Pérou : Edouardo Arana nommé à la tête du gouvernement, sur fond de colère populaire

La présidente péruvienne, Dina Boluarte, a nommé mercredi son quatrième Premier ministre en moins de trois ans, dans un nouvel épisode de trouble politique pour le pays confronté à la recrudescence de l’insécurité et à l’inefficacité de l’exécutif.

Ancien ministre de la Justice, Eduardo Arana, 59 ans devient le quatrième chef du gouvernement depuis l’arrivée de Boluarte au pouvoir en décembre 2022. Sa nomination annoncée mercredi 15 mai, survient dans un contexte explosif au sein du pays.

Mardi 14 mai, l’allié le plus fidèle de Madame Boluarte, Gustavo Andrianzen, a démissionné pour éviter d’être évincé par le Parlement lors d’un vote de défiance. Son successeur , Edouardo Arana, a prêté serment mercredi. Ce nouveau remaniement qui a aussi touché les ministères de l’intérieur, de l’Économie et des transports est sensé calmer la tension palpable dans le pays.

Avec 2% de popularité, la présidente fait face à une contestation persistante. Son mandat est miné par plusieurs affaires, notamment le  » Rolexgate »( en rapport avec des montres de luxe et bijoux qu’elle n’aurait pas déclarés) ou encore une « rhinoplastie » non déclarée, en violation de la loi, malgré tout, elle cherche à rester en scène .

La prestation de serment du nouveau premier ministre a eu lieu alors que des centaines de commerçants et de travailleurs du secteur des transports sont de nouveau descendus dans la rue ce mercredi, pour manifester contre l’aggravation de la crise sécuritaire dans le pays.

Il s’agit de  » défendre la vie et d’exiger la démission de la présidente Dina Boluarte », à expliqué à l’AFP, Julio Campos, vice-président de l’Alliance nationale des transporteurs.  » Il y a une incapacité de leadership de sa part, elle n’a pas de stratégie pour pourvoir combattre l’insécurité », a-t-il ajouté.

Depuis janvier, 16 chauffeurs de bus ont été tués et plus de 25 attaques ont été perpétrées contre les services de transport public de Lima( la capitale ) et du port voisin de Callao, selon l’Association nationale pour l’intégration des travailleurs du transport( Anitra).

Entre janvier et avril 2025, le pays a enregistré 9.097 plaintes pour extorsion, en hausse par rapport au 7.632 cas recensés sur la même période en 2024.

Les gangs criminels exigent des entreprises de transport des paiements pouvant atteindre 13.500 dollars par mois ( 12 051 environ). Leurs membres n’hésitent pas à tirer sur les véhicules, qu’ils transportent ou non des passagers, lorsqu’elles refusent. Mercredi, il s’agissait de la quatrième manifestation en moins de six mois contre l’extorsion dans tout le pays.

Mme Boluarte est arrivée au pouvoir en décembre 2022 après la destitution de Pedro Castillo, dans un contexte de manifestations violemment réprimées qui ont fait au moins 50 morts. En vertu de la loi péruvienne, le Chef d’État doit obtenir l’approbation du Parlement avant de pouvoir quitter le pays.

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