Pfizergate : la justice européenne épingle la présidente de la commission européenne, Ursula von der Leyen, pour opacité dans la négociation des vaccins avec Pfizer

Un séisme politique secoue Bruxelles. Le Tribunal de l’Union européenne a rendu une décision historique en faveur de la transparence, en désavouant la Commission européenne dans l’affaire du “Pfizergate”, un dossier explosif sur fond de milliards d’euros, de SMS effacés et de négociations opaques entre Ursula von der Leyen et le géant pharmaceutique Pfizer.

Des SMS décisifs… mais introuvables

Tout commence en avril 2021, lorsque le New York Times révèle que la présidente de la Commission européenne aurait personnellement échangé des SMS avec le PDG de Pfizer, Albert Bourla, au sujet d’un contrat colossal de 1,8 milliard de doses de vaccin contre le Covid-19, pour un montant total avoisinant les 36 milliards d’euros.

La journaliste Matina Stevis, du New York Times, demande alors officiellement l’accès à ces échanges, sur la base du règlement européen de 2001 garantissant l’accès du public aux documents de l’Union.

Mais la Commission européenne refuse, affirmant que les SMS sont éphémères, n’ont pas été conservés et ne contiennent pas d’informations substantielles. Une justification jugée légère, voire douteuse, par de nombreux observateurs.

Un jugement sans appel du Tribunal de l’UE

Le Tribunal de l’Union européenne, saisi par la journaliste américaine, a annulé le refus de la Commission et exigé que des explications crédibles soient fournies.

« La Commission ne peut pas se contenter d’affirmer qu’elle ne détient pas les documents demandés », souligne le tribunal. « Elle doit démontrer pourquoi ces documents sont introuvables. »

Les arguments de la Commission, notamment le caractère “non substantiel” des SMS, ont été balayés comme non plausibles. Le tribunal affirme clairement que tout échange ayant un lien avec les activités officielles peut être considéré comme un document public, y compris des SMS.

Un scandale au cœur de l’Union

Cette affaire, baptisée Pfizergate, jette une lumière crue sur les méthodes de gouvernance au sommet de l’Union européenne. Alors que l’achat des vaccins était crucial pour les États membres, les négociations se sont déroulées dans l’opacité la plus totale, sans consultation des parlements nationaux ni transparence sur les prix ou les conditions.

Des plaintes pénales ont été déposées, notamment en Belgique, pour corruption, destruction de documents publics et abus de pouvoir. Si certaines ont été déclarées irrecevables pour l’instant, la pression politique ne cesse de monter, notamment en Pologne, Hongrie, et même au sein du Parlement européen.

Une victoire pour la transparence saluée à l’international

Le New York Times a salué la décision comme « une victoire pour la transparence démocratique », rappelant que les communications dites “éphémères” ne doivent pas échapper au contrôle du public. L’ONG Transparency International a également salué une « mise en garde claire » contre l’attitude de fermeture de la Commission.

La médiatrice européenne, Emily O’Reilly, avait déjà en 2022 critiqué l’attitude de la présidence de la Commission, estimant que les SMS de von der Leyen entraient clairement dans le champ d’application de la loi sur l’accès aux documents.

Une UE sous tension : l’heure des comptes ?

Cette décision pourrait marquer un tournant majeur dans la gouvernance européenne. De plus en plus de voix réclament des règles plus strictes, un archivage systématique des communications officielles, et des enquêtes approfondies sur les responsabilités individuelles dans la gestion des fonds publics pendant la pandémie.

Ursula von der Leyen, désormais affaiblie politiquement, pourrait devoir rendre des comptes dans un contexte où la méfiance des citoyens envers les institutions européennes ne cesse de croître.

Conclusion : l’impératif démocratique

Le Pfizergate dépasse le cadre d’un simple échange de SMS : il pose la question fondamentale de la responsabilité et de la transparence au sommet de l’Union européenne. Quand des milliards d’euros sont en jeu, aucune autorité ne peut échapper à l’obligation de rendre des comptes.

La décision du Tribunal de l’Union européenne est un rappel salutaire : les institutions ne peuvent fonctionner qu’à la lumière de la transparence. L’affaire von der Leyen pourrait bien devenir un symbole de réveil démocratique, dans une Europe en quête de confiance et de légitimité.

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