France : les acteurs de l’aide sociale à l’enfance se mobilisent pour demander plus de moyens.

Le Collectif « Les 400 000 », qui réunit les acteurs engagés dans la protection des enfants en danger, s’est rassemblé jeudi 15 mai en France, face aux nombreuses difficultés et au dispositif saturé depuis plusieurs années, pour demander des mesures d’urgence et plus de moyens pour la Protection de l’enfance.

Face entre autres aux placements d’enfants en danger reportés, jeunes majeurs livrés à eux-mêmes, le collectif « Les 40.000 » en référence au nombre estimé d’enfants éligibles à la Protection des pouvoirs publics en France, a appelé à des rassemblements dans sept villes françaises hier jeudi 16 mai, pour demander plus de moyens pour la Protection de l’enfance.

À Paris et Toulouse, travailleurs sociaux, salariés d’associations, jeunes passés par la Protection de l’enfance ont déposé symboliquement jouets et peluches en tas entre deux immenses ours en peluche.

 » C’est un cri d’alarme pour sauver la Protection de l’enfance » a expliqué à Toulouse, Jean-Louis Losson, directeur de l’association Sauvegarde de l’enfance Haute-Occitanie à l’AFP.  » On sent un désengagement de l’État alors qu’on attend un engagement », a-t-il poursuivi, soulignant que les restrictions budgétaires touchant les départements, qui financent cette politique sociale, « ont aggravé et vont aggraver la situation ».

Le désinvestissement massif des collectivités départementales se manifeste tout au long du parcours de l’enfant. Le collectif réclame la mise en œuvre des mesures de protection ordonnée par la justice. Il pointe notamment dans ses quatre mesures les plus urgentes, les listes d’attentes interminables avant déplacement, qui exposent davantage l’enfant à des maltraitances dans son quotidien. À contrario, certains placement pourraient être évités si l’ASE( Aide sociale à l’enfance) avait les moyens de renforcer son soutien aux familles en difficultés.

On estime à 3.300 le nombre de mesures de placement pas appliquées en 2024 selon Pierre-Alain Sarthou, directeur général de Cnape( Confédération Nationale des Associations de Protection de l’Enfant), une fédération de 180 associations, à la tête de ce collectif.

Il demande de renforcer le soutien aux familles, dans le sillage d’un rapport parlementaire sorti en avril détaillant les carences de la Protection de l’enfance. Les problèmes ne sont pas pris assez en amont, conduisant à des interventions plus tardives, à un stade où les maltraitances subies sont plus lourdes, a expliqué à Toulouse Jean-Paul, éducateur près de Béziers (Hérault).

Le collectif demande aussi de « remédier au déclassement des travailleurs sociaux » dont les conditions de travail se détériorent à mesure que leur nombre diminue.  » On a de plus en plus de mal à recruter et à mettre des professionnels devant les enfants », s’est inquiété à Lille Clémence Tristram, directrice d’un service de protection de l’enfance au sein de l’association la « Sauvegarde du. Nord ».

Le collectif réclame enfin,  » un accompagnement des jeunes majeurs sortant de l’Aide sociale à l’enfance ».  » Nous venons d’apprendre que tous les contrats jeunes majeurs s’arrêteront à 19 ans dans notre département », a regretté Valérie Noirault, présente au rassemblement parisien avec quelques centaines de personnes, qui accompagne des jeunes étrangers isolés( MNA, mineurs non accompagnés) en Eure-et-Loir.

En France, le service de protection de l’enfance et de la famille est dévolu aux conseils départementaux. Chacun y alloue le budget qu’il souhaite, donnant lieu à d’énormes disparités d’un territoire à l’autre. Selon une députée du Modem, présidente de la Délégation aux droits des enfants à l’Assemblée nationale, l’investissement peut varier du simple au double.

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