Guyane (France – Outre-mer) : Démantèlement d’un vaste réseau logistique d’orpaillage illégal

Des investigations lancées depuis le mois de février ont permis de démanteler le «plus important» réseau logistique d’orpaillage illégal de Guyane a indiqué mardi 22 avril, la gendarmerie locale, dans un communiqué.

Les forces de l’ordre ont annoncé avoir mis la main, au cours d’une opération de dénivellement d’orpaillage illégal, sur une « importante quantité de matériel logistique» constituée de « 8 corps de pompe, 6 moto-pompes, 3 groupes électrogènes, 1 génératrice, 5 moteurs hors-bord, 2 moteurs 4 cylindres, 1 pirogue de 16 mètres, 4 véhicules, 13 téléphones, ainsi que 3 700 litres de carburant. S’y ajoutent 7 tonnes de marchandises destinées aux campements illégaux : vivres, alcool, machettes, cigarettes et catouris», précise la gendarmerie, qui a évalué la masse des saisies à plus de «10 tonnes».

L’opération a aussi abouti à l’interpellation de trois individus de nationalité brésilienne. Une quatrième personne, française cette fois, a aussi été «interpellé le lendemain» de cette enquête, précise le communiqué de la gendarmerie . Dans cette affaire, deux des trois brésiliens arrêtés sont placés en détention provisoire, tandis que le troisième larron a été quand à lui, placé sous contrôle judiciaire.

Cette action d’une grande ampleur «marque un tournant dans la lutte contre l’orpaillage illégal» dans le territoire, se sont satisfaits les forces de l’ordre. Elles avouent que c’est la première fois que les enquêteurs parviennent à « matérialiser l’existence d’une logistique centralisée, planifiée et professionnalisée », visant à soutenir en profondeur « l’économie souterraine» de l’orpaillage clandestin dans l’Est de la Guyane.

La lutte contre l’orpaillage illégal est un « enjeu majeur» dans le territoire, a rappelé la gendarmerie. En cause, ses conséquences « désastreuses» sur «l’environnement, la santé publique, la sécurité des populations et l’économie locale», a rapporté la gendarmerie, ce 22 avril, à l’AFP.

L’orpaillage illégal, un fléau qui empoisonne la Guyane

Une partie de ce territoire d’outre-mer est occupée par la forêt amazonienne. Malheureusement cette dernière décennie, la pratique de l’orpaillage illégal, bien qu’ancienne, s’est fortement accentuée. La Guyane française recèle à la fois de l’or vert et l’or jaune, ce qui constitue un véritable eldorado pour les orpailleurs clandestins appelés «garimpeiros» (en portugais brésilien).

Sur le chemin de « l’or à tout prix », les conséquences sont « nombreuses» a confié à (Vatican News), Pascal Saffache, professeur des universités, enseignant à l’Université des Antilles. Il s’agit, entre autres, « des forêts dévastées, des rivières détruites et la dégradation de la santé des populations de ces zones », a-t-il expliqué.

Des répercussions qui sont aussi d’ordre « sociales et sociétales » avec notamment «la violence, la prostitution, l’insécurité grandissante, le trafic d’alcool et des cas de règlements de comptes réguliers entre groupes rivaux qui se disputent telle ou telle parcelle, plus aurifère», a ajouté monsieur Saffache.

Selon lui, la conséquence « ultime» de cet orpaillage illégal dans cette forêt amazonienne où vivent les américains autochtones Wayana (l’un des six peuples premiers américains vivant en Guyane, sur les rives du fleuve Maroni et de la rivière Tampok), c’est la multiplication des cas d’enfants qui naissent avec « des malformations, des pieds ou des jambes atrophiés, ou alors des retards cognitifs très importants ».

En effet ces peuples autochtones premiers se nourrissent exclusivement des produits du fleuve Maroni et de la rivière Tampok, dans lesquelles les orpailleurs clandestins, «déversent des jets d’eau à très haute pression contenant du mercure», a-t-il renseigné.

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