RDC–Rwanda : un accord de paix historique signé à Washington sous l’égide des États-Unis

Un tournant majeur dans l’histoire récente des Grands Lacs africains. Ce vendredi, la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda ont signé un accord de paix à Washington, visant à mettre un terme à des décennies de violences et à stabiliser la région orientale de la RDC. L’accord a été conclu sous la médiation directe des États-Unis, avec le Qatar en soutien diplomatique.

Un accord attendu, dans un contexte de conflit prolongé

Depuis la reprise des combats en 2021 dans l’est de la RDC, le groupe armé M23, accusé par l’ONU et Washington d’être soutenu militairement par le Rwanda, a conquis plusieurs grandes villes, notamment Goma en janvier 2025 et Bukavu en février. Ces offensives ont causé des milliers de morts et le déplacement de centaines de milliers de civils, aggravant une crise humanitaire déjà chronique.

Malgré de multiples tentatives de cessez-le-feu ces dernières années, les hostilités n’avaient jamais totalement cessé. L’accord signé ce 27 juin marque donc la première avancée diplomatique majeure depuis des décennies.

Les grandes lignes de l’accord de paix

Signé à Washington, en présence du secrétaire d’État américain Marco Rubio, de la ministre congolaise des Affaires étrangères Thérèse Kayikwamba Wagner, et de son homologue rwandais Olivier Nduhungirehe, l’accord repose sur :
• Le respect de l’intégrité territoriale des États.
• L’arrêt des hostilités dans l’est de la RDC.
• La fin du soutien étatique aux groupes armés tels que les FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda) et autres milices.
• Le désengagement, le désarmement et l’intégration conditionnelle des groupes armés non étatiques.
• La création d’un mécanisme conjoint de coordination sécuritaire entre la RDC et le Rwanda.

Bien que le texte ne mentionne pas directement le M23, les autorités américaines ont précisé que des discussions parallèles entre le gouvernement congolais et le M23 ont été menées par le Qatar.

Le rôle clé des États-Unis et du Qatar

Le président américain Donald Trump, qui s’est félicité de cette avancée, a déclaré :

« Ils se sont battus pendant des années. Et il y avait des machettes. C’était violent. Et aujourd’hui, nous signons un traité de paix. Pour la première fois depuis de nombreuses années, ils vont connaître la paix. C’est une grande affaire. »

Le conseiller du président Trump pour l’Afrique, Massad Boulos, a souligné que le Rwanda s’était engagé à lever ses mesures défensives, sans qu’il ne soit besoin de mentionner explicitement le M23 dans le document final.

Du côté qatari, Doha a joué un rôle central en accueillant en mars dernier les présidents Paul Kagame (Rwanda) et Félix Tshisekedi (RDC) dans le cadre de discussions discrètes. Une source diplomatique a précisé que si les États-Unis ont négocié avec les gouvernements, le Qatar s’est chargé de faciliter le dialogue entre le gouvernement congolais et le M23.

Réactions internationales et implications régionales

Les réactions diplomatiques n’ont pas tardé :
• Emmanuel Macron, président français, a salué sur X « un pas en avant historique » et adressé « un message d’espoir aux Congolais et aux Rwandais ».
• Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, a jugé que l’accord représentait « une étape importante vers la désescalade, la paix et la stabilité dans l’est de la RDC et dans la région des Grands Lacs », appelant au respect total des engagements pris.

Des enjeux géopolitiques et économiques majeurs

L’est de la RDC, riche en minerais stratégiques comme le cobalt et le coltan, est au cœur de nombreux intérêts économiques. La RDC détient environ 60 % des réserves mondiales de coltan, indispensable à l’industrie électronique. Le pays est aussi le premier producteur mondial de cobalt, ce qui attire une attention croissante des puissances étrangères, notamment les États-Unis.

Peu de détails ont filtré sur le volet économique de l’accord, mais en avril dernier, le président Félix Tshisekedi avait évoqué un projet d’accord minier avec Massad Boulos, lors de sa visite à Kinshasa. Cette dimension économique reste étroitement liée aux questions sécuritaires dans la région.

Une paix encore fragile, mais un espoir réel

Malgré la portée symbolique forte, plusieurs responsables ont rappelé que cet accord n’est qu’un début. La ministre congolaise des Affaires étrangères a ainsi déclaré que « ce n’est que le début, pas la fin », en insistant sur la nécessité d’un suivi strict et d’une mise en œuvre rigoureuse.

La suite dépendra de la capacité des parties à honorer leurs engagements, à neutraliser les groupes armés et à répondre aux besoins humanitaires pressants.

Les présidents Kagame et Tshisekedi pourraient être reçus ensemble à la Maison Blanche en juillet, pour consolider la dynamique diplomatique enclenchée.

L’accord de paix entre la RDC et le Rwanda, signé à Washington avec la médiation des États-Unis et le soutien du Qatar, marque une étape majeure dans la quête de stabilité dans la région des Grands Lacs. Si les défis à venir sont considérables, l’engagement mutuel à la désescalade et au dialogue représente une opportunité inédite pour tourner la page de plusieurs décennies de conflit. Le monde attend désormais de voir si cette paix, souvent promise, sera enfin durable.

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