Argentine: la réforme de la police présentée par Javier Milei inquiète beaucoup les ONG locales

En Argentine, le président de la République, Javier Milei, a présenté, le mardi 17 juin, une réforme de la police aux accents toujours plus sécuritaires et qui inquiète les ONG locales dans un contexte de fortes contestations sociales contre les réformes économiques du gouvernement.

Sans débat parlementaire ni consultation institutionnelle, le président argentin Javier Milei a signé un décret qui transforme profondément les prérogatives de la police fédérale. Celle-ci pourra désormais arrêter, détenir ou surveiller des individus sans autorisation de la justice. Inspirée des modèles israélien et américain, cette réforme suscite l’inquiétude des milieux juridiques et de l’opposition, qui y voient un tournant autoritaire dangereux. Dans un pays déjà marqué par la violence institutionnelle et les détentions arbitraires, cette décision pourrait fragiliser encore davantage l’État de droit, alertent certaines ONG locales.

L’Argentine bascule-t-elle dans une logique de surveillance sans contrôle ? Le décret présidentiel 383/2025, signé le 17 juin par Javier Milei et sa ministre de la Sécurité Patricia Bullrich, autorise désormais la police fédérale à agir sans l’aval de la justice. Arrestations préventives, perquisitions, fichage de suspects, cyberpatrouille sur les réseaux sociaux  : autant de mesures qui échappent à tout cadre judiciaire. Une « modernisation » du dispositif sécuritaire, selon le gouvernement, alignée sur les pratiques du FBI américain et des unités israéliennes.

Ces prérogatives élargies alarment Paola Garcia Rey, la directrice adjointe d’Amnesty international dans le pays.

«Nous sommes inquiets que des agents puissent mener des activités d’espionnage, ou procéder à des arrestations sans mandat judiciaire. Ce décret n’est pas clair et pourrait ouvrir la voie à la criminalisation d’organisations, à la répression des manifestations, et à la surveillance numérique des réseaux sociaux », estime-t-elle. 

Coupes budgétaires, limitation du droit de grève, remise en cause de l’accès à l’avortement… La politique de Javier Milei est contestée en Argentine où les manifestations sont réprimées violemment et c’est dans ce contexte qu’est présentée cette réforme de la police.

« Ce type de mesures, de plus en plus répressives, ne sont pas des faits isolés. Elles s’inscrivent dans un cadre plus large d’offensive contre les droits humains. Nous sommes témoins d’un rétrécissement de l’espace civique qui engendre un effet de censure, d’intimidation et d’inhibition des voix dissidentes », dénonce la directrice adjointe d’Amnesty international en Argentine.

Paola Garcia Rey reconnait la nécessité d’une réforme des forces de sécurité en Argentine, confrontées par exemple à l’augmentation des crimes liés au narcotrafic. Elle regrette néanmoins que celle-ci s’affranchisse d’un débat ouvert et transparent au sein des institutions et puisse menacer toujours un peu plus les libertés individuelles. 

Même son de cloche pour l’ONG «Coordination contre la répression policière et institutionnelle» (Correpi), pour qui le décret représente «l’anéantissement des libertés démocratiques, des droits et des garanties historiques du peuple argentin».

En cas de non-respect, le décret prévoit des sanctions et diverses amendes. « Ce texte tente de supprimer d’un trait de plume le droit de grève en Argentine » s’est émue la CGT de la troisième économie d’Amérique du Sud. 

Il faut dire que cette mesure intervient alors que les tensions sociales s’intensifient. Depuis l’arrivée au pouvoir de Javier Milei fin 2023, le pays a connu trois grèves générales pour protester contre des réformes jugées ultralibérales par les syndicats et des coupes budgétaires massives dans tous les secteurs d’activité

En mai dernier la dernière nouveauté de la « thérapie de choc » promise par  Javier Milel s’est articulée par la promulguation d’un projet de loi limitant le droit de grève. Depuis lors les transports, l’éducation, les télécommunications ou encore l’administration fiscale font leur entrée dans les secteurs dits « essentiels ». Qui dit « essentiel » dit service minimum, comme c’était le cas jusqu’à présent pour les hôpitaux ou l’énergie.

Désormais donc, en cas de grève dans ces nouveaux domaines, un service minimum entre 50 et 75% devra être assuré rendant de facto les débrayages plus compliqués et les futures mobilisations sociales moins paralysantes. 

En cas de non-respect, le décret prévoit des sanctions et diverses amendes. « Ce texte tente de supprimer d’un trait de plume le droit de grève en Argentine » s’est émue la CGT de la troisième économie d’Amérique du Sud. 

Il faut dire que cette mesure intervient alors que les tensions sociales s’intensifient. Depuis l’arrivée au pouvoir de Javier Milei fin 2023, le pays a connu trois grèves générales pour protester contre des réformes jugées ultralibérales par les syndicats et des coupes budgétaires massives dans tous les secteurs d’activité.

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