Le 16 mai 2025, les services d’immigration du Ghana ont mené une vaste opération à Accra, la capitale, arrêtant plus de 2 000 migrants en situation irrégulière, principalement originaires du Burkina Faso, du Togo, du Niger et du Nigeria. Cette action intervient dans un contexte de fortes inquiétudes sécuritaires, sur fond de crise migratoire croissante en Afrique de l’Ouest.(Source : RFI).
Selon Muntaka Mubarak, ministre de l’Intérieur ghanéen, cette opération vise à répondre à la montée de la mendicité organisée dans les rues et à contrer d’éventuelles menaces contre la sécurité nationale. Les migrants interpellés ont été soumis à des contrôles de sécurité et à des examens médicaux pour prévenir tout risque sanitaire ou sécuritaire.
Des migrations forcées par les conflits armés
Pour David Asante Darko, analyste au Ghana Centre for Democratic Development et au West Africa Democracy Solidarity Network, cette hausse des arrivées de migrants est directement liée à la détérioration de la situation sécuritaire dans la région :
« Nous avons récemment remarqué une hausse du nombre d’immigrants en situation irrégulière qui arrivent à Accra. Elle s’explique notamment par l’intensité de l’activité terroriste au Mali, au Burkina Faso et au Niger. »
Face à la violence des groupes djihadistes dans le Sahel, des milliers de personnes fuient leur pays pour chercher refuge au Ghana, considéré comme un pays relativement stable dans la région.
Un dilemme entre humanité et sécurité
Si l’État ghanéen est contraint d’agir pour préserver l’ordre public, les experts insistent sur la nécessité de traiter ces migrants avant tout comme des réfugiés fuyant la guerre.
« La majorité de ces personnes n’ont pas de logement décent, pas de moyens de subsistance, ni de système d’assistance. Ça n’aurait aucun sens de les renvoyer dans leurs pays d’origine », explique David Asante Darko.
Cependant, la peur d’infiltrations terroristes reste une préoccupation majeure.
« Il y a une inquiétude liée à l’arrivée au Ghana d’étrangers de façon irrégulière, qui pourrait aggraver le risque d’infiltration de terroristes. La crainte de voir des terroristes se glisser parmi les réfugiés innocents est bien réelle », alerte-t-il.
Un défi humanitaire et sécuritaire pour le Ghana
Le Ghana se retrouve aujourd’hui à la croisée des chemins : protéger sa population tout en respectant les droits humains des réfugiés. Cette situation reflète les conséquences régionales du terrorisme sahélien, qui dépasse désormais les frontières des pays en conflit.
Le gouvernement ghanéen devra faire preuve de prudence et de solidarité, en renforçant les contrôles tout en mettant en place un système d’accueil digne pour les populations déplacées.