie des plus de 200 personnes expulsées le 15 mars par l’administration Trump vers le Salvador, la plupart pour appartenance présumée au gang vénézuéliens « Tren de Aragua », déclaré organisation « terroriste » par Washington.
Une juge fédérale, Paula Xinis, a balayé les argumentations de l’administration Trump, affirmant « n’avoir pas vu de preuve de son appartenance (Kilmar Abrego Garcia) à un gang, et exigeant de l’exécutif qu’il « facilite et effectue» son retour sur le sol états-unien. La mesure entrait en vigueur depuis ce 7 avril, à 23h 59.
Seulement, d’après le ministère de la justice états-unienne, la cour fédérale n’a « aucune autorité » pour dicter au président la conduite à suivre en matière de politiques extérieures. Seul le Salvador peut désormais décider de libérer Kilmar Ábrego Garcia, a affirmé le gouvernement états-uniens. Selon son interprétation, « faciliter son retour » reviendrait seulement à ne pas bloquer son arrivée sur le territoire. Hors de question par contre d’affréter un avion pour le rapatrier, comme le demandent ses avocats, qui assurent qu’il est « en danger » dans la prison où il est retenu. Ils rappellent qu’il avait été déclaré « inexpulsable » car subissant des sérieuses menaces de mort de la part de gangs salvadoriens.
Désormais en détention dans son pays d’origine, il se retrouve sous le même toit que certains de ces criminels dénoncent ses avocats. Pour ne rien arranger, l’équipe deDonald Trump s’oppose également à fournir un rapport quotidien et plus détaillé sur la situation de Kilmar Ábrego Garcia, comme l’exige pourtant la juge fédérale.
Bukele assure n’avoir « aucun pouvoir de le renvoyer vers les États-Unis»
Ce lundi 14 avril, le président du Salvador, Nayib Bukele, en visite aux EUA et reçu à la Maison Blanche, a affirmé ne pas avoir «le pouvoir» de renvoyer aux États-Unis d’Amérique, Kilmar Ábrego Garcia. «Comment puis-je le renvoyer aux États-Unis ? Je le fais venir clandestinement aux États-Unis ? Bien entendu, je ne vais pas faire ça. La question est absurde (…) Je n’ai pas le pouvoir de le renvoyer vers les États-Unis ».
Avant que Trump s’adresse aux journalistes dans le bureau ovale, un micro a capté, selon l’AFP, une conversation dans laquelle il conseillait à Bukele de bâtir au moins cinq autres prisons, car « les locaux [home-growns, en anglais, ndlr] sont les prochains ». En point de presse, Trump n’a pas caché qu’il était prêt à envoyer les « Américains » dans les prisons salvadoriennes, s’il s’agit de «criminels violents ».
Un accord qui renforce la position de Nayib Bukele, 43 ans, sur la scène internationale et le place dans une posture de négociations, surtout sur les sujets importants pour le Salvador, jugent plusieurs observateurs.
Crise constitutionnelle en marche ?
Pour plusieurs experts, le manque d’effort de l’administration Trump pour rapatrier Ábrego Garcia va à l’encontre du jugement de la Cour suprême. En agissant ainsi, le président plonge le pays dans une « crise constitutionnelle » arguent-ils. L’administration Trump a ouvertement « affirmé son droit/ pouvoir d’arrêter et d’emprisonner n’importe qui, y compris les dissidents politiques, y compris les citoyens et de les priver de tout recours légal. Si ce n’est pas ça, la crise, alors rien n’en est une » a déclaré Jacob T. Levy, titulaire de la chaire universitaire Richard Tomlinson en théorie politique et en philosophie, de l’Université de McGill à Montréal, Québec au Canada.