À quelques mois de la sortie très attendue d’Avatar 3 : Fire and Ash, les studios Disney ont annoncé la ressortie en salles, le 1er octobre 2025, du deuxième opus de la franchise, Avatar : La Voie de l’eau. Une manœuvre stratégique à la croisée du marketing et de la diplomatie culturelle, destinée à raviver l’élan d’un univers devenu emblématique de l’industrie cinématographique états-unienne.
Sorti en décembre 2022, La Voie de l’eau avait attiré plus de 14 millions de spectateurs dans les salles, consolidant la saga initiée par James Cameron comme un pilier de la science-fiction contemporaine. Sa nouvelle projection en format grand écran vise à préparer le public mondial à la montée en puissance d’un troisième volet annoncé comme plus sombre, plus politique, et visuellement toujours plus ambitieux.
L’univers d’Avatar, peuplé de créatures hybrides, de tribus indigènes et de paysages marins ou forestiers numériquement sublimes, est loin d’être anodin. Il constitue un vecteur majeur de l’imaginaire états-unien, portant les codes d’un récit colonial inversé : des peuples autochtones luttant contre une exploitation industrielle menée par des envahisseurs humanoïdes.

En ce sens, la saga s’inscrit dans une longue tradition hollywoodienne où l’écologie, la spiritualité et la technologie se conjuguent dans un prisme idéologique subtil, mais efficace. Il ne s’agit pas uniquement de divertissement, mais d’une projection culturelle global façonnée par les puissances du cinéma états-unien.
Avatar 3, dont la sortie est prévue pour le 17 décembre 2025, introduira une nouvelle faction : les « Wind Traders », des nomades marchands inspirés par les caravanes de la Route de la Soie et des épices. Ce choix narratif souligne une volonté d’ancrage historique indirect, où les réseaux d’échanges médiévaux rencontrent l’esthétique numérique du XXIe siècle.
Le film explorera également les suites émotionnelles de la mort de Neteyam, le fils de Neytiri (Zoe Saldaña), dans un contexte familial et politique tendu. De nouveaux personnages feront leur apparition, notamment Varang, cheffe du redoutable clan Ash, incarnée par Oona Chaplin (petite-fille de Charlie Chaplin), ainsi que les acteurs Michelle Yeoh et David Thewlis.
La ressortie en salle de La Voie de l’eau ne relève pas d’un simple hommage. Elle s’inscrit dans une stratégie éprouvée de « recycling cinématographique », pratiquée avec succès lors de la reprogrammation du premier Avatar avant sa suite, ou encore pour d’autres franchises majeures comme Titanic ou Star Wars.
Dans un marché du cinéma affaibli par la fragmentation des publics entre plateformes de streaming, jeux vidéo et réseaux sociaux, Disney tente de réaffirmer la centralité de la salle de cinéma comme expérience immersive et communautaire. Il s’agit aussi de reconquérir les marchés internationaux, notamment en Asie, en Europe et en Afrique, où les enjeux de réception culturelle diffèrent considérablement.
Alors que les superproductions peinent à retrouver leurs niveaux de fréquentation d’avant la pandémie, Avatar 3 : Fire and Ash s’avance comme un test grandeur nature pour l’industrie cinématographique mondialisée. L’intérêt ne réside pas seulement dans les effets spéciaux ou les performances d’acteurs, mais dans la capacité du film à réconcilier le récit épique avec des préoccupations contemporaines : écologie, spiritualité, mémoire collective, résistance.
En repositionnant La Voie de l’eau dans les salles, Disney ne se contente pas de faire œuvre de mémoire : il balise un terrain d’attente et d’adhésion, dans une époque saturée d’images, mais en quête de mythes structurants.