Chiquita Brands, filiale au Panama du géant américain de la banane va licencier tout son personnel restant, soit 1.600 personnes, après plus d’un mois de grève contre une réforme des retraites, a annoncé lundi le gouvernement de Panama City.
La société a informé le gouvernement qu’elle licencierait le reste de ses employés cette semaine, a déclaré lundi la ministre panaméenne du Travail, Jackeline Muñoz, lors d’une conférence de presse. En mai, Chiquita Panama avait déjà annoncé le licenciement de tous ses travailleurs journaliers pour «abandon injustifié du travail» et la cessation de son activité dans son centre de production de Changuinola, dans la province caribéenne de Bocas del Toro, à la frontière avec le Costa Rica.
C’est un coup très dur» pour l’emploi, a reconnu la ministre du travail du Panama, « On nous présente une demande d’autorisation de licenciement pour plus de 1600 employés, il ne reste plus un seul travailleur sur l’ensemble du personnel de l’entreprise», a déclaré Mme Muñoz, qui s’est rendue avec d’autres ministres dans la province pour négocier la fin de la grève.
Grève “illégale”
Selon Chiquita, le mouvement social, né de la contestation de la réforme des retraites adoptée par le Congrès, a conduit à au moins 75 millions de dollars de pertes et au blocage de plusieurs routes de cette région touristique. Les syndicats demandent le rétablissement d’un règlement antérieur lequel, selon eux, leur assurait de meilleures pensions et de meilleurs services de santé. Après avoir négocié avec les syndicats, le gouvernement de droite de José Raúl Mulino a accepté d’élaborer un projet de loi pour rétablir les avantages sociaux des employés des plantations de bananes. Il conditionne toutefois son examen au Parlement à la réouverture des routes, ce que les syndicats refusent tant que le texte n’est pas approuvé.
En 2007, Chiquita avait plaidé coupable devant un tribunal fédéral états-unien d’avoir versé de l’argent aux AUC pendant six ans, arguant avoir agi ainsi pour éviter des violences contre son personnel et ses installations en Colombie.
Ce soutien « prolongé , régulier et substantiel », selon le ministère de la Justice des EUA, constituait un crime fédéral, s’agissant d’une organisation considérée comme terroriste par Washington. Le groupe avait accepté de payer une amende pénale de 25 millions de dollars.
Deux millions de dollars versés aux paramilitaires
Les huit plaignants du procès civil en Floride accusaient le groupe agro-alimentaire d’avoir versé près de deux millions de dollars aux AUC et de les avoir aidés à transporter des armes et de la drogue. Le jury a accepté l’argument selon lequel cet argent a été utilisé pour commettre des crimes de guerre tels que des homicides, des enlèvements, des extorsions, des tortures et des disparitions forcées. » Ce verdict envoie un message fort aux entreprises du monde entier : celles qui profitent des violations des droits humains ne demeureront pas impunies », s’est félicité pour sa part Marco Simons, juriste chez l’organisation non-gouvernementale EarthRights International qui assiste les plaignants.
La branche panaméenne de Chiquita avait déjà licencié ses salariés journaliers en mai. Cette fois, ce sont tous les travailleurs restants qui vont être renvoyés à cause d’un mouvement de grève qui dure depuis plus d’un mois. Soit environ 7.000 personnes en tout. Au-delà des seuls travailleurs du secteur de la banane, le gouvernement de droite est confronté à une grève des travailleurs de la construction. Des enseignants des écoles publiques ont également observé des arrêts de travail.