À Jérusalem, un « Sommet populaire pour la paix » réunit des milliers de voix pour un cessez-le-feu et une solution à deux États

Dans un contexte de guerre prolongée et de désespoir croissant face au sort des otages, des milliers de personnes se sont réunies ces jeudi 8 et vendredi 9 mai à Jérusalem pour exiger une solution politique durable au conflit israélo-palestinien.

Organisé au Palais international des Congrès de Jérusalem, le deuxième Sommet populaire pour la paix a rassemblé une coalition large et diversifiée de militants de la paix, de figures politiques, de membres de la société civile, de familles endeuillées et d’activistes issus de la gauche israélienne. L’objectif : obtenir un cessez-le-feu immédiat, la libération des otages encore détenus, et raviver l’espoir d’une solution à deux États.

Un rassemblement sous le signe de la douleur… et de l’espoir

Parmi les prises de parole marquantes, celle de Maoz Inon, dont les parents ont été assassinés par le Hamas lors de l’attaque du 7 octobre 2023. « Au lieu de me venger au nom de mes parents, je veux choisir un avenir différent pour mes enfants », a-t-il déclaré. À ses côtés, Aziz Abu Sarah, Palestinien dont le frère a été tué en prison durant la première Intifada, a appelé à la réconciliation par la mémoire partagée.

Le message du sommet s’est élargi cette année au-delà de la simple demande de cessez-le-feu. Les participants ont été invités à participer à des ateliers visant à « stimuler l’imagination politique », selon l’organisatrice Tami Yakira, en proposant des solutions concrètes au conflit, ce qui manquait, selon elle, lors de la première édition à Tel Aviv l’année précédente.

Une diversité politique fragile

Le sommet s’est distingué par une plus grande diversité idéologique. Pour la première fois, des figures du centre-droit, comme le député Alon Schuster (HaMahane HaMamlahti), ont partagé la scène avec des représentants de la gauche. Schuster a insisté sur la nécessité de garantir la sécurité des citoyens israéliens tout en poursuivant des accords de paix durables :

« La paix est le meilleur garant de la sécurité », a-t-il affirmé.
Mais son discours a suscité des huées lorsqu’il a mentionné Benny Gantz, chef de son parti, sans faire référence explicite à la solution à deux États, provoquant l’irritation d’une partie de la foule.

Une critique virulente de la politique du gouvernement

D’autres intervenants n’ont pas hésité à dénoncer l’annexion progressive de la Cisjordanie, notamment Gilad Kariv et Naama Lazimi, députés du parti travailliste (Avoda), qui ont pris la parole ensemble pour condamner la politique du gouvernement Netanyahu :

« Sous les auspices de cette guerre, la machine à annexer la Cisjordanie s’est mise en marche à un rythme vertigineux et violent », a déclaré Kariv.

Le rôle crucial des citoyens arabes

La dernière intervention, particulièrement marquante, fut celle d’Ayman Odeh, leader de l’alliance Hadash-Taal. Il a mis en garde contre la montée du fascisme en Israël en racontant l’histoire symbolique d’une mère poursuivie par des loups, sacrifiant ses enfants l’un après l’autre, sans jamais satisfaire leur faim.

« C’est exactement ainsi que fonctionne le fascisme. Il poursuit l’opposition, et cette dernière, terrifiée, nous sacrifie tous », a-t-il affirmé.
Odeh a accusé l’opposition anti-Netanyahu d’avoir abandonné le projet de paix avec les Palestiniens, puis renié ses partenaires arabes israéliens.

Il a conclu sur un appel à l’unité judéo-arabe :

« Même pendant cette guerre atroce, les Juifs et les Arabes ont continué à croire les uns dans les autres. Ensemble, nous pouvons encore gagner. »

Ce sommet, tenu dans une atmosphère tendue mais emplie d’espoir, montre que malgré les divisions profondes et les blessures encore ouvertes, une partie de la société israélienne continue de croire en la paix et à une solution politique. Le défi reste immense, mais ces voix dissidentes rappellent que, même en temps de guerre, le dialogue n’est pas mort.

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