Crise diplomatique entre Paris et Alger : la France bloque l’accréditation de neuf consuls algériens, l’Algérie expulse 15 agents diplomatiques français

Les tensions diplomatiques entre la France et l’Algérie connaissent un nouveau rebondissement. Alors que les relations entre les deux pays sont déjà fragilisées par plusieurs différends récents, un nouvel épisode vient illustrer la profondeur du malaise : la France refuse depuis plus de cinq mois l’accréditation de neuf diplomates algériens, dont deux consuls généraux et sept consuls. En réponse, Alger a décidé d’expulser 15 agents diplomatiques et consulaires français, dénonçant des affectations jugées irrégulières.

Paris bloque les accréditations de neuf consuls algériens

D’après l’Agence de presse algérienne (APS), la France refuse toujours d’accréditer deux consuls généraux nommés pour les postes stratégiques de Paris et Marseille, ainsi que sept autres consuls destinés à différents consulats algériens sur le territoire français. Ces postes restent vacants, alors qu’ils représentent la moitié des 18 consulats d’Algérie en France.

L’APS précise que cette situation perdure depuis plus de cinq mois, et qu’elle intervient dans un contexte de durcissement des mesures françaises à l’égard des représentants officiels algériens. Plusieurs détenteurs de passeports diplomatiques algériens se sont récemment vu refuser l’entrée sur le territoire français.

Alger réagit fermement : expulsion de 15 agents français

Face à cette situation, les autorités algériennes ont décidé de riposter. Le dimanche 11 mai, l’APS a annoncé qu’Alger avait demandé le rapatriement immédiat de 15 agents diplomatiques et consulaires français, dont l’affectation aurait été effectuée en violation des procédures diplomatiques habituelles.

Le chargé d’affaires de l’Ambassade de France à Alger a été convoqué au ministère algérien des Affaires étrangères, où il lui a été demandé de prendre les dispositions nécessaires pour organiser leur départ rapide.

Selon la même source, les affectations des agents français sont jugées irrégulières, car elles n’ont fait l’objet ni de notifications officielles ni de demandes d’accréditation préalables, comme l’exigent les conventions diplomatiques en vigueur entre les deux pays.

Des passeports diplomatiques délivrés pour faciliter l’entrée en Algérie

Toujours selon l’APS, les autorités françaises auraient délivré des passeports diplomatiques à certains de ces agents pour faciliter leur entrée en Algérie, alors qu’ils étaient auparavant titulaires de simples passeports de service. Une manière, selon Alger, de contourner les procédures d’accréditation traditionnelles.

Parmi les personnes concernées figurent deux agents relevant du ministère français de l’Intérieur, censés partiellement remplacer des diplomates français récemment déclarés persona non grata par l’Algérie.

Une crise aux conséquences durables ?

Ce nouvel épisode marque une aggravation des relations franco-algériennes, déjà tendues sur les questions migratoires, mémorielles, et de sécurité. L’absence d’une partie importante des représentants consulaires algériens en France pourrait compliquer les démarches administratives de la diaspora algérienne, tandis que l’expulsion des diplomates français affectera sans doute la coordination bilatérale sur plusieurs dossiers sensibles.

L’Algérie, par ce geste fort, entend visiblement exiger un respect strict des conventions internationales, tout en exprimant sa désapprobation face à ce qu’elle considère comme une attitude unilatérale et méprisante de la part des autorités françaises.

Alors que les deux pays affirment régulièrement leur volonté de maintenir un dialogue « apaisé », cette crise révèle l’ampleur des défis qui pèsent sur cette relation historique mais tourmentée.

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