Un tournant majeur semble se dessiner dans la guerre commerciale entre les deux premières puissances économiques mondiales. La Chine et les États-Unis ont annoncé ce lundi une suspension temporaire de leurs droits de douane punitifs, mettant en pause une escalade tarifaire inédite initiée par Donald Trump. Cette trêve de 90 jours, décidée lors d’une rencontre à Genève, pourrait marquer le début d’un réchauffement des relations économiques entre Pékin et Washington.

Un accord temporaire, mais symbolique

Selon le représentant américain au Commerce, Jamieson Greer, les deux pays vont profiter de cette période de trois mois pour reprendre les négociations commerciales. La mesure prendra effet le 14 mai. Côté américain, les droits de douane sur les produits chinois passeront de 145 % à 30 %. En réponse, la Chine abaissera les siens de 125 % à 10 %.

L’annonce a immédiatement provoqué des réactions positives sur les marchés : le prix du pétrole et la Bourse de Hong Kong ont bondi de 3 %, tandis que le dollar s’est renforcé face au yen et à l’euro.

La fermeté de Pékin récompensée

Pour de nombreux observateurs, cette suspension confirme l’efficacité de la stratégie chinoise. Depuis le lancement de la guerre commerciale par Donald Trump, Pékin a adopté une posture ferme, répondant coup pour coup aux surtaxes américaines, notamment par des hausses équivalentes de ses propres droits de douane.

« La stratégie de fermeté de la Chine face aux droits de douane de Donald Trump a fonctionné », souligne Elvire Fabry, chercheuse en géopolitique du commerce à l’Institut Jacques Delors. Elle précise que les mesures de rétorsion chinoises ont fragilisé plusieurs secteurs économiques américains, ce qui a pesé dans la balance.

Des négociations cruciales à venir

Si cette suspension est perçue comme une victoire diplomatique pour la Chine, elle reste temporaire. « Ce n’est qu’un début de négociation. À ce stade, on ne peut rien dire sur un éventuel accord global », tempère Fabry. Toutefois, le ton semble avoir changé : la Chine a salué des « progrès substantiels » et appelé à plus de « stabilité dans l’économie mondiale ».

Cette détente survient dans un contexte de tensions croissantes depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, en janvier. Le président américain avait justifié ses surtaxes par le rôle de la Chine dans la crise du fentanyl, un opioïde à l’origine d’une grave crise sanitaire aux États-Unis.

Un calendrier serré

La suspension de 90 jours pourrait permettre d’éviter une nouvelle spirale de surenchères. Si aucun accord durable n’est trouvé d’ici mi-août, le risque d’une reprise brutale de la guerre commerciale reste bien réel. Mais pour l’heure, cette trêve apparaît comme un signe d’apaisement et une première victoire stratégique pour Pékin.

Les yeux du monde resteront braqués sur les prochaines discussions entre les deux géants économiques.