Les Biarrots ont opté pour «l’Allégresse» au terme d’une consultation citoyenne, afin de rebaptiser le nom d’une rue «portant atteinte à la dignité humaine». Avec ce changement, s’achève cinq ans d’imbroglio judiciaire.
À Biarritz suite à un vote du conseil municipal survenu lundi 5 mai, la rue de « La Négresse» a changé de nom et s’appelle désormais rue «de L’Allégresse». Selon les juges, le nom donné à cette rue de la ville balnéaire en 1986, «portait atteinte à la dignité de la personne humaine», ont-ils relevé dans une décision rendue le 6 février.
Pour arriver à ce changement, il aura fallu un affrontement de cinq années entre l’association bordelaise «Mémoires et Partages », qui travaille sur les mémoires de l’esclavage et la ville de Biarritz. La première action intentée par l’association auprès de la Mairie, afin de faire disparaitre ce nom de «Négressse», jugé « raciste et sexiste», date de juin 2020. La demande rejetée avait ouvert la porte à une bataille judiciaire débutée en décembre 2023, par une audience devant le tribunal de la ville de Pau. À nouveau, l’association va connaître un revers, jusqu’au retournement de situation le 6 février dernier. La cour administrative d’appel de Bordeaux lui donne finalement raison, enjoignant à la ville( Biarritz) « d’abroger » deux délibérations litigieuses : l’une de 1986, qui donne nom de baptême «La Négresse » à la rue, et l’autre plus ancienne, de 1861 , supposée avoir baptisé le quartier.
Contrainte par la justice, la ville a officialisé le changement de nom par un vote à bulletin secret du conseil municipal lundi 5 mai . Plusieurs élus ont néanmoins, dénoncé une « capitulation » face à «l’ingérence inédite » de « juges étrangers à notre réalité locale » qui voudraient « effacer l’histoire sans l’expliquer ». « En dépit d’un désaccord sur le fond et la forme, nous devons exécuter cette décision », a tranché la maire.
D’ici le 16 juin, le panneau «rue de la Négresse » sera enlevé et changé. Mais « aucune décision n’oblige» sur le reste de l’espace public, a temporiser Maïder Arosteguy à l’issue du conseil municipal. La maire de la ville a déposé un recours devant le conseil d’État, en espérant que celui-ci rétablisse « la décision de la première instance » rendue par le tribunal administratif de Pau, qui avait rejeté la demande de changement de nom. Ce qui fait dire à plusieurs que cette affaire, n’est peut-être « pas encore close ».
Ce n’est pas du tout la première fois qu’une rue est de baptisée en France. En 2011 déjà, à Paris, la « Rue Richepanse», nommée ainsi en mémoire d’un général chargé de rétablir l’esclavage en Guadeloupe, était devenue la « rue du Chevalier de Saint-Georges», du nom d’un compositeur guadeloupéen né esclave. En 2002 aussi, à Paris toujours, la «rue Alexis Carrel», un grand promoteur du nazisme, avait disparu pour laisser le nom d’un ministre du général De Gaulle. Et depuis 2010, plusieurs villages ont également décidé de débaptiser leurs «rues Philipe Pétain», et ce ne sont là que quelques exemples parmi tant d’autres.