L’affaire avait suscité une forte mobilisation et un émoi considérable dans le milieu éducatif. Mais elle prend aujourd’hui une tournure inattendue. Une enseignante du lycée Jean-Monnet, à Libourne (Gironde), a été placée en garde à vue ce mardi 29 avril 2025 pour « dénonciation mensongère », a annoncé le procureur de la République de Libourne, Loïs Raschel.
La professeure est soupçonnée d’avoir inventé de toutes pièces plusieurs lettres de menaces de mort et de viol à caractère raciste, sexiste et même islamophobe (l’enseignante étant musulmane d’origine maghrébine) qu’elle disait avoir reçues entre décembre 2023 et décembre 2024. Trois courriers avaient été signalés : le premier en décembre 2023, retrouvé dans l’établissement ; un deuxième en septembre 2024 ; et un troisième en décembre 2024, glissé sous la porte de sa salle de classe.
Les messages étaient d’une extrême violence. Dans l’un d’eux, il était notamment écrit qu’elle serait « égorgée comme un cochon », tout en menaçant « tous les bougnoules du lycée ». Ces propos avaient suscité l’indignation et une importante mobilisation de ses collègues, qui avaient exercé leur droit de retrait pendant plusieurs jours à chaque épisode. La direction du lycée avait porté plainte, et le rectorat avait rapidement renforcé la sécurité avec des rondes policières régulières, une équipe mobile de sécurité et une cellule d’écoute pour les personnels.
Mais l’enquête judiciaire a pris un tournant décisif. Selon le procureur, « au regard des nouveaux éléments recueillis, une enquête a été ouverte des chefs de dénonciation mensongère à une autorité judiciaire entraînant des recherches inutiles et escroquerie aggravée », confirmant une information du journal « actu.17 ». L’enseignante a été entendue mardi matin par les gendarmes de la brigade de recherches de Libourne.
Si les faits sont avérés, cette affaire risque d’avoir de lourdes conséquences, tant sur le plan judiciaire que moral. Elle soulève également des inquiétudes sur la confiance accordée aux signalements dans un climat déjà tendu pour les personnels de l’Éducation nationale. Mais peut mette également en doute la réalité de l’augmentation affirmée de 72%, par rapport à la même période de 2024, des actes de haine visant spécifiquement les musulmans, en France. Dans l’attente des conclusions de l’enquête, l’enseignante reste présumée innocente.
Didier Maréchal & Christian Estevez