Le Pérou fait aujourd’hui face à une période douloureuse de son histoire. La Cour interaméricaine des Droits de l’Homme juge en ce moment si le Pérou a stérilisé de force des femmes issus des minorités les plus pauvres du pays dans les années 90, lors de la présidence d’Alberto Fujimori.
La Cour interaméricaine des droits de l’homme étudie des nombreux cas qui ont subi notamment des ligatures des trompes en 1997. Les victimes de cette politique de santé publique espèrent que l’État sera condamné,
Les victimes attendent ce moment depuis plus de 20 ans. Esperanza est l’une d’elles. En 1996, cette Péruvienne venait d’accoucher de son deuxième enfant quand des médecins ont débarqué chez elle : « Ils m’ont emmenée de force dans une ambulance. Et je n’étais pas la seule, on était plusieurs femmes entassées comme des animaux. On nous a emmenées à l’hôpital, puis en salle d’opération. Et après, je ne me souviens plus de rien », a-t-elle souligné à un média local.
Comme elle, plus de 300 000 femmes ont été stérilisées, souvent de force et dans des conditions sanitaires précaires. Certaines en sont mortes, les autres subissent aujourd’hui encore de nombreuses séquelles. La plupart étaient issues de milieux défavorisés, parlaient le quechua et vivaient dans des zones rurales. Elles ont été victimes de la politique de planification familiale mise en place dans les années 90 par le président Alberto Fujimori au nom de la lutte contre la pauvreté.
Lors de l’audience du procès qui s’est tenue de manière virtuelle lundi 1er mars, le ministère public a présenté les charges qui pèsent contre l’ancien président et trois de ses ministres, accusés de violation des droits de l’homme. Si le juge estime qu’il existe suffisamment d’éléments, un procès sera ouvert au pénal.Maria Elena Carbajal, présidente de l’association des victimes, se réjouit que le processus judiciaire ait enfin débuté : « C’est un soulagement, parce que ce dossier a été archivé à plusieurs reprises et depuis sa réouverture en 2018 le début du procès a été constamment repoussé. Mais on a confiance en la justice qui certes a tardé, mais finit par arriver ».
Car c’est la première fois que le Pérou fait face à la Cour interaméricaine des droits de l’Homme pour les cas de stérilisation forcée lorsqu’Alberto Fujimori dirigeait le pays, lui qui a déjà été condamné pour crimes contre l’Humanité, et qui est décédé l’an dernier.