Corée du Sud : le procès du président Lee Jae-myung suspendu en raison de son immunité présidentielle

La Cour centrale du district de Séoul a annoncé ce mardi 17 juin 2025 le report du procès de Lee Jae-myung, président nouvellement élu de la Corée du Sud, dans l’affaire de corruption liée aux projets immobiliers de Daejang-dong. Cette décision fait suite à un précédent jugement rendu la veille par la Haute Cour de Séoul, qui avait déjà suspendu une autre procédure judiciaire contre le chef de l’État, invoquant son immunité présidentielle.

Une suspension fondée sur la Constitution

Selon la Cour centrale, la prochaine audience dans cette affaire est reportée à une date indéterminée, en vertu de l’article 84 de la Constitution sud-coréenne. Cet article stipule qu’un président en exercice ne peut faire l’objet de poursuites pénales, sauf en cas d’insurrection ou de trahison. Cette disposition vise à préserver la stabilité de l’exécutif durant le mandat présidentiel.

La Haute Cour de Séoul avait elle aussi utilisé ce même fondement constitutionnel pour suspendre lundi un autre procès visant Lee Jae-myung, cette fois pour violation présumée de la loi électorale.

Des accusations de corruption lourdes

Lee Jae-myung fait l’objet d’une série d’accusations depuis 2023, avant son élection à la présidence. L’affaire de Daejang-dong, ainsi que celle de Wirye, concerne des projets de développement urbain à Seongnam, ville où Lee fut auparavant maire. Il est soupçonné de manquement au devoir, de conflit d’intérêts, de corruption impliquant des tiers, et de liens douteux avec la gestion d’un club de football local.

Ces dossiers, très médiatisés, ont empoisonné la vie politique sud-coréenne ces dernières années et cristallisé les tensions entre les camps conservateur et progressiste.

Une ascension présidentielle controversée

Lee Jae-myung a été élu président le 3 juin 2025, à la suite de la destitution de son prédécesseur, Yoon Suk Yeol. Ce dernier a été évincé par l’Assemblée nationale après avoir tenté d’imposer la loi martiale en décembre 2024, une décision perçue comme une dérive autoritaire majeure.

L’accession au pouvoir de Lee, dans un contexte d’instabilité institutionnelle, n’a pas apaisé les débats. Bien que ses soutiens saluent son engagement en faveur de la justice sociale et de la régulation économique, ses opposants dénoncent un passé judiciaire lourd et une instrumentalisation du pouvoir pour échapper à la justice.

Une pause judiciaire… temporaire ?

Tant que Lee Jae-myung demeure en fonction, les procédures pénales contre lui resteront gelées. Toutefois, cette immunité ne constitue pas une annulation des charges : les poursuites pourront reprendre une fois son mandat achevé. D’ici là, la justice sud-coréenne devra patienter — et la population, rester attentive aux suites de cette affaire qui pourrait ressurgir avec fracas à la fin de la présidence Lee.

En Corée du Sud, où plusieurs anciens chefs d’État ont été poursuivis, voire incarcérés après leur mandat, l’ombre de la justice plane toujours sur les plus hauts sommets du pouvoir.

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