Des migrants haïtiens menacés d’expulsion se tournent vers le Canada

Des Haïtiens bénéficiant d’un statut temporaire aux États-Unis d’Amérique, sont de plus en plus nombreux à prendre la route du Canada, depuis que l’administration Trump menace de révoquer leur protection. A Montréal, la diaspora haïtienne se mobilisent pour apporter son soutien.

Même si la décision de révoquer le statut des Haïtiens, prise par Donald Trump a été suspendue par la justice, la crainte d’un retour forcé a poussé les principaux concernés à reprendre le chemin de l’exil.

En vingt jours, plus de 2 000 demandeurs d’asile ont franchi la frontière à Saint-Bernard-de-Lacolle, un point d’entrée situé à la frontière sud du Québec avec les États du Maine, du New Hampshire, de New York et du Vermont, a révélé l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC). Ils sont quasiment « quatre fois» plus nombreux qu’en janvier à converger vers ce point de passage au Québec, « la plupart sont Haïtiens», a renseigné l’Agence. Selon sa porte-parole, Jacqueline Roby, plus de 14 013 personnes, pour la plupart des Haïtiens, avaient demandé l’asile jusqu’à la période du 3 avril 2025 .

«Nous venons chercher refuge », dit l’un d’eux. Ils fuient les États-Unis d’Amérique, hantés par la peur d’un retour forcé en Haïti. « On nous a envoyé une lettre. Il fallait quitter les EUA avant le 13 avril. Ça a tellement fait peur.»

La pression monte à Montréal

Cette arrivée massive met sous pression la Maison d’Haïti à Montréal. « Ces dernières semaines, on reçoit à peu près 15 à 20 personnes par jour, ce n’est pas négligeable. On n’a pas de financement Pour les aider », affirme Marjorie Villefranche, sa directrice. Certains Haïtiens déjà établis, comme Peggy Flore, sont dépassés. « J’ai des cousins, cousines qui me demandent de l’aide, mais je peux pas », regrette-t-elle.

L’attente est immense, il subsiste un accord entre Ottawa et Washington au sujet de l’entente sur « les tiers pays sûrs». Seul ceux qui ont de la famille proche, comme des frères et sœurs au Canada peuvent rester. Pour les autres, c’est un retour forcé.

La communauté immigrante haïtienne ne se décourage pas pour autant. À Montréal, elle se prépare à agir. Les « dirigeants communautaires », militants et élus se sont réunis du 11 au 13 avril dernier, dans le cadre du «sommet des Journées internationales de la diaspora haïtienne(JIDH) ». Objectif « discuter» du nombre croissant de demandeurs d’asile haïtiens à la frontière sud du Canada et « exploré» les moyens d’offrir « un soutien coordonné», expliquent les organisateurs.

« Trump veut qu’ils quittent le pays (les EUA). Nombre d’entre eux tenteront de venir au Canada », a déclaré Pierre-Gerald Jean, cofondateur du JIDH. «En tant que communauté, nous avons la responsabilité de réfléchir ensemble à la manière dont nous accueillerons ces personnes ici », confie-t-il.

Jean a souligné au journal en ligne basé à Brooklyn (EUA) « THE HAITIAN TIMES », que la diaspora haïtienne au Canada ne doit pas compter uniquement sur les gouvernements provinciaux pour faire face à cette vague migratoire. Les « Haïtiens ont grandement contribué au Québec et au Canada.

C’est maintenant à notre tour de soutenir ceux qui arrivent d’Haïti », a-t-il affirmé.En marge de ce soutien communautaire, une pétition lancée par le professeur et poète d’origine haïtienne, Barthélemy Bolivar circule, exhortant le Canada à admettre 30 000 demandeurs d’asile haïtiens provenant du «programme de libération conditionnelle humanitaire des États-Unis d’Amérique et d’autres dont les protections TPS sont sur le point de prendre fin.»

La fin d’un programme spécial

Aux EUA, l’administration de Donald Trump a annoncé, fin mars, la clôture d’un programme spécial, mis en place en 2023 par le gouvernement précédent du président Joe Biden. Il permettait aux Cubains, Haïtiens, Nicaraguayens et Vénézuéliens de séjourner aux États-Unis d’Amérique pour deux ans en raison de la situation des droits humains dans leurs pays. 532 000 immigrants sont entrés aux EUA grâce à ce régime. Le 15 avril, une juge fédérale de Boston a empêché l’administration du président états-uniens de révoquer le statut légal des ressortissants de ses pays (Cuba, Haïti, Venezuela, Nicaragua).

Pays le plus pauvre des Amériques, Haïti subit depuis longtemps la violence des bandes criminelles, accusées de meurtres, viols, pillages, et enlèvements, dans un contexte d’instabilité politique. Ce début de semaine, l’ONU a alerté qu’Haïti s’approche du « point de non-retour », appelant la communauté internationale à agir pour empêcher le pays de plonger dans un «chaos total».

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