New Delhi a dénoncé une «persécution systématique » après l’assassinat, au nord du Bangladesh, d’un dirigeant hindou, Chandra Roy. L’Inde a appelé Dacca à agir pour «protéger» ses minorités
Un assassinat d’un dirigeant hindou a eu lieu au Nord du Bengladesh. Les circonstances de cet assassinat sont inconnues. Pour autant il est venu renforcer, le climat de tension et de défiance déjà palpable entre les deux pays. Le gouvernement de New Delhi a rejeté les parallèles faits par Dacca, avec les violences envers les musulmans sur son propre sol.
Depuis la fuite de Sheikh Hasina en Inde, ancienne première dame du Bangladesh, New Delhi est accusée d’organiser une campagne de dénigrement contre le nouveau gouvernement intérimaire bangladais.
Les deux pays se renvoient la balle sur les questions de persécutions de minorité. A majorité hindou, l’Inde ne cesse d’interpeller Dacca et dénonce « un climat d’insécurité», de l’autre côté de la frontière. De son côté, le gouvernement intérimaire du Bangladesh a appelé New Delhi à «protéger la minorité musulmane», depuis l’adoption d’une loi sur les biens religieux musulman et les récentes violences au Bengale Occidental.
Ces préoccupations étaient au centre des échanges le 4 avril, lors de la première rencontre depuis la chute du gouvernement Hasina au Bangladesh, entre le Premier ministre indien, Narenda Modi et son homologue intérimaire Bangladais, Muhammad Yunus. Malheureusement, aucun engagement concret n’a été pris de part et d’autre, à l’issue de ce tête à tête.
L’arrestation, il y a quelques mois, d’un moine hindou extrémiste à Dacca avait provoqué les étincelles entre les deux pays. New Delhi, vent debout, avait fustigé et dénoncé une «persécution» des hindous dans ce pays à majorité musulmane. Les dirigeants intérimaires au Bangladesh ont assuré que « cela n’a rien à voir».
Pour plusieurs observateurs la colère du Bangladesh s’est accumulée contre l’Inde, accusée d’avoir utilisé Sheikh Hasina comme « marionnette » et de l’héberger alors que beaucoup voudraient la juger pour crimes contre l’Humanité. Les tensions commerciales autour des contrats négociés avec le géant industriel indien « Adani», du temps de Hasina, ou du commerce de poisson, en sont l’illustration.
Le piège est celui d’une «prophétie autoréalisatrice» soulignent plusieurs experts locaux. Si la majorité de Bangladais finissent par associer les hindous avec l’Inde et le régime de Sheikh Hasina, et donc à les « détester», les tensions religieuses pourraient « exploser», affirment-ils.