Australie : Melbourne retire une statue de James Cook, figure controversée de la colonisation

La ville de Melbourne, dans le sud-est de l’Australie, a décidé de ne pas remplacer la statue vandalisée de l’explorateur britannique James Cook, qui avait revendiqué la côte est australienne au nom de la Grande-Bretagne en 1770. Ce monument, régulièrement ciblé par des actes de vandalisme dénonçant l’héritage colonial, suscite depuis plusieurs années un débat national sur la mémoire et la reconnaissance des injustices envers les peuples autochtones.

Une statue devenue symbole de tensions historiques

La statue de granit et de bronze, érigée dans l’un des quartiers centraux de Melbourne, avait été gravement endommagée en janvier dernier par des militants qui y avaient inscrit un message dénonçant la colonisation. En 2020 déjà, des slogans tels que « honte » et « détruire la suprématie blanche » avaient été tagués sur le socle de la statue.

Face à la récurrence de ces dégradations, Stephen Jolly, maire du district de Yarra City, a déclaré que le monument ne serait pas réinstallé. « Je ne suis pas favorable à la démolition des statues de personnalités du passé, même celles qui posent problème, mais il est irréaliste de croire qu’elles ne seront pas vandalisées à nouveau si on les remet en place », a-t-il expliqué dans un communiqué publié mercredi. « Cela va continuer », a-t-il ajouté, soulignant le caractère devenu symbolique de ces gestes contestataires.

Des cibles récurrentes à travers le pays

La statue de Cook à Melbourne n’est pas un cas isolé. À Sydney, début 2025, une autre statue du célèbre navigateur a été vandalisée : recouverte de peinture rouge, elle a également été mutilée, une main et le nez ayant été arrachés, à la veille de l’Australia Day — célébré le 26 janvier, date hautement controversée marquant l’arrivée des colons britanniques à Sydney en 1788.

Ces actes s’inscrivent dans un mouvement plus large de remise en question des figures historiques associées à la colonisation. Pour de nombreux militants et membres des communautés aborigènes, James Cook incarne l’effacement de la présence millénaire des peuples autochtones et le début d’une longue histoire d’expropriations, de violences et de marginalisation.

Une tendance mondiale de relecture du passé colonial

L’affaire de la statue de Cook à Melbourne résonne avec d’autres épisodes similaires dans le monde. Aux États-Unis, plusieurs statues de Christophe Colomb ont été déboulonnées ces dernières années. En Belgique, ce sont celles du roi Léopold II, responsable d’un régime brutal au Congo, qui ont été prises pour cibles. En France, la statue de Jean-Baptiste Colbert à Paris, auteur du Code noir réglementant l’esclavage dans les colonies françaises, a également été vandalisée.

Ces gestes reflètent une volonté croissante de reconsidérer l’espace public et d’y inscrire une mémoire plus inclusive et critique, en particulier vis-à-vis de l’histoire coloniale. En Australie, où les peuples aborigènes continuent de lutter pour la reconnaissance de leurs droits, le retrait de la statue de James Cook illustre l’ampleur de cette contestation et la difficulté à concilier mémoire historique et justice sociale.

Laisser un commentaire