Contre toute attente, le Parti libéral canadien dirigé par Mark Carney a remporté les élections législatives du 28 avril, selon les projections des médias locaux. Une victoire surprise pour un parti donné perdant en début d’année, affaibli par l’impopularité de l’ancien Premier ministre Justin Trudeau, contraint à la démission en janvier.
Un retournement politique inattendu
Le Parti conservateur, emmené par Pierre Poilievre, était largement favori après dix années de gouvernement libéral. Mais l’irruption sur la scène internationale du président américain Donald Trump, revenu à la Maison Blanche, a rebattu les cartes. Sa posture agressive à l’égard du Canada, marquée par des menaces d’annexion, une guerre commerciale ouverte et des droits de douane punitifs, a radicalement modifié les priorités électorales des Canadiens.
C’est dans ce contexte tendu que Mark Carney, 60 ans, économiste renommé et ancien gouverneur des banques centrales du Canada et du Royaume-Uni, a fait son entrée fracassante en politique. Conseiller de Trudeau dans l’ombre, il a pris la tête du Parti libéral début mars, puis déclenché des élections anticipées avec pour objectif de se doter d’un « mandat fort » face à la menace américaine.
Un vote de confiance dans l’adversité
Les résultats, tombés tard dans la nuit de lundi à mardi, ont confirmé la victoire des libéraux, bien qu’ils devront former un gouvernement minoritaire. Avec environ 43 % des suffrages, contre 42 % pour les conservateurs, ils ne disposent pas de la majorité absolue à la Chambre des communes. Néanmoins, Carney obtient la légitimité politique pour gouverner, fort du soutien du Québec et d’une mobilisation record : plus de 7,3 millions d’électeurs avaient voté par anticipation.
La carte électorale révèle un pays divisé : les conservateurs ont progressé dans l’Ontario et les provinces atlantiques, tandis que le Québec a offert aux libéraux les sièges décisifs. En Colombie-Britannique, les deux grands partis se sont neutralisés.
Un discours d’unité face à la menace Trump
Apparu après 1h du matin dans une salle comble à Ottawa, Mark Carney s’est présenté comme un rassembleur. « Nous allons protéger notre territoire, nos ressources, notre pays », a-t-il lancé. Il a promis de gouverner pour tous les Canadiens, de renforcer la cohésion nationale, et de collaborer avec les provinces, les Premières Nations et les partis d’opposition.
Conscient de l’enjeu historique, il a déclaré :
« Les mois à venir seront difficiles. Ils exigeront des sacrifices. Mais j’ai confiance en vous, j’ai confiance en le Canada. »
Et d’ajouter :
« Les Américains veulent nos ressources, notre eau, notre pays. Le chaos est entré dans nos vies. C’est une tragédie, mais aussi une réalité. »
Face aux mesures économiques hostiles de Washington, Carney a promis de maintenir des droits de douane sur les produits américains tant que les mesures de Trump seront en vigueur. Il a aussi annoncé une stratégie de développement du commerce interprovincial et un renforcement des relations économiques avec l’Europe.
Une défaite amère pour les conservateurs
Malgré leur progression en nombre de sièges par rapport à 2021, les conservateurs de Pierre Poilievre échouent à conquérir le pouvoir. Le chef de l’opposition, souvent comparé à Trump pour son style populiste, a salué la victoire de Carney tout en annonçant :
« Ce sera un grand honneur de continuer à me battre pour vous. Le changement prend parfois du temps. »
Il a aussi promis de soutenir l’unité nationale face aux menaces extérieures, tout en se plaçant déjà en position pour le prochain scrutin.
Le Bloc québécois en recul mais influent
Les libéraux ont ravi une dizaine de sièges au Bloc québécois, qui recule mais conserve une position stratégique. Le chef du Bloc, Yves-François Blanchet, a affirmé que son parti jouera son rôle de « balance du pouvoir » au Parlement.
« Nous imposerons une réalité : le Québec est une nation française, laïque, responsable. »
Il a insisté sur la défense des secteurs économiques et culturels du Québec.
Déroute du NPD, Singh démissionne
Le Nouveau Parti démocratique (NPD), principale formation de gauche, subit une défaite cuisante : seulement 7 sièges et la perte du mandat de son chef, Jagmeet Singh, qui a annoncé sa démission immédiate. Une chute historique qui fragilise davantage les forces progressistes hors Parti libéral.
Conclusion : une victoire fragile mais décisive
Le Canada sort profondément divisé de ces élections. Les libéraux devront gouverner sans majorité, dans un contexte géopolitique explosif marqué par l’hostilité de leur plus proche voisin. Mark Carney incarne désormais l’espoir d’un pays à la recherche de stabilité, de fermeté et d’unité.