Alors que les efforts diplomatiques se multiplient pour mettre fin à plus de trois années de guerre en Ukraine, une nouvelle étape devait se jouer ce mercredi à Londres. L’Ukraine, les États-Unis et plusieurs pays européens devaient s’y retrouver pour un nouveau cycle de pourparlers. Mais le rendez-vous a été reporté à la dernière minute, a annoncé le ministère britannique des Affaires étrangères, invoquant une reprogrammation sans fournir de nouvelle date.
Malgré cela, les discussions se poursuivent en coulisses. « Les discussions entre conseillers se poursuivent mais sont fermées aux médias », a précisé le Foreign Office. Ce round de négociations faisait suite à des échanges similaires tenus à Paris la semaine précédente.
Une délégation ukrainienne tout de même présente
Kiev était censée être représentée à Londres par plusieurs hauts responsables : le chef de l’administration présidentielle Andriï Iermak, le ministre de la Défense Roustem Oumerov, et le vice-ministre des Affaires étrangères Andriï Sybiga. Le Royaume-Uni devait accueillir également le général Keith Kellogg, émissaire spécial des États-Unis pour l’Ukraine, et Emmanuel Bonne, conseiller diplomatique d’Emmanuel Macron, au nom de la France.
Bien que la rencontre ministérielle ait été ajournée, Andriï Iermak a confirmé sa présence à Londres ce mercredi avec deux ministres ukrainiens. Il a réaffirmé sur Telegram la volonté de Kiev de continuer à œuvrer pour la paix, précisant que les discussions porteraient notamment sur « les moyens de parvenir à un cessez-le-feu complet et inconditionnel ».
Un cessez-le-feu proposé par Moscou ?
Selon le Financial Times, le président russe Vladimir Poutine aurait récemment proposé un gel des combats sur la ligne de front actuelle, à condition que certaines de ses exigences soient acceptées. Parmi elles : la reconnaissance internationale de l’annexion de la Crimée par la Russie (datant de 2014) et la garantie que l’Ukraine ne rejoindra jamais l’OTAN.
L’émissaire états-unien Steve Witkoff aurait été informé de cette proposition lors d’une rencontre avec les Russes début avril. Il est d’ailleurs attendu cette semaine à Moscou, même si aucune date précise n’a été dévoilée par la Maison Blanche ou le Kremlin.
De leur côté, les États-Unis, sous la présidence de Donald Trump, semblent vouloir accélérer les discussions. Trump a déclaré dimanche espérer un accord « dans la semaine », sans en révéler les détails. Selon des médias états-uniens, le plan envisagé inclurait une reconnaissance informelle du contrôle russe sur la Crimée, mais maintiendrait la souveraineté ukrainienne sur les territoires occupés depuis 2022, malgré leur occupation militaire russe.
Des désaccords majeurs entre alliés
Mais cette approche divise. Kiev et ses alliés européens, notamment la Pologne et les pays baltes, exigent un retour aux frontières d’avant 2014, ce qui inclut la Crimée. Une position qualifiée d’« irréaliste » par le ministre états-unien de la Défense Pete Hegseth en février dernier.
La cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a de son côté critiqué mardi l’approche des États-Unis, affirmant que Washington n’a pas encore utilisé tous les outils diplomatiques et économiques à sa disposition pour faire pression sur Moscou.
Vers des négociations directes ?
Face à cette situation complexe, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a indiqué mardi que l’Ukraine était prête à engager des discussions directes avec la Russie, mais uniquement après l’instauration d’un cessez-le-feu. Cette ouverture fait suite à des signaux de Moscou laissant entendre que Vladimir Poutine serait favorable à la reprise de négociations bilatérales.
Par ailleurs, Zelensky a révélé vouloir s’entretenir avec Donald Trump ce samedi au Vatican, où tous deux assisteront aux obsèques du pape François. Cette rencontre pourrait être décisive pour l’évolution des négociations.
Une fenêtre diplomatique fragile
Pour l’instant, les pourparlers progressent avec prudence. À l’issue de la réunion de Paris, le secrétaire d’État états-unien a rappelé que Washington pourrait se retirer des discussions si elles apparaissaient vouées à l’échec. « Il n’y a pas de calendrier strict, mais nous voulons régler cela rapidement », a déclaré Trump vendredi dernier.
Alors que les combats se poursuivent sur plusieurs fronts et que la Russie a repris ses frappes aériennes, les espoirs d’un cessez-le-feu durable restent minces, mais le climat diplomatique semble évoluer. Les prochaines semaines seront cruciales pour déterminer si la paix est encore envisageable ou si le conflit risque de s’enliser davantage.